Interview de Mirel Wagner, ange ou démon

Samedi 24 mars, Théâtre de la Cité Internationale, Paris. Seule avec sa guitare, Mirel Wagner ouvre une nouvelle soirée placée sous le signe de Vénus au Festival Les Femmes s'en mêlent. Dès les premiers arpèges égrenés dans un silence sépulcral, presque oppressant, la jeune finlandaise happe son public, aux anges, pour le plonger dans son univers sombre et âpre, aussi fascinant qu’étonnamment dépouillé. La salle respire à peine, la magie opère, déferle dans la pénombre en traînant dans son sillage l'enivrante mélancolie du blues des années 30, poignante et lumineuse. Après le concert, c'est dans la cafétéria de la Cité Universitaire investie par les étudiants que nous retrouvons Mirel Wagner qui nous parle de son premier album, mais aussi d'inspiration, de violon et de guitare, de chansons bébés, de simplicité, de Leonard Cohen et de Nick Cave and The Bad Seeds, de Son House et de Memphis Minnie, de guitariste virtuose et de bloggeur dénicheur de talent, d'Edgar Allan Poe et de Kafka, de Yeats et de Baudelaire... Interview de Mirel Wagner, l'ange noir tombé de Finlande.

A venir : la chronique de l'album éponyme de Mirel Wagner

Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Bonus : A la question « Quel est votre rêve le plus fou ? », Mirel Wagner répond :

« Oh, je fais souvent des rêves complètement fous !... L'un d'eux, par exemple, s'est terminé comme un générique de film, avec un texte blanc qui défilait sur fond noir, c'était très étrange ! »

Un premier album éponyme : interview de Mirel Wagner, un ange qui passe

« Les personnages de mes chansons n'ont souvent rien à voir avec moi, j'aime ce changement de perspective. Il n'est pas toujours question de mon histoire personnelle. »

Pouvez-vous nous parler de la création de votre premier album Mirel Wagner ? 

Mon producteur et mon producteur exécutif m’ont laissé le champ libre. Ce disque est donc très proche de ce que je voulais faire, de la vision que j’en avais. Il a été enregistré en direct, et j'étais seule à jouer ; c'était une très belle expérience. Faire un album, pour moi, c'était un peu comme un rêve qui devient réalité... Et je suis tellement heureuse qu'il ait reçu un accueil favorable du public !

Comment composez-vous vos chansons ?

Je les compose à la guitare. La plupart du temps, j'écris d’abord la mélodie. Mais il peut aussi m’arriver d’avoir déjà les paroles, et de trouver l’air après coup. Parfois, cela prend du temps, j'ai du mal à composer la musique, alors je mets les paroles de côté et j'attends que l’inspiration arrive. Et je joue, je joue, je joue jusqu’à ce que la chanson prenne forme, jusqu'à ce que la mélodie vienne à moi.

Y a-t-il des moments plus propices, des dispositions d’esprit plus favorables à la création artistique ?

Non, en ce qui me concerne, rien n’est figé. En fait, il m’est très difficile d’expliquer mon processus de création musicale. Je ne sais pas vraiment comment le décrire. Lorsque je n'arrive pas à écrire, il me suffit parfois de poser ma guitare et d’attendre que l'inspiration revienne. Mais il m'arrive aussi de la provoquer, même si en aucun cas, je ne peux la forcer à ressurgir.

Dans cet album, y a-t-il une chanson qui vous touche plus particulièrement ?

J'aime toutes les chansons de l’album, elles sont toutes un peu mes bébés (rires) ! Je ne peux pas dire que l’une est plus importante que l'autre, mais en ce moment, j'aime beaucoup To The Bone. J'adore la chanter, je trouve que c'est une très belle chanson.

Pour les personnes qui l’écoutent, votre album Mirel Wagner paraît sombre, nostalgique, empreint de tristesse. Qu'en pensez-vous ?

En un sens, oui, cette définition correspond bien à mes chansons. Je ne pense pas que l'on aurait pu mettre un visage souriant sur la couverture de l’album (rires) ! La photo que l'on a choisie est très épurée, très belle, très simple... Comme les chansons de l'album. Je ne sais pas exactement comment on en est arrivé là, mais a priori, ça fonctionne !

