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Ce que l'on a moins aimé (dans l'exposition Artemisia au Musée Maillol) : la disposition des œuvres (les numéros ne se suivent pas toujours, et la mise en œuvre de l'ordre chronologique est tout à fait personnelle...) ; la répartition entre le premier et le second niveau (les plus belles œuvres sont rassemblées à l'étage, ce qui rend quelque peu décevante la première partie de l'exposition, surtout quand on ne sait pas qu'elle se poursuit en haut...) ; les visites groupées, véritables plaies stagnant devant les plus belles pièces ; certains tableaux, bien en deçà du Caravage (mais est-il besoin de comparer ?).
Ce que l'on a aimé : tout le reste !
Ce que l'on a moins aimé (dans l'exposition Artemisia au Musée Maillol) : la disposition des œuvres (les numéros ne se suivent pas toujours, et la mise en œuvre de l'ordre chronologique est tout à fait personnelle...) ; la répartition entre le premier et le second niveau (les plus belles œuvres sont rassemblées à l'étage, ce qui rend quelque peu décevante la première partie de l'exposition, surtout quand on ne sait pas qu'elle se poursuit en haut...) ; les visites groupées, véritables plaies stagnant devant les plus belles pièces ; certains tableaux, bien en deçà du Caravage (mais est-il besoin de comparer ?).
Ce que l'on a aimé : tout le reste !
Artemisia Gentileschi, une femme peintre au XVIIème siècle
« Vous trouverez en moi l’âme de César dans un corps de femme » (Artemisia Gentileschi)
La fulgurante ascension d'Artemisia Gentileschi

Artemisia Gentileschi, le drame d'une vie
Cependant, une question ne cesse de revenir : Artemisia Gentileschi doit-elle sa force de caractère et sa détermination à l'événement tragique qui bouleverse sa vie alors qu'elle n'a même pas 18 ans ?

