vendredi 13 avril 2012

L'exposition Artemisia au Musée Maillol

Artemisia au Musée MaillolJusqu'au 15 juillet 2012, c'est à Paris, au musée Maillol que vous pourrez, le temps d'une exposition, partager le quotidien de la mythique Artemisia Gentileschi. Connue tant pour son talent précoce, les événements dont elle fut l'infortunée victime, sa personnalité bien trempée, son troublant magnétisme, que pour l'extraordinaire émancipation dont elle fit preuve pour s'adonner corps et âme à sa passion, la peinture, cette célèbre artiste du XVIIème est fascinante à plus d'un égard. Et lorsque l'on sait dans les plus grands musées du monde, ses toiles se comptent souvent sur les doigts d'une main, on apprécie d'autant plus l'énergie qu'il a certainement fallu déployer pour monter une exposition de cette envergure qui présente, entre autres curiosités, un nombre considérable de tableaux provenant de collections privées. Une occasion unique, donc, de découvrir dans les semaines qui viennent une artiste qui n'a retrouvé ses lettres de noblesse que récemment, après trois siècles de mise à l'index sous prétexte... qu'elle n'était pas un homme. Première rétrospective française à rendre hommage à cette figure essentielle de la peinture baroque, l'exposition Artemisia (1593 / 1654), Pouvoir, gloire et passions d’une femme peintre s'annonce comme l'une des plus riches de la saison.

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Ce que l'on a moins aimé (dans l'exposition Artemisia au Musée Maillol) : la disposition des œuvres (les numéros ne se suivent pas toujours, et la mise en œuvre de l'ordre chronologique est tout à fait personnelle...) ; la répartition entre le premier et le second niveau (les plus belles œuvres sont rassemblées à l'étage, ce qui rend quelque peu décevante la première partie de l'exposition, surtout quand on ne sait pas qu'elle se poursuit en haut...) ; les visites groupées, véritables plaies stagnant devant les plus belles pièces ; certains tableaux, bien en deçà du Caravage (mais est-il besoin de comparer ?).
Ce que l'on a aimé : tout le reste !

Artemisia Gentileschi, une femme peintre au XVIIème siècle

« Vous trouverez en moi l’âme de César dans un corps de femme » (Artemisia Gentileschi)

La fulgurante ascension d'Artemisia Gentileschi

Artemisia Gentileschi, Vierge allaitant, © Mathieu Ferrier, ParisNée à Rome en 1593, Artemisia Gentileschi baigne dès son plus jeune âge dans la peinture. Formée dans l'atelier de son père Orazio Gentileschi, l'un des disciples du Caravage, elle s'impose rapidement comme l'une des principales figures baroques, et conjointement, comme l'une des rares femmes peintres reconnues à l'époque. Jouant avec les clairs-obscurs, s'attelant à tous les sujets, réservés ou non aux hommes (comme les scènes historiques et religieuses, les femmes étant habituellement cantonnées aux genres dits moins « nobles », les natures mortes et les portraits), Artemisia Gentileschi entre avec panache à la cour des Médicis. Les commandes affluent : de grands collectionneurs achètent ses tableaux, des cardinaux, des princes multiplient les offres, des nobles romaines commandent leur portrait. Sa réputation franchit les frontières italiennes, Charles Ier l'invite expressément à la cour d'Angleterre. C'est la consécration : affranchie de toute domination masculine dans une société patriarcale où l'autorité revient de droit au père, au mari et aux frères, Artemisia Gentileschi prouve au monde entier que les femmes, au même titre que les hommes, peuvent atteindre des sommets dans l'art.

