jeudi 12 janvier 2012

Claire Denamur, Vagabonde des ondes

Crédit photos (Vagabonde, Claire Denamur - Photosession) : Jan Welters.Après le foudroyant Bang Bang Bang qui aura illuminé l'automne de ses notes cristallines jetées sur un rythme endiablé, Claire Denamur a sorti en novembre dernier un nouveau single, Rien de moi, extrait de son dernier album Vagabonde. Lauréate des artistes Détours 2012, la jeune artiste affiche pour ce disque aussi noir que bouleversant un look définitivement masculin, à la Johnny Cash : pas de maquillage ni de bijou, des chemises d’homme boutonnées jusqu’en haut, les cheveux gominés. Dans la peau de cet être androgyne, magnifiquement croqué en noir et blanc, Claire Denamur rappelle une chose essentielle : Vagabonde n'est pas une affaire personnelle, mais bien universelle.

Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Le saviez-vous ? Claire Denamur a fait la première partie de Jean-Louis Aubert à Bercy, le 28 novembre 2011..
Bonus ? Sur In the mood for Claire, le site web non officiel de Claire Denamur, vous pourrez visionner ses saisissants vagabondages (des reprises acoustiques de classiques comme Fade Into You de Mazzy Star ou Fortunate Son des Creedence Clearwater Revival).

Claire Denamur, Vagabonde du Nouveau Monde

« Si notre vie est vagabonde, notre mémoire est sédentaire et nous avons beau nous élancer sans trêve, nos souvenirs, rivés aux lieux dont nous nous détachons, continuent à y combiner leur vie casanière. »
(Marcel Proust)

Crédit photos (Vagabonde, Claire Denamur - Photosession) : Jan Welters.

Le dernier album de Claire Denamur, Vagabonde, respire l'asphalte brûlant des routes désossées du Missouri, les grands espaces de l'Arizona et les road trips en cabriolet sur l'A66 – The Mother Road pour les intimes – , les westerns des années 2000 revus et corrigés par Tarantino, les bars texans où Big Mama Thornton éclusait de rocailleux rhythm and blues, le raclement du moteur et les sifflements du vent, les odeurs d’essence et de whisky, les drugstores, motels et drive-in poussés au milieu de nulle part, les fumées de Chicago, la nostalgie et l'immense solitude du bout du monde, les errances romanesques de Kerouac (« en fermant les yeux, tout ce que je voyais c'était la route qui se dévidait en moi (Sur la Route) »)... Cri de liberté, pulsion de vie, Vagabonde porte si bien son nom qu'en l'écoutant, les yeux ouverts sur l'infini, on part loin, très loin, dans un univers si vaste qu'il est terriblement difficile d'en revenir.
« Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde. »
(Baudelaire, Les Fleurs du Mal)

Big Mama Thornton chante Hound Dog :


Claire Denamur reprend Hound Dog pour Le Live, l'émission musicale du Figaro :


Avec l'Americana, Claire Denamur vagabonde, féconde

« Celui qui se libère, loin d'être incapable de jouer le jeu, le joue encore mieux car il voit la vie comme un jeu. » (Allan Watts)

Influencée par les vieux blues américains, par les années 50 et 60 (Elvis Presley, Big Mama Thornton, Hank Williams…), par les seventies (Deep Purple, Led Zeppelin, Pink Floyd...), Claire Denamur, qui écrit et compose ses chansons, puise son inspiration dans cette multitude de courants musicaux qui ont fait vibrer l'Amérique, du negro spiritual au gospel, de la folk à la country, du rhythm and blues au rock and roll. Son univers, véritable électron libre sur la scène française, mêle avec délicatesse l'âpreté des rythmiques roots à la mélancolie des mélodies, à la poésie des textes, aux accents brisés de sa voix éraillée que l'on reconnaît entre toutes. C'est lumineux et déchirant comme une Gymnopédie d’Erik Satie, exaltant et étourdissant comme un rodéo sauvage, une virée à la Thelma et Louise.

Claire Denamur vagabonde sur In the mood for Claire en reprenant Fortunate Son de Creedence Clearwater Revival  :


Il était une fois le nouvel album de Claire Denamur, Vagabonde

« Elle passait alors des espoirs les plus élevés, des mirages les plus brillants au plus profond désespoir »
(Dostoïevski, Crime et Châtiment)

Enregistré à Montréal dans le studio de Jean Massicotte, le dernier album de Claire Denamur, Vagabonde, tire son nom de la dernière chanson, Un autre monde  : « D'un autre monde, d'une terre inconnue, qui ne tourne plus, je suis la vagabonde ». Quelqu'un qui se déplace sans cesse, qui mène une vie nomade, errante, telle est la vagabonde ; Claire Denamur, vagabonde des ondes pour ce très bel album composé en partie avec Emmanuel Da Silva, ne sait pas, elle non plus, où sont ses racines « je ne connais pas ce pays, je ne suis pas d'ici » (Bang Bang Bang).