Pouvez-vous nous parler de votre single No Death ?

Je n’aime pas trop donner des détails sur le sens de mes morceaux, je préfère que les gens s’approprient mes textes en fonction de leur propre histoire. Les personnages de mes chansons n'ont souvent rien à voir avec moi, j'aime ce changement de perspective. Il n'est pas toujours question de mon histoire personnelle.

En images, le clip de No Death, extrait de l'album Mirel Wagner :

Interview de Mirel Wagner, entre musique et poésie

« Je ne suis pas une guitariste virtuose, un guitar hero, ou quelque chose comme ça. Un style dépouillé me convient parfaitement. »

Vous et la guitare ?

J'ai commencé à jouer de la guitare et à composer mes propres chansons à l’âge de 13 ans. J’ai pris des leçons pendant 2 ans environ, puis j’ai commencé à jouer, toute seule, et c'est comme ça que j'ai appris. Jouer énormément et trouver son propre style, c'est cela qui est important. Pour ma part, j'ai trouvé le mien assez vite. J'aime les choses simples, très épurées. Je ne suis pas une guitariste virtuose, un guitar hero, ou quelque chose comme ça. Un style dépouillé me convient parfaitement.

Pour entrer dans la 3ème dimension, une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan suffit (n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'agrandir).

Quelles sont vos influences musicales ?

J'aime Leonard Cohen, Nick Cave and The Bad Seeds, Nick Drake et tout le blues, Son House, Mississippi John Hurt, Memphis Minnie, Tom Waits. J'aime beaucoup la musique de cette époque-là, surtout lorsque les paroles tiennent un rôle majeur. Les paroles d'une chanson sont très importantes pour moi. Voilà, c'est le style de musique que j'aime, et qui m'a influencée. Mais tout est source d'inspiration pour moi : la musique, mais aussi l'art, la vie...

D'ailleurs, Leonard Cohen a écrit des livres...

Oui, Leonard Cohen a écrit des romans et des poèmes. J’ai lu certains de ses poèmes, mais c'était il y a longtemps !...

Comment êtes-vous tombée dans la musique ?

A la maison, tout simplement, quand j'étais enfant. Mon père avait l'habitude de jouer du piano et ma mère chantait. J'ai commencé à prendre des cours de violon à l'âge de 7 ans, la musique a donc toujours fait partie de ma vie. Puis à 13 ans, je me suis mise à la guitare.

Et comment votre carrière musicale a-t-elle commencé ?

Lors d'un concert où je jouais, un journaliste finlandais est venu me voir pour écrire un article à mon sujet sur son blog musical. Un agent d’une maison de disques l’a lu, puis m’a contactée. Il m'a demandé si faire un disque, cela m'intéressait, et voilà !

Vous êtes née en Éthiopie, puis vous avez grandi en Finlande. Avez-vous quelques souvenirs de votre pays d’origine ?

Non, j’étais bébé quand j’ai été adoptée.

Votre musique a-t-elle été influencée par l'un ou l'autre de ces deux pays ?

Je ne pense pas, non.

Quels sont vos auteurs favoris ?

Il y en beaucoup, c'est une question difficile... En ce moment, je lis les œuvres d'Edgar Allan Poe. J’aime beaucoup Kafka, les dramaturges anglais, la littérature classique et je lis énormément de poèmes. J'adore Yeats, Keats, Shelley, Baudelaire.

Quels sont vos projets à court et moyen termes ?

Là, je termine ma tournée française, puis je ferais probablement un break pour pouvoir écrire de nouvelles chansons. Je n'ai pas de date butoir pour mon prochain disque ; je prendrai donc le temps nécessaire pour me concentrer sur la qualité.

Interview réalisée le 24 mars 2012 par Cécile Duclos
traduite par Caroline Guyot

Mirel Wagner, Mirel Wagner, 14 novembre 2011

Crédit photos (hors concert) : Aki Roukala

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Le premier album de Mirel Wagner : Mirel Wagner, Mirel Wagner, sortie le 14 novembre 2011. Voir tous les produits (CD, mp3, collectors...) autour de Mirel Wagner

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