Artemisia Gentileschi, le drame d'une vie

Cependant, une question ne cesse de revenir : Artemisia Gentileschi doit-elle sa force de caractère et sa détermination à l'événement tragique qui bouleverse sa vie alors qu'elle n'a même pas 18 ans ?
Suzanne et les vieillards, Artemisia Gentileschi, © Archivio Fotografico del Museo Biblioteca e Archivio Bassano del GrappaEn 1611, la jeune fille est violée à plusieurs reprises par son précepteur privé, le peintre Agostino Tassi, un ami et collègue de son père. Un an plus tard, ce dernier refusant de réparer sa faute en épousant sa victime (qui se verrait ainsi lavée de tout déshonneur), Orazio Gentileschi porte l'affaire devant le Pape. Rendue publique, celle-ci donne lieu à un procès fleuve de sept à neuf mois selon les sources. Le scandale éclate, éclaboussant l'accusé mais aussi, et surtout, la victime. Humiliée, bafouée, Artemisia Gentileschi doit se soumettre aux nombreuses sommations d'une entreprise judiciaire sans pitié : les interrogatoires déterrent tous les détails sordides, la jeune fille doit subir un examen gynécologique, avant de passer... par la « question ». Et si peu de gens résistent à la torture, Artemisia Gentileschi en fait partie ; elle maintient les charges qui pèsent sur son bourreau. Bourreau qui s'avère, lors de l'instruction, la pire des crapules : non seulement il s'apprêtait à dérober des tableaux (appartenant à Orazio Gentileschi), mais en plus, cet auteur d'un inceste impuni caressait le doux projet d'estourbir... sa femme. Quand enfin la sentence tombe, les Gentileschi sont soulagés : Agostino Tassi est reconnu coupable. Condamné à l'exil des États pontificaux (il est interdit de séjour à Rome), il doit purger une peine de prison. Sauf que dans les faits, il n'en sera rien. Protégé par de puissants mécènes, on le retrouve dès 1620 à la cour de Rome, frais comme un gardon, honorant commandes sur commandes pour de prestigieux clients peu regardants. Quant à Artemisia Gentileschi, son procès à peine terminé, elle est contrainte d'épouser un peintre médiocre du nom de Pierantonio Stiattesi. Son père gonfle suffisamment sa dot (son futur beau-fils a beau être d'origine modeste, sa fille n'en est pas moins déshonorée) pour assurer son mariage, avec, de surcroît, un peintre. C'est en effet la condition sine qua non pour qu'elle soit reçue en tant que femme peintre à la cour de Florence, son mari devant exercer le même métier qu'elle. Mais si ainsi, l'honneur fut sauf, l'histoire ne dit pas, en revanche, si la blessure se referma un jour. Tout ce que l'on sait, c'est qu'Artemisia Gentileschi s'éteignit à Naples vers 1652 (1654 ?), après une brillante carrière.

L'exposition Artemisia au musée Maillol

Présentant les œuvres par ordre chronologique (ou presque), l'exposition Artemisia au musée Maillol retrace les étapes clefs de la carrière d'Artemisia Gentileschi.

L'exposition Artemisia au musée Maillol : Rome, un tremplin de choix

Tout commence à Rome, dans l'atelier de son père Orazio. Pendant que les filles de son âge préparent (quand elles ne cousent pas, ne prient pas au couvent, etc.) les couleurs qu'utiliseront leur père et leurs frères (qui hériteront de l'atelier paternel), Artemisia Gentileschi fait bien plus que broyer des pigments, confectionner des pinceaux et brosser des fonds. Elle apprend le dessin et la peinture, et son talent ne passe pas inaperçu aux yeux de son père. Bien plus douée que ses frères, elle l'assiste de la préparation des toiles à la finalisation de certains tableaux. Et lorsqu'elle ne peint pas et qu'elle ne s'occupe pas de la maisonnée et de ses nombreux frères (sa mère meurt alors qu'elle n'a que 15 ans)... elle pose. A une époque où les peintres, pour leurs nus féminins, n'ont d'autres modèles que les prostituées (une solution aussi risquée qu'onéreuse) et les jeunes éphèbes aux formes androgynes, Orazio Gentileschi fait figure de privilégié : non seulement sa fille le seconde, mais en plus, elle pose nue pour lui ! Et entre deux séances d'apprentie-modèle, elle peint ses premiers tableaux.
Parmi les œuvres de jeunesse présentées dans l'exposition Artemisia au musée Maillol, nous retiendrons la Vierge à l’enfant datant de 1609 (Artemisia Gentileschi n'a alors que 16 ans), une mystique Sainte Cécile (1610-1612) dont les vêtements aux couleurs terreuses rappellent les drapés du Titien et de Véronèse, une belle Danaë (1612) qui se pâme sous la pluie d'or, et le terrifiant Judith et Holopherne (1612), un thème que l'artiste reprendra maintes fois au fil de sa carrière, répandant les flots de sang à la manière de son maître, Le Caravage.