Crédit photos (Vagabonde, Claire Denamur - Photosession) : Jan Welters.

D'une sensibilité à fleur de peur, Claire Denamur songe avec mélancolie au temps passé (Rien de moi, Le temps passé, 34 septembre, A child, D'un autre monde), jette un regard à la fois tendre et désenchanté sur les méandres de l'amour (J'en ai rien à me foutre en l'air, Tu m'as tuée), tout en dénonçant les maux qui gangrènent la société (« des hommes baptisent des hommes au cœur de pierre, Alléluia ! [...], les bras se tendent, les joues se creusent, Alléluia ! [...], les médailles gagnées sur des promesses que personne ne tiendra jamais, Alléluia ! », Le ciel). Finies les romances, la légèreté et l'innocence : bien plus sombre que son album précédent (sorti en février 2009), Vagabonde gronde et sonde, nos turpitudes et nos meurtrissures. De son timbre rauque et caressant, Claire Denamur décortique la nature humaine avec la patiente et la passion d'un Dostoïevski pour Raskolnikov. Et comme des cendres naît souvent l'espoir, en écoutant Vagabonde, on se prend aussi à rêver. D'espace, de bonheur, d'amour, de rédemption...

Claire Denamur, Vagabonde explosive avec Bang bang bang

« Va, vis et deviens » (Titre du film de Radu Mihaileanu, sorti en 2005)

Filmé comme un court-métrage, le clip de Bang bang bang, réalisé par Jason Johan, s'ouvre sur un carnage des plus sanglants, qui ne peut que nous rappeler Mad Max et Kill Bill :


Butch Cassidy et Clyde Barrow ? Des enfants de cœur. Sur les terres des bang bang girls, la pitié rime avec lâcheté, elle n'a pas droit de cité : « Je ne connais pas les aveux, je me fous des adieux ». Des voitures brûlent, des corps lacérés pendent de carcasses défoncées, paysage d’apocalypse. Perchée sur des talons aiguilles, une silhouette se dessine dans les flammes, le sang et la fumée : « Bang bang bang, il nous faut du courage, encore du courage, pour encaisser les coups de rage ». Après avoir récupéré un couteau sur une dépouille, Claire Denamur, vagabonde solitaire, poursuit sa traversée du champ de bataille. Il n'y a pas d'autres survivants, mission accomplie. Un peu d'eau fraîche et la cow girl reprend la route. « On n'envisage plus grand-chose tu sais, on ne croit plus aux adages du temps. Qui effacera les crevasses ? qui ramassera la crasse ? ». Du mal que l'on fait aux autres, que l'on s'inflige à soi-même, lequel est le plus long à guérir ? « Même si l'on sait que rien n'en vaut la peine, même si l'on part et que l'on n'a pas de veine, j'aimerais que tu saches, je foutrais tout en l'air ». Coup de poing qui ramène à la vie, Bang bang bang s'écoute le volume à fond.

Claire Denamur, Vagabonde solitaire

« L'amour n'est pas fait pour nous rendre heureux. Je crois qu'il est fait pour nous révéler dans quelle mesure nous avons la force de souffrir et de supporter. »
(Hermann Hesse)

Dans son dernier album, Claire Denamur dénonce la cruauté de l'amour (« Chasseur de cœurs […], tu n'as pas peur de tirer à souhait [...], tes yeux noirs ne pleurent jamais, tu m'as tuée... », Tu m'as tuée) et son inconstance (« qu'il crève ou qu'il revienne en jour, on ne sait faire que tomber en amour », J'en ai rien à me foutre en l'air) ; l'esclavage sentimental n'est plus de mise, la liberté n'a pas de prix (« j'en ai rien à me foutre en l'air de l'amour, […] de nos tendres baisers […], j'en ai rien à me foutre en l'air de l'amour, qu'il me traîne où il veut puisqu'il me traîne », J'en ai rien à me foutre en l'air).

