mardi 17 avril 2012

Revolver reprend les armes : interview exclusive

Revolver reprend les armes : interview exclusiveEn cette fin d'après-midi de mars, c'est sur les toits ensoleillés d'EMI Music que nous retrouvons les trois garçons de Revolver, Ambroise Willaume (chant, guitare), Christophe Musset (guitare, chant) et Jérémie Arcache (violoncelle, chant). Entre showcase, presse et shooting photos, ils nous parlent de leur dernier album Let go, de tournées, de voyages et de bus, mais aussi de famille, de fratrie et de triplets, d'Amérique, de rencontres et de changements, de Wes Anderson, de Spielberg et de Cassavetes, des Bretons et de Mars, de lâcher prise et d'un homme qui se balade un peu partout pour se photographier nu, des Vieilles Charrues et d'énergie... Interview exclusive de Revolver, un groupe en plein boum à suivre sur les routes de l'Ancien et du Nouveau continents !


Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Bonus : Quand on demande au groupe Revolver si il leur arrive encore de se produire en petit comité, comme à leurs débuts, Christophe répond :
On essaie, oui. C'est bien de faire les deux, de passer de l'un à l'autre. De pouvoir jouer  les mêmes morceaux en trio acoustique – avec deux guitares, un violoncelle et trois voix – comme à quatre – avec la basse, la batterie et les guitares électriques –. Avec les mêmes titres, on obtient des énergies et des arrangements complètement différents, et c'est agréable !

Le dernier coup de Revolver : Let go

« Quand on est sur la route, le bus devient un peu une nouvelle maison et l'équipe de tournée, une nouvelle famille. »

Comment décririez-vous l'univers musical de votre nouvel album Let go ?
Christophe : C'est très varié !
Ambroise : Let go a été conçu sur la route, au cours de notre dernière tournée, et cela se ressent certainement en écoutant l'album. Nous avions envie de retranscrire toutes ces expériences ; la scène, et plus généralement, nos nombreux voyages. Nous étions très attentifs aux différentes atmosphères dans chacune de nos chansons. 

Quelles ont été vos sources d'inspiration pour l'écriture des textes ? 
Ambroise : Les paroles de nos morceaux sont souvent liées à nos expériences de vie, et la dernière en date – là encore ! –, c'est la tournée. Pendant deux ans et demi, nous avons sillonné les routes. Beaucoup de choses ont donc un rapport direct ou indirect avec cette période-là, que ce soit l'éloignement – de notre famille, de nos amis, de tous les gens que l'on connaît –, la rencontre de nouvelles personnes, ou les questionnements sur soi, les relations, l'impression de changer, de ne plus vraiment savoir qui l'on est, ni où l'on est. Quand on est sur la route, le bus devient un peu une nouvelle maison et l'équipe de tournée, une nouvelle famille. Du coup, on finit par se poser des questions, et l'on s'interroge sur ce que l'on devient. 
Christophe : Voir autant de personnes et d'endroits différents, ça nous fait changer sans que l'on s'en rende compte. Jusqu'au moment où l'on réalise que l'on s'est éloigné de nos amis que l'on voyait tout le temps, avant, et que l'on retrouve de temps en temps. C'est difficile de leur expliquer à quoi ressemble précisément notre vie en tournée, parce que si l'on essaie de décrire mécaniquement les choses – alors qu'il s'agit aussi d'une histoire d'atmosphère –, on a l'impression que c'est chaque jour un peu pareil. Cet album, c'est un peu la réponse à cette attente : « pendant nos deux trois dernières années, voilà ce qu'il s'est passé. ».

Comment se déroule la composition (de la musique et des textes) de vos chansons ?
Ambroise : Nous composons tous les trois ensemble ; les idées généralement, proviennent de l'un d'entre nous. Parfois, nous composons aussi à partir d'une improvisation en groupe, mais c'est plus rare. A la base, nous pouvons avoir un bout de mélodie, quelques accords, ou parfois un morceau entier, presque terminé. Il n'y a pas vraiment de règle, mais ce qui est certain, c'est qu'une fois les chansons retravaillées à trois, c'est difficile de savoir qui a fait quoi ! Chacun apporte quelque chose. Quant aux textes, c'est Christophe et moi qui les écrivons, chacun de notre côté, et parfois ensemble.

