vendredi 20 janvier 2012

Grand Palais: Des jouets et des hommes

Grand Palais: Des jouets et des hommesUn samedi d’hiver exceptionnellement ensoleillé et une douceur inhabituelle pour la saison : c'est la journée idéale pour découvrir l'une des plus étonnantes expositions du Grand Palais, Des jouets et des hommes. On s’est levé tôt avec le petit bout de chou, et c’est muni d’un billet coupe file (et oui sur Paris, autant être précautionneux pour éviter les interminables files d’attentes aux entrées des musées), que l’on se dirige vers le musée. Surprise ! Pas de cortège de visiteurs impatients, râlant et pestant contre une organisation défectueuse. Ravi, on s’empresse de gravir les marches qui nous mènent à l’intérieur du somptueux bâtiment.

Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Le saviez-vous ? Pas moins d'un millier de jouets ont été rassemblés à l'occasion de l'exposition la plus curieuse de l'automne-hiver 2011-2012, qui se tient pour quelques jours encore au Grand Palais, Des jouets et des hommes. Et si l'on songe au célèbre roman de John Steinbeck, Des souris et des hommes, en franchissant le seuil de l'édifice, on oublie bien vite les histoires de souris face à la myriade d'ours et autres figurines à poils !

L’Art s'amuse au Grand Palais : Des jouets et des hommes

« Le joujou est la première initiation à l’art » (Charles Baudelaire)

TransformersC'est avec cette hâte et cet engouement qu’ont les enfants lorsqu’ils savent que le Père Noël est passé que l'on commence l’exposition, au Grand Palais, Des jouets et des hommes. On va surement être émerveillé, surpris, enchanté et recevoir un présent qui va nous procurer un plaisir immense. Bref on s’attend à quelque chose… Retrouver nos joujoux de petits avec cette nostalgie et cette mélancolie d’autrefois qui va nous poursuivre toute la journée, nous remémorer nos mercredis et vacances scolaires à regarder Croque-Vacances avec, outre Claude Pierrard, ses acolytes Isidore et Clémentine, à surtout nous dire que ce temps-là est malheureusement bien révolu.

Un Barbie foot au Grand Palais ? Des jouets et des hommes... et des femmes

« L'homme véritable veut deux choses : le danger et le jeu. C'est pourquoi il veut la femme, le jouet le plus dangereux. » (Friedrich Nietzsche)

Playmobiles pour petites filles

Les différentes salles présentent les jouets, à la fois dans leur catégorie (peluches, voitures, filles, soldats, garçons…) et par ordre chronologique. On y apprend qu’à l’Antiquité, le jouet était un don que l’enfant ne conservait que pendant son enfance, justement. Et que dès l’entrée dans l’âge adulte, et comme pour bien distinguer les deux âges, il fallait « renoncer » à son ou ses jouets. Le jouet était strictement associé au monde de l’enfance et non à celui de l’adulte, ce qui est bien moins clair à l’heure actuelle. Le public de l’exposition du Grand Palais, Des jouets et des hommes, en est d’ailleurs une belle illustration : principalement des enfants issus des années 70 et 80 (la fameuse génération adulescente), ceux-là même qui collectionnent les figurines d’E.T., Star Wars, Goldorak, Albator et autres peluches popples-Bisounours et poupées Candy. Ils sont là, à errer de salle en salle et à s’extasier devant le moindre jouet qui se rappelle à leur bon souvenir « Oh je me souviens de ce camion Smoby, ma sœur avait le même… », ou encore « Oh regarde, j’avais le même robot quand j’étais petit !», « Waouh, il y a même Big Jim et le mannequin qui change de visage quand on lui tourne le bras !». Et Barbie dans tout ça ? elle est bien là, elle aussi, représentation de l’archétype féminin démultipliée en deux équipes de footeuses dans un Barbie foot rose acidulé qui trône au milieu de la salle.
LegosAlors bien sûr, il y a le côté historique et sociologique de l’exposition, et plus particulièrement du jouet, puisqu’on n’échappe pas à la sectorisation (parce qu’il faut quand même bien que les choses restent à leur place dans notre société), catégorisation « jouets de garçons » avec les Lego, Meccano, GI Joe, figurines de plomb, voitures à pédales, trains électriques, soucoupes volantes et autres robots, « jouets de filles » avec l’attirail machine à laver, planche à repasser, cuisine équipée et marchande de légumes, les poupons et autres bébés baigneurs dont la petite fille doit savoir s’occuper (et oui elle va être maman elle aussi, il faut qu’elle soit conditionnée dès son plus jeune âge), maisons de poupée et Barbie, et enfin « jouets mixtes » avec le rubik’s cube, le Kiki de tous les kikis, les patins à roulettes Fisher Price, les fermes d’animaux, les cirques, les doudous et les fameux ours en peluche.

