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Le saviez-vous ? Pas moins d'un millier de jouets ont été rassemblés à l'occasion de l'exposition la plus curieuse de l'automne-hiver 2011-2012, qui se tient pour quelques jours encore au Grand Palais, Des jouets et des hommes. Et si l'on songe au célèbre roman de John Steinbeck, Des souris et des hommes, en franchissant le seuil de l'édifice, on oublie bien vite les histoires de souris face à la myriade d'ours et autres figurines à poils !
L’Art s'amuse au Grand Palais : Des jouets et des hommes
« Le joujou est la première initiation à l’art » (Charles Baudelaire)

Un Barbie foot au Grand Palais ? Des jouets et des hommes... et des femmes
« L'homme véritable veut deux choses : le danger et le jeu. C'est pourquoi il veut la femme, le jouet le plus dangereux. » (Friedrich Nietzsche)
Les différentes salles présentent les jouets, à la fois dans leur catégorie (peluches, voitures, filles, soldats, garçons…) et par ordre chronologique. On y apprend qu’à l’Antiquité, le jouet était un don que l’enfant ne conservait que pendant son enfance, justement. Et que dès l’entrée dans l’âge adulte, et comme pour bien distinguer les deux âges, il fallait « renoncer » à son ou ses jouets. Le jouet était strictement associé au monde de l’enfance et non à celui de l’adulte, ce qui est bien moins clair à l’heure actuelle. Le public de l’exposition du Grand Palais, Des jouets et des hommes, en est d’ailleurs une belle illustration : principalement des enfants issus des années 70 et 80 (la fameuse génération adulescente), ceux-là même qui collectionnent les figurines d’E.T., Star Wars, Goldorak, Albator et autres peluches popples-Bisounours et poupées Candy. Ils sont là, à errer de salle en salle et à s’extasier devant le moindre jouet qui se rappelle à leur bon souvenir « Oh je me souviens de ce camion Smoby, ma sœur avait le même… », ou encore « Oh regarde, j’avais le même robot quand j’étais petit !», « Waouh, il y a même Big Jim et le mannequin qui change de visage quand on lui tourne le bras !». Et Barbie dans tout ça ? elle est bien là, elle aussi, représentation de l’archétype féminin démultipliée en deux équipes de footeuses dans un Barbie foot rose acidulé qui trône au milieu de la salle.

Des poupées russes au Grand Palais ? Des jouets et des hommes... et des enfants
« Bénie soit la providence qui a donné à chacun un joujou : la poupée de l'enfant à la femme, la femme à l'homme, et l'homme au diable. »
(Victor Hugo)
(Victor Hugo)
Ce qui nous fait tous craquer dans cette exposition remarquable qui se tient au Grand Palais, Des jouets et des hommes, c’est le côté flashback, retour sur soi, sur son petit nombril de gamin insouciant, à suçoter des roudoudous et à se niquer les dents dans les carambars (on le voit bien avec le succès qu'ont les Kinders auprès de notre génération !). Le besoin de retrouver ses jouets d’antan, comme pour être rassuré, protégé, choyé. Comme pour échapper à notre actuel, ce monde de grands où tout va si mal, où tout est perverti et sale.
Notre progéniture, que nous trimbalons d’une salle à l’autre en expliquant « Tu vois, ça, maman elle l’avait quand elle était petite », n'est évidemment pas aussi réceptive que nous, sauf devant quelques voitures ou playmobiles qui ne se sont pas démodés. En revanche, lorsque nos enfants se retrouvent face aux animations télévisuelles (et assez géniales) de Pierrick Sorin, ils deviennent beaucoup plus attentifs : la tête d’un Père Noël malmenée par un tas de cadeaux qui lui tombent dessus, un pompier limite pyromane qui joue à l’arroseur arrosé, mais surtout un superman un peu chochotte, efféminée, maladroit et boudiné dans son costume bleu et rouge moulant qui n’aimant pas les gens mal élevés qu’il voit, sort de son téléviseur pour le leur faire savoir : à mourir de rire.
Après les nounours et autres jouets de notre enfance, nous voilà dans la salle consacrée aux médias et plus particulièrement à l’âge d’or de la télévision et des dessins animés. On y retrouve tous les héros et héroïnes qui ont bercé nos mercredis après-midi, de Oui-Oui à Dora l’exploratrice en passant par les Télétubbies et autres Casimir et Zabars. Cette pièce, plus contemporaine, parle peut-être moins aux adultes, mais sans doute plus aux enfants.
Une expérience inédite au Grand Palais : Des jouets et des hommes émerveillés
« L'homme n'est qu'un jouet inventé par Dieu. » (Platon)
La dernière salle, comme pour rester un peu dans un état de rêverie éveillée, est une grande pièce vide, plongée dans l’obscurité, avec une cheminée où brûlent des jouets, une image projetée sur un pan de mur, de la neige qui tombe en pleine nuit. En bande sonore, quelques mots d’Orson Welles dans Citizen Kane. La fin du film, une réminiscence, celle de son enfance, de notre enfance : éloge à notre éternelle âme d’enfant, éloge à notre premier amour, premier doudou, premier nounours, hymne à cette enfance que l’on croyait définitivement perdue et que, l’espace d’une heure, on a retrouvée… Avec un plaisir non dissimulé. C’était un brin trop court, mais c’était déjà ça, et c’était déjà bien merveilleux.
Auteur : Karine Morel
Informations pratiques :
Exposition au Grand Palais, Des jouets et des hommes
Le site officiel de l'exposition, c'est ici.
Dates : du 14 septembre 2011 au 23 janvier 2012.
Adresse : Grand Palais, Avenue Winston-Churchill (entrée Clemenceau), 75008 Paris
Horaires : tous les jours (sauf le mardi) de 10h à 20h, nocturne le mercredi jusqu’à 22h.
Tarifs : entrée 11 €, tarif réduit 8 € (13-25 ans, demandeur d’emploi, famille nombreuse), gratuité (moins de 13 ans, bénéficiaires du RSA et du minimum vieillesse).
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Le catalogue de l'exposition : Des jouets et des hommes, Bruno Girveau, Dorothée Charles, Claire Didier, RMN ALBUMS HORS, 14 septembre 2011, 400 pages. |
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Le livret de l'exposition : Des jouets et des hommes, Dorothée Charles, RMN ALBUMS HORS , 21 septembre 2011, 48 pages. |

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