Comment l'enregistrement de l'album Let go s'est-il déroulé ?
Ambroise : Nous avons enregistré Let go dans le studio parisien de Julien Delfaud, qui avait déjà réalisé notre premier album. Il venait tout juste de s'installer, c'était presque une première pour lui ; on inaugurait un peu son studio (rires) ! Et c'était aussi une sorte de « re-rencontre » car à l'époque, lors de l'enregistrement de notre premier album, nous n'étions pas vraiment le même groupe. Nous n'avions quasiment jamais fait de concerts, et nos chansons, nous les avions écrites chez nous, dans nos chambres, sans les avoir jamais vraiment jouées sur scène – et en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas gêner les voisins (rires) ! –. Nous étions encore dans une démarche très intimiste, très acoustique et très maîtrisée. Pour Let go, notre deuxième album, l'enregistrement a duré un peu plus longtemps. Nous avons aussi fait appel à un bassiste, Pino Palladino, et ça, c'était un peu la grande inconnue ! Nous n'avions jamais joué avec un bassiste auparavant. On découvre un instrument par album, en fait (rires) ! Le premier, c'était la batterie ; le deuxième, la basse !
Christophe : Et il y avait beaucoup de morceaux que nous n'avions pas volontairement terminés. Nous voulions garder une vraie marche de manœuvre pour capter quelque chose de spontané en studio, nous ne voulions pas arriver avec des idées extrêmement précises sur tout.
Jérémie : C'était difficile, de toute façon, d'avoir une idée précise de ce que nous allions faire en studio, car nous avions énormément changé pendant la tournée. Nous ne savions pas comment cela allait se passer, comment cette énergie se traduirait lors de l'enregistrement. Et puis nous avions envie de produire plus, d'avoir beaucoup de profondeur dans l'arrangement, et ça, à quatre sur scène, c'était impossible. Nous avons donc redécouvert le plaisir d'arranger une chanson, dans la liberté et la confiance.

Ce sont toujours les mêmes musiciens qui vous accompagnent, sur scène et en studio ? 
Ambroise : Nous avons le même batteur, Maxime Garoute, depuis notre premier album. Pour la basse, en revanche, Mike Clinton joue avec nous sur scène et c'est avec Pino Palladino que nous avons enregistré Let go.

Revolver, Let go, (c) EMI Music France

Pouvez-vous nous parler du choix du photographe qui a illustré le livret et la pochette de votre album Let go [NDLR : chaque photo représente un homme nu, vu de loin, dans une position et un cadre différents] ?
Ambroise : Oui, il s'appelle Ruben Brulat et c'est un ami, Yoann Lemoine [NDLR : Woodkid], qui nous a parlé de son travail en pensant à notre disque. Quand nous avons vu ses photos, nous avons eu un énorme coup de foudre ! C'était exactement ce qu'il nous fallait pour illustrer notre musique. Ces photos sont très fortes, elles ont de multiples lectures possibles. Elles ont une dimension dramatique, triste même, et en même temps, elles ont un caractère très léger, presque drôle même.
Christophe : Ce qu'il faut savoir, c'est que c'est Ruben qui pose sur ses propres photos.
Ambroise : Quand il trouve un paysage qui lui plaît, il se déshabille, installe son appareil photo et il pose (rires) ! Du coup, il fait ça un peu partout (rires). Le livret de l'album correspond à l'une de ses séries. Pour nous, c'était presque comme une interprétation du titre de l'album, « Let go », qui veut dire « Lâcher prise ». C'est un peu comme si nous avions lancé un concours  : « Interprétez Let go à votre façon ! » (rires).