Des poupées russes au Grand Palais ? Des jouets et des hommes... et des enfants

« Bénie soit la providence qui a donné à chacun un joujou : la poupée de l'enfant à la femme, la femme à l'homme, et l'homme au diable. »
(Victor Hugo)

Ce qui nous fait tous craquer dans cette exposition remarquable qui se tient au Grand Palais, Des jouets et des hommes, c’est le côté flashback, retour sur soi, sur son petit nombril de gamin insouciant, à suçoter des roudoudous et à se niquer les dents dans les carambars (on le voit bien avec le succès qu'ont les Kinders auprès de notre génération !). Le besoin de retrouver ses jouets d’antan, comme pour être rassuré, protégé, choyé. Comme pour échapper à notre actuel, ce monde de grands où tout va si mal, où tout est perverti et sale.
Notre progéniture, que nous trimbalons d’une salle à l’autre en expliquant « Tu vois, ça, maman elle l’avait quand elle était petite », n'est évidemment pas aussi réceptive que nous, sauf devant quelques voitures ou playmobiles qui ne se sont pas démodés. En revanche, lorsque nos enfants se retrouvent face aux animations télévisuelles (et assez géniales) de Pierrick Sorin, ils deviennent beaucoup plus attentifs : la tête d’un Père Noël malmenée par un tas de cadeaux qui lui tombent dessus, un pompier limite pyromane qui joue à l’arroseur arrosé, mais surtout un superman un peu chochotte, efféminée, maladroit et boudiné dans son costume bleu et rouge moulant qui n’aimant pas les gens mal élevés qu’il voit, sort de son téléviseur pour le leur faire savoir : à mourir de rire.

Ours en peluche

Après les nounours et autres jouets de notre enfance, nous voilà dans la salle consacrée aux médias et plus particulièrement à l’âge d’or de la télévision et des dessins animés. On y retrouve tous les héros et héroïnes qui ont bercé nos mercredis après-midi, de Oui-Oui à Dora l’exploratrice en passant par les Télétubbies et autres Casimir et Zabars. Cette pièce, plus contemporaine, parle peut-être moins aux adultes, mais sans doute plus aux enfants. 

Une expérience inédite au Grand Palais : Des jouets et des hommes émerveillés

« L'homme n'est qu'un jouet inventé par Dieu. » (Platon)

La dernière salle, comme pour rester un peu dans un état de rêverie éveillée, est une grande pièce vide, plongée dans l’obscurité, avec une cheminée où brûlent des jouets, une image projetée sur un pan de mur, de la neige qui tombe en pleine nuit. En bande sonore, quelques mots d’Orson Welles dans Citizen Kane. La fin du film, une réminiscence, celle de son enfance, de notre enfance : éloge à notre éternelle âme d’enfant, éloge à notre premier amour, premier doudou, premier nounours, hymne à cette enfance que l’on croyait définitivement perdue et que, l’espace d’une heure, on a retrouvée… Avec un plaisir non dissimulé. C’était un brin trop court, mais c’était déjà ça, et c’était déjà bien merveilleux.

Auteur : Karine Morel

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Informations pratiques :
Exposition au Grand Palais, Des jouets et des hommes 
Le site officiel de l'exposition, c'est ici.
Dates : du 14 septembre 2011 au  23 janvier 2012.
Adresse : Grand Palais, Avenue Winston-Churchill (entrée Clemenceau), 75008 Paris
Horaires : tous les jours (sauf le mardi) de 10h à 20h, nocturne le mercredi jusqu’à 22h.
Tarifs : entrée 11 €, tarif réduit 8 € (13-25 ans, demandeur d’emploi, famille nombreuse), gratuité (moins de 13 ans, bénéficiaires du RSA et du minimum vieillesse). 

Mon espace conso
Le catalogue de l'exposition :
Des jouets et des hommes, Bruno Girveau, Dorothée Charles, Claire Didier, RMN ALBUMS HORS, 14 septembre 2011, 400 pages.
Le livret de l'exposition :
Des jouets et des hommes,  Dorothée Charles,  RMN ALBUMS HORS , 21 septembre 2011, 48 pages.



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