
Gallimard, Portraits pour un siècle : le colossal catalogue des éditions Gallimard

Gallimard, Portraits pour un siècle : entre auteurs, éditeurs et critiques littéraires
Gallimard, Portraits pour un siècle de vie commune
L'un des fondements de la maison d'édition Gallimard ? Cultiver les liens étroits qui unissent écrivains, éditeurs et critiques littéraires. Chacun doit pouvoir s'illustrer dans chacune de ces voies, complémentaires. Il n'y a pas les éditeurs d'un côté, les auteurs de l'autre, et encore ailleurs, les critiques, les lecteurs et les relecteurs. Accorder aux auteurs de confiance (ne sont-ils pas les mieux placés, finalement ?) l'une de ces missions transverses (dans l'édition, le journalisme, les comités de lecture) est sans doute l'idée qui, en partie, a assuré à Gallimard le succès qu'on lui connaît.
Les pièces présentées par les commissaires de l'exposition Gallimard, Portraits pour un siècle racontent des histoires d'amitié qui naissent et se dénouent, de tensions tantôt larvées tantôt éclatantes, d'amertume et de reconnaissance, de prises de position politiques (surtout en temps de guerre) et de conflits d'opinions. Toute une vie, en somme, au sein d'un microcosme passionnant, le milieu l'édition.
Gallimard, Portraits pour un siècle envers et contre tout

« Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d’autres plus récents; peut-être parce que, de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s’était désagrégé; les formes — et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot — s’étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d’expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir. » (extrait choisi, Du Côté de chez Swann)
Évidemment, la maison Gallimard ne tarde pas à s'en mordre les doigts. Tandis que le livre paraît à compte d'auteur chez Grasset, André Gide s'empresse de plaider coupable en écrivant à Marcel Proust qu'en refusant son manuscrit, il a commis la plus grave erreur de la NRF. Si Marcel Proust finit par rentrer dans le giron de Gallimard qui rachète les stocks de son livre et publie la suite de La Recherche, André Gide aura quant à lui beaucoup de mal à digérer cette grosse boulette, et pour cause !...
Du côté de chez Swann, c'est ici sur wikisource.
A l'ombre des Jeunes filles en fleurs (publié dans la collection NRF de Gallimard, prix Goncourt en 1919), c'est ici sur wikisource.
Gallimard, Portraits pour un siècle : l'exceptionnel fond photographique de l'agence Roger-Viollet
Classés par ordre chronologique, une soixantaine de portraits d'auteurs publiés chez Gallimard tapissent les murs. Issus des collections photographiques de l’agence Roger-Viollet et de ses partenaires, ils donnent à l'exposition Gallimard, Portraits pour un siècle une dimension tant humaine qu'historique. Quel bonheur de découvrir Ernest Hemingway dans une fausse partie de pêche, Simone de Beauvoir, espiègle, les bras croisés dans son manteau rouge (c'est elle qui fait l'affiche de l'exposition), Marguerite Yourcenar , rêveuse, sur un banc du parc du Luxembourg, le ténébreux Jack Kerouac en chemise de bûcheron, Céline et ses chiens, en vieil ermite déguenillé, Raymond Queneau sur la plateforme d'un autobus avec deux des Frères Jacques, célèbre quatuor vocal de l'après-guerre, André Gide en bonnet et en robe de chambre, Marguerite Duras à son bureau, devant sa machine à écrire !... L’agence Roger-Viollet étant à la tête d'une collection de près de six millions de clichés pris sur plus d'un siècle, léguée en 1985 à la Ville de Paris, il n'est pas difficile d'imaginer la richesse de son fond littéraire. Et si l'on déplore la vacuité des commentaires d’Alain Jaubert, plus descriptifs qu'instructifs, quelques uns, par chance, éclairent les clichés en pointant tantôt une anecdote, tantôt une citation clef, tantôt l'événement phare de la vie d'un auteur.
Auteur : Cécile Duclos
Informations pratiques
Exposition Gallimard, Portraits pour un siècle
Galerie des bibliothèques, Ville de Paris
Adresse : 22, rue Malher Paris 4ème, Métro : Saint-Paul
Horaires : du mardi au dimanche 13h – 19h, nocturne les jeudis jusqu’à 21h, fermeture le lundi
Tarifs : 6 €, tarif réduit : 4 €, demi tarif : 3 € (Gratuité pour les jeunes de moins de 14 ans)
Commissaires de l'exposition : Alban Cerisier, directeur des fonds patrimoniaux, Éditions Gallimard ; Delphine Desveaux, co-commissaire photo pour les collections Roger-Viollet.
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Le Catalogue de l'expo: Portraits pour un siècle - Cent écrivains, Gallimard/Roger Viollet, préface d’Alain Jaubert, textes choisis par Brigitte Besse. |

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