L'exposition Artemisia au musée Maillol
Présentant les œuvres par ordre chronologique (ou presque), l'exposition Artemisia au musée Maillol retrace les étapes clefs de la carrière d'Artemisia Gentileschi.
L'exposition Artemisia au musée Maillol : Rome, un tremplin de choix
Tout commence à Rome, dans l'atelier de son père Orazio. Pendant que les filles de son âge préparent (quand elles ne cousent pas, ne prient pas au couvent, etc.) les couleurs qu'utiliseront leur père et leurs frères (qui hériteront de l'atelier paternel), Artemisia Gentileschi fait bien plus que broyer des pigments, confectionner des pinceaux et brosser des fonds. Elle apprend le dessin et la peinture, et son talent ne passe pas inaperçu aux yeux de son père. Bien plus douée que ses frères, elle l'assiste de la préparation des toiles à la finalisation de certains tableaux. Et lorsqu'elle ne peint pas et qu'elle ne s'occupe pas de la maisonnée et de ses nombreux frères (sa mère meurt alors qu'elle n'a que 15 ans)... elle pose. A une époque où les peintres, pour leurs nus féminins, n'ont d'autres modèles que les prostituées (une solution aussi risquée qu'onéreuse) et les jeunes éphèbes aux formes androgynes, Orazio Gentileschi fait figure de privilégié : non seulement sa fille le seconde, mais en plus, elle pose nue pour lui ! Et entre deux séances d'apprentie-modèle, elle peint ses premiers tableaux.
Parmi les œuvres de jeunesse présentées dans l'exposition Artemisia au musée Maillol, nous retiendrons la Vierge à l’enfant datant de 1609 (Artemisia Gentileschi n'a alors que 16 ans), une mystique Sainte Cécile (1610-1612) dont les vêtements aux couleurs terreuses rappellent les drapés du Titien et de Véronèse, une belle Danaë (1612) qui se pâme sous la pluie d'or, et le terrifiant Judith et Holopherne (1612), un thème que l'artiste reprendra maintes fois au fil de sa carrière, répandant les flots de sang à la manière de son maître, Le Caravage.
L'exposition Artemisia au musée Maillol : Florence, l'eldorado
Avec son mari, Artemisia Gentileschi quitte le Latium en 1613 pour la Toscane, où elle rejoint la cour du Grand-duc de Médicis. Installé à Florence, le couple a plusieurs enfants, sans que cela n'entrave la carrière florissante de la jeune artiste. A 23 ans, celle-ci réussit l'incroyable exploit d'être la première femme admise à l'Académie du dessin, une institution particulièrement réputée conçue par Léonard de Vinci et Raphaël. Outre la gloire, ce nouveau statut lui offre la liberté... d'un homme : dès lors, elle n'a plus besoin de la tutelle de son mari (ou de son père) sans laquelle elle ne pouvait exercer son métier puisqu'il était alors interdit aux femmes d'acheter leurs couleurs, de percevoir de l'argent, de voyager seules, de signer un contrat, etc.
A la cour, où sa place est désormais acquise, Artemisia Gentileschi côtoie d'autres artistes (Cristofano Allori, Buonarroti le Jeune...), se place sous la protection de personnages influents comme Cosme II de Médicis et la Grande-duchesse Christine de Lorraine, se lie d'amitié avec des intellectuels comme Galilée, et rencontre un jeune et brillant intellectuel dont elle tombe follement amoureuse, le noble florentin Francesco Maria Maringhi, qui de mécène deviendra son amant.
C'est dans cette section de l'exposition Artemisia au musée Maillol, que vous pourrez admirer l'une des plus belles pièces de cette rétrospective, Judith et la servante avec la tête d’Holopherne (1617-18).
Prenez également le temps d'apprécier la délicatesse de la Vierge allaitant (1616-18) et de vous familiariser, dans l'Autoportrait au luth (1615-1619), avec les traits de l'artiste. En effet, si l'on en croit les rumeurs mondaines de l'époque, Artemisia Gentileschi était considérée comme une femme particulièrement charismatique, en plus d'être célèbre. Nombre de ses commanditaires n’hésitaient donc pas à lui demander d'apparaître sur ses propres tableaux, sous l'apparence de l'un ou l'autre des personnages (une sainte, une héroïne biblique, etc.). Imprégnez-vous donc de son visage très caractéristique, et vous verrez, vous ne cesserez de le croiser au fil de l'exposition !
L'exposition Artemisia au musée Maillol : retour à Rome, triomphal

L'exposition Artemisia au musée Maillol : Naples, la consécration
« Si j’avais été un homme, je doute fort que les choses aient tourné de cette façon. (…) Mais je montrerai à Votre Seigneurie ce qu’une femme sait faire. (...) Regardez mes œuvres : elles parlent d’elles-même ! » (Artemisia Gentileschi à l'un de ces mécènes, à Naples)