Les bals de Revolver : des clubs aux festivals

« C'est ce que nous avons compris avec notre premier album : la musique est surtout là pour être jouée sur scène. »

Pouvez-vous nous parler de votre premier single Wind Song ?
Ambroise : Cette chanson est née assez tôt, pendant les festivals, lors de notre précédente tournée. Nous n'étions pas vraiment habitués à jouer sur de très grandes scènes, même si nous étions passés de lieux plutôt intimistes à de plus en plus grandes salles. Dans un festival, les scènes sont immenses ! Aux Vieilles Charrues, nous avons joué devant 50 000 personnes, c'est assez particulier quand même ! Et c'est à ce moment-là qu'est arrivée Wind Song. Nous étions dans une dynamique créative, nous voulions jouer de nouveaux morceaux sur scène. Au départ, Wind Song ressemblait à une balade ; c'était une chanson un peu folk, aux deux tiers à la voix et à la guitare. Puis on s'est dit que quitte à la jouer, ce serait mieux qu'elle soit plus rythmée, plus dansante. Et finalement, ça lui va très bien !

On parle énormément de votre album Let go ; comment vivez-vous ce beau succès ?
Ambroise : C'est très frais pour l'instant ! Nous sommes dans une période de promotion très intense et nous allons enchaîner sur la tournée, alors nous n'avons pas vraiment le temps de prendre du recul. Cela doit faire un mois, déjà, que les festivités ont commencé (rires) !
Christophe : En plus, aucun de nous trois n'a la télé, ni n'écoute vraiment la radio. Nous ne sommes pas vraiment bien placés pour guetter nos passages dans les médias !...
Jérémie : Nous attendons la réaction du public, plus que de la presse. Nous sommes très contents que l'on parle autant de notre album, mais nous sommes surtout impatients de repartir en tournée,  de voir comment les gens vont réagir, parce que c'est là, finalement, que tout se joue. C'est ce que nous avons compris avec notre premier album : la musique est surtout là pour être jouée sur scène. 

Vous reconnaissez-vous, vous et votre univers musical, dans un film, une série ou chez un réalisateur ? 
Ambroise : Chez Wes Anderson, peut-être ? Mais moins aujourd'hui qu'il y a quelques années...  
Jérémie : Disons plutôt que nous nous retrouvons, nous, dans ses films.
Christophe : Des choses qui nous ont inspirées, il y en a énormément, qu'il s'agisse de la série Mad Men ou des films de Cassavetes. Après, en dehors de cette phrase que le réalisateur a dite en interview [NDLR : « La peur est la source de toutes les erreurs », reprise dans la chanson Cassavetes de Revolver], il n'y a pas vraiment de liens entre son univers et notre musique. 

Y a-t-il un réalisateur dont vous aimeriez faire la musique de film ?
Christophe : Je ferais bien la musique d'un Spielberg mais ça n'a rien à voir (rires) !
Ambroise : En revanche, nous avons fait une bande originale récemment, la musique du film Comme des frères qui sortira en septembre prochain. Il y a pas mal d'harmonies vocales, c'est du Revolver bien sûr, mais ce n'est pas la même chose que dans nos albums. Ce qui nous intéressait, dans ce projet, c'était d'apporter au film – une comédie – une atmosphère différente. Nous avons donc eu envie d'ajouter une dimension plus mélancolique. Et plus d'espace, aussi, parce qu'il s'agit d'un road trip. Nous voulions rendre cette impression d'espace que l'on a en Amérique, qui nous fait penser, par exemple, à une épopée en Arizona.

Passage obligé pour entrer dans la 3ème dimension : une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan (en carton, ça suffit).
Pour entrer dans la 3ème dimension, une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan suffit (n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'agrandir).

Songez-vous à intégrer un batteur et (ou) un bassiste dans le groupe ?
Christophe : Nous jouons déjà avec un batteur et un bassiste, et cette collaboration est très enrichissante. Mike vient de la musique africaine et caribéenne, et Maxime, de courants plus groovy, plus électro ; nous sommes donc de cultures différentes, et notre expérience n'est pas la même. Il y a de plus en plus d'allers-retours entre nous tous, nous les incluons plus tôt dans le processus de composition, mais c'est vraiment nous qui écrivons les chansons.