Extrait du dernier album de Claire Denamur, Vagabonde : Rien à me foutre en l'air, session acoustique enregistrée pour Le Live, l'émission musicale du Figaro :


Claire Denamur, Vagabonde : la nostalgie aux bouts des doigts

« Les vagues déferlaient, reculaient puis déferlaient de nouveau, avec un bruit pareil au piétinement d'une bête énorme. »
(Les Vagues, Virginia Woolf)

Dans Rien de moi, ce sont les années d'insouciance – son enfance aux États-Unis – qui remontent à la surface : « Tellement sûre, j'étais tellement sûre, j'étais... de ma nature, de ma jeunesse... tellement sûre, j'aurais aimé que ça dure, que je reste... ». Une voix égratignée, un tempo lent et cadencé, des souvenirs qui surgissent, encore, toujours, une blessure qui ne cicatrise pas (« des années déjà que je ne me vois pas, je ne sens plus rien »). Quand la « sensation d'être grande » est trop lourde à porter, on ne peut que crier, pleurer, chanter, au souvenir d'une jeunesse envolée. L'innocence, les joies simples, le bonheur sans nuages (ou si peu), les rêves... Tout, un jour, vole en éclat. L'enfance prend fin, arrive l'adolescence, ces premiers pas dans un monde et un corps étrangers, cet « âge adulte où les autres exultent ». On se sent différent, écorché, vulnérable. Le seul moyen d'avancer ? Tirer un trait sur ce que l'on était, avant, sur ces belles années que l'on regrette déjà : « je tourne la page, tourne mon héritage en lambeaux ». Et si la tristesse s'ancre au plus profond de soi, ce passage, aussi violent qu'un rituel tribal, n'en demeure pas moins inévitable...

Extrait du dernier album de Claire Denamur, Vagabonde : Rien de Moi, session live acoustique enregistrée pour 3ème Gauche TV, dans la cour intérieure de l'Hôtel Amour, à Paris.


Complainte poignante, 34 septembre parle de ces moments où l'on s'arrête pour jeter un regard en arrière (« il y a des jours, on reste là, au milieu des chemins noirs d'autrefois »), de ces instants perdus, de ces rendez-vous manqués (« sur le bord des comptoirs, on laisse de l'espoir filer »), des regrets et des remords qui nous rongent (« il y a des fossiles sous nos peaux, des creux, des vagues qui nous ravagent »), du désespoir qui nous hante (« il y a des nuits où l'on ne rêve plus, et que passent les heures... »).
Le temps passé, ballade acoustique sans concession, se penche sur la vieillesse, ce « vieil âge » où la « jeunesse s'est envolée », où l'on cherche à se souvenir des « sensations perdues », où la « mémoire [nous] joue des tours ».
Avec des mots d'enfant dans une bouche adulte, A child pointe les désillusions auxquelles l'on doit faire face en grandissant : « since I was a child, I've been taught that the sun always shines after the rain » [NDLR en français : « depuis que je suis enfant, on m'a appris que le soleil brillait toujours après la pluie »], « since I was a child, I've been taught that the heart with time gets better » [NDLR en français : « depuis que je suis enfant, on m'a appris que le cœur, avec le temps, va mieux »].

Crédit photos (Vagabonde, Claire Denamur - Photosession) : Jan Welters.

Émouvante, mystérieuse, D'un autre monde joue sur deux mots aussi proches qu'éloignés, la « différence » et l' « indifférence ». Quand on se sent différent des autres (« je ne connais rien, à ce que je vois, et je reste coi, sans comprendre »), quand on ne se sent pas à sa place (« je viens d'un peu nulle part, tombée au hasard, au milieu des foules »), on a quelquefois l'impression de n'avoir aucune importance aux yeux du monde (« je peux crier, sans qu'on m'entende, je peux tout quitter, sans qu'on m'attende »).

Auteur : Cécile Duclos

Retrouvez Claire Denamur sur le web : sur son site officiel, sur myspace et bien sûr, sur facebook.
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Le dernier album de Claire Denamur, Vagabonde, est sorti le 19 septembre 2011.
Crédit photos (Vagabonde - Photosession) : Jan Welters.

La tournée de Claire Denamur continue ! 
Claire Denamur sera en concert le :
24/01/12 à Grenoble / Théâtre Saint Marie d’en Bas
21/02/12 à  Canteleu / Espace Culturel F. Mitterrand
07/03/12 à Cherbourg / Festival Femmes dans la ville
11/03/12 à Petite Forêt / Espace culturel Barbara
13/03/12 à Saint-Martin de Crau / Festival Voix de Femmes
23/03/12 à Fumel / Centre Culturel
30/03/12 à Tourouvre / Festival de la Chanson
06/04/12 à Calais / Centre Culturel Gérard Philippe
13/04/12 à Béthune / Théâtre de Poche
20/04/12 à Chalette / Centre Culturel

Mon espace conso
Le dernier album de Claire Denamur:
Vagabonde, octobre 2011.
Voir tous les produits (CD, mp3, collectors...) autour de Claire Denamur



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1 commentaires:

inthemoodforclaire a dit…

Quel bel article ...

Merci pour le bonus vers notre site http://www.inthemoodforclaire.fr

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