Les démons d'Artemisia Gentileschi
Artemisia Gentileschi cherchait-elle à exorciser ses démons dans ses tableaux ? Si l'on en juge par le nombre impressionnant de toiles représentant un homme mutilé (ou tout bonnement massacré) par une femme, il semblerait bien que oui : de l'armée de Judith décapitant Holopherne (pour sauver le peuple juif pris dans la tourmente de la guerre) à Yaël plantant un clou dans la tête de Sisra, en passant par Dalila tranchant les cheveux de Samson (lui ôtant ainsi sa force surhumaine), les symboles castrateurs ne manquent pas. Mais ce n'est pas tout : si l'on compare la célèbre Judith du Caravage à celle d'Artemisia Gentileschi (Judith et Holopherne (1612)), la différence est frappante : l'une est dégoûtée, l'autre triomphe, fière et presque souriante, sans l'ombre d'un regret, d'une hésitation.
La Judith du Caravage :
La Judith du Caravage :
La Judith d'Artemisia :
Artemisia Gentileschi nourrissait-elle des pulsions vengeresses envers l'homme qui l'avait violée ? Lorsque l'on sait que l'une de ses Judith (le tableau est conservé à la Galerie des Offices, à Florence) décapite un Holopherne qui porte les traits d'Agostino Tassi, il est difficile d'en douter... Et si le premier tableau de la jeune femme (alors âgée de 17 ans) représente Suzanne, nue dans son bain, surprise par d'affreux vieillards (un autre thème cher à l'artiste), ce n'est peut-être pas un hasard non plus. Aussi, battue et insultée par son père et son frère Giulio des années plus tard à son retour à Rome, Artemisia Gentileschi ne se laisse pas, une nouvelle fois, abattre. Face à la barbarie, elle use, encore et toujours, de la seule arme qu'elle maîtrise à la perfection : la peinture.
Toutefois, la prépondérance des figures féminines dans l’œuvre d’Artemisia Gentileschi (des héroïnes bibliques aux Saintes, en passant par les portraits de femmes nobles, les autoportraits, etc.) ne reflète pas forcément une volonté déterminée de l'artiste. Rappelons qu'en effet, au XVIIème, les femmes peintres n'avaient accès (à leurs débuts du moins) qu'à des modèles féminins, que les commanditaires eux-mêmes choisissaient le plus souvent les sujets de leurs toiles (et que l'on préférait confier les jeunes femmes nobles aux pinceaux de portraitistes de sexe féminin, peu nombreuses), et qu'enfin, les femmes occupaient un place primordiale dans les représentations picturales à destination privée.
Auteur : Cécile Duclos
Informations pratiques :
Exposition Artemisia au Musée Maillol
Artemisia (1593 / 1654), Pouvoir, gloire et passions d’une femme peintre
Direction : Patrizia Nitti, Directeur artistique du Musée Maillol
Dates : du 14 mars au 15 juillet 2012
Adresse : Musée Maillol, 61 rue de Grenelle, 75007 Paris
Horaires : tous les jours de 10h30 à 19h, y compris les jours fériés ; nocturne le vendredi jusqu'à 21h30
Tarifs : plein 11 € ; réduit 9 € ; gratuit pour les moins de 11 ans
Crédits photos :
Artemisia Gentileschi, Autoportrait au luth, © Curtis Galleries, Minneapolis, Minnesota
Artemisia Gentileschi, Bethsabée au bain, © Photo Courtesy Sotheby's, Milano
Artemisia Gentileschi, Judith et Holopherne, © Fototeca Soprintendenza per il PSAE e per il Polo museale della città di Napoli
Artemisia Gentileschi, Vierge allaitant, © Mathieu Ferrier, Paris
Artemisia Gentileschi, Suzanne et les vieillards, © Archivio Fotografico del Museo Biblioteca e Archivio Bassano del Grappa
Crédits photos :
Artemisia Gentileschi, Autoportrait au luth, © Curtis Galleries, Minneapolis, Minnesota
Artemisia Gentileschi, Bethsabée au bain, © Photo Courtesy Sotheby's, Milano
Artemisia Gentileschi, Judith et Holopherne, © Fototeca Soprintendenza per il PSAE e per il Polo museale della città di Napoli
Artemisia Gentileschi, Vierge allaitant, © Mathieu Ferrier, Paris
Artemisia Gentileschi, Suzanne et les vieillards, © Archivio Fotografico del Museo Biblioteca e Archivio Bassano del Grappa
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Le catalogue de l'exposition Artemisia au musée Maillol : Artemisia 1593-1654, Roberto Contini et Francesco Solina, Editions Gallimard, 15 mars 2012, 255 pages. Voir tous les produits (Livres, DVD, collectors...) autour d'Artemisia |
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Le hors série Découvertes Gallimard : Artemisia Gentileschi : Ce qu'une femme sait faire !, Alexandra Lapierre, Hors série Découvertes Gallimard, 8 mars 2012, 50 pages. Voir tous les produits (Livres, DVD, collectors...) autour d'Artemisia |
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La bibliographie d'Artemisia : Artémisia : Un duel pour l'immortalité, Alexandra Lapierre, Pocket, 1 mars 2012. Voir tous les produits (Livres, DVD, collectors...) autour d'Artemisia |
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Le film Artemisia : Artemisia 1593-1654, d'Agnès Merlet, avec Emmanuelle Devos et Maurice Garrel, ARTE Editions, 2 mai 2012. Voir tous les produits (Livres, DVD, collectors...) autour d'Artemisia |

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