Quels sont vos plus beaux souvenirs de scène ?
Ambroise : Il y en a beaucoup ! En deux ans et demi, nous avons fait plus de 200 concerts. Notre premier festival, c'était à Saint-Brieuc – le festival Art rock –, il y a presque deux ans maintenant. Nous revenions d'une mini-tournée en Angleterre où nous avions fait des concerts dans des clubs...
Christophe : …vides (rires) !
Ambroise : …presque vides (rires), et lorsque nous nous retrouvés comme ça, sur scène, devant 8000  Bretons en délire, nous sommes devenus complètement hystériques (rires) ! C'était vraiment très fort !

Musicalement, quel est votre rêve irréalisable le plus fou ?
Ambroise : Jouer sur Mars (rires) ! Le premier concert dans l'espace (rires), en apesanteur !

Revolver au poing de non retour : on the road again

« J'ai l'impression que tous les gens qui disent que c'était mieux quand ils avaient 20 ans, c'était mieux parce qu'ils avaient 20 ans. »

Demain, vous vous réveillez « triplets » tous les trois (comme dans votre chanson Parallel lives) ; comment le vivez-vous ?
Ambroise : Triplets (rires) ? ça dépend, on ressemblerait auquel d'entre nous (rires)?

A vous de voir (rires)...
Jérémie : Ça serait un peu flippant (rires) ! 
Christophe : On est tellement différent ! Il y a une application sur Iphone qui permet de mélanger les visages. On a essayé avec nos trois têtes, et le résultat est vraiment horrible (rires) ! Si l'on se réveillait triplet, je pense que l'on assisterait à un triple suicide (rires) !
Ambroise : Nous serions des monstres (rires) ! Cela dit, à force de passer notre vie ensemble, on peut considérer que nous sommes une sorte de fratrie. Nous ne sommes plus seulement des amis, nous sommes devenus une famille. Donc quelque part, ça ne changerait pas grand-chose... sauf physiquement (rires) !

efr451-002-MF, (c) Julien Panie

Vous grimpez dans la machine à remonter le temps, la destination est bloquée, c'est l'Amérique. Quelle époque choisissez-vous ? 
Ambroise : Il y a eu des heures de gloire à plein d'époques différentes, dans toutes sortes de villes !...
Christophe : Je n'aimerais franchement pas changer d'époque, je pense !
Ambroise : J'ai l'impression que tous les gens qui disent que c'était mieux quand ils avaient 20 ans, c'était mieux parce qu'ils avaient 20 ans. Quand on est jeune, on se dit que le monde est formidable, et quand on vieillit – ce n'est sans doute pas vrai pour tout le monde, bien sûr, je tire des grandes lignes –, on a tendance à se dire que c'était mieux avant. Si ça se trouve, les années 60, ça ne valait pas le coup en fait (rires) !...

Un mot sur vos projets à venir ?
Ambroise : Pour l'instant, c'est la tournée !
Christophe : L'album va progressivement sortir dans d'autres pays, nous allons donc recommencer plusieurs fois son lancement. Nous allons nous rendre dans des pays où nous n'avons encore jamais joué, où les gens ne nous ont jamais vus. Nous découvrir en live, c'est vraiment ce qu'il y a de mieux, et pour nous, c'est à chaque fois un nouveau départ, et c'est particulièrement excitant !
Christophe : C'est marrant, d'ailleurs, parce que même en France, nous avons un peu cette sensation de nouveau départ...
Ambroise : Oui, le nouvel album est très différent du premier.

Et parmi les nouveaux pays, il y aura ?
Ambroise : Nous allons sûrement aller en Suède, en Italie, en Espagne, en Allemagne, au Canada, et puis nous allons retourner aux États-Unis – bon, nous y sommes déjà allés mais c'est toujours un plaisir (rires) ! –...
Jérémie : ...et en Angleterre, on espère !

Interview réalisée le 29 mars par Cécile Duclos

Revolver, Let Go, 12 mars 2012
Crédit photo (hors 3D et photo d'interview): Revolver, Let Go, (c) (P) 2012 EMI Music France ; Let Go - Photosession, Revolver, (c) Serge Leblon et Julien Panie.

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Revolver sera en tournée dans toute la France à partir du 16 mars 2012.
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Le dernier album de Revolver :
Let Go, Revolver, EMI, 12 mars 2012.
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