Artemisia Gentileschi, Danaë

L'exposition Artemisia au musée Maillol : Florence, l'eldorado

Avec son mari, Artemisia Gentileschi quitte le Latium en 1613 pour la Toscane, où elle rejoint la cour du Grand-duc de Médicis. Installé à Florence, le couple a plusieurs enfants, sans que cela n'entrave la carrière florissante de la jeune artiste. A 23 ans, celle-ci réussit l'incroyable exploit d'être la première femme admise à l'Académie du dessin, une institution particulièrement réputée conçue par Léonard de Vinci et Raphaël. Outre la gloire, ce nouveau statut lui offre la liberté... d'un homme : dès lors, elle n'a plus besoin de la tutelle de son mari (ou de son père) sans laquelle elle ne pouvait exercer son métier puisqu'il était alors interdit aux femmes d'acheter leurs couleurs, de percevoir de l'argent, de voyager seules, de signer un contrat, etc.
A la cour, où sa place est désormais acquise, Artemisia Gentileschi côtoie d'autres artistes (Cristofano Allori, Buonarroti le Jeune...), se place sous la protection de personnages influents comme Cosme II de Médicis et la Grande-duchesse Christine de Lorraine, se lie d'amitié avec des intellectuels comme Galilée, et rencontre un jeune et brillant intellectuel dont elle tombe follement amoureuse, le noble florentin Francesco Maria Maringhi, qui de mécène deviendra son amant.
C'est dans cette section de l'exposition Artemisia au musée Maillol, que vous pourrez admirer l'une des plus belles pièces de cette rétrospective, Judith et la servante avec la tête d’Holopherne (1617-18).

Artemisia Gentileschi, Judith et la servante avec la tête d’Holopherne

Prenez également le temps d'apprécier la délicatesse de la Vierge allaitant (1616-18) et de vous familiariser, dans l'Autoportrait au luth (1615-1619), avec les traits de l'artiste. En effet, si l'on en croit les rumeurs mondaines de l'époque, Artemisia Gentileschi était considérée comme une femme particulièrement charismatique, en plus d'être célèbre. Nombre de ses commanditaires n’hésitaient donc pas à lui demander d'apparaître sur ses propres tableaux, sous l'apparence de l'un ou l'autre des personnages (une sainte, une héroïne biblique, etc.). Imprégnez-vous donc de son visage très caractéristique, et vous verrez, vous ne cesserez de le croiser au fil de l'exposition !

Artemisia Gentileschi, Autoportrait au luth, © Curtis Galleries, Minneapolis, Minnesota

L'exposition Artemisia au musée Maillol : retour à Rome, triomphal

Portrait d'une Dame assise, Artemisia GentileschiEn 1620, fuyant les dettes accumulées à la cour de Florence, Artemisia Gentileschi rentre à Rome. Auréolée de succès, elle peine à honorer toutes les commandes tant elle affluent, et fréquente les plus grands (Simon Vouet, Massimo Stanzione). En 1623, son mari disparaît (on n'entendra plus parler de lui) ; élevant seule ses enfants, elle a à présent toute liberté pour recevoir son amant. L'un des chefs-d’œuvres de cette période prolifique présenté à l'exposition Artemisia au musée Maillol est très certainement le magnifique Portrait d'une Dame assise (1620). Croquée dans de somptueux vêtements de velours noir tissés d'or, la jeune aristocrate se reflète dans le pommeau de la chaise. Un peu plus loin, une femme s'apprête à planter un clou... dans la tête d'un homme assoupi (qui porte, détail anecdotique, les traits de Francesco Maria Maringhi, l'amant d'Artemisia) : la toile s'intitule Yaël et Sisra (1620). Mais rassurez-vous, c'est pour le bien de l'humanité, puisque Yaël, une héroïne biblique, recevra pour cet acte barbare la bénédiction divine !

Yaël et Sisra, Artemisia Gentileschi

L'exposition Artemisia au musée Maillol : Naples, la consécration

« Si j’avais été un homme, je doute fort que les choses aient tourné de cette façon. (…) Mais je montrerai à Votre Seigneurie ce qu’une femme sait faire. (...) Regardez mes œuvres : elles parlent d’elles-même ! » (Artemisia Gentileschi à l'un de ces mécènes, à Naples)


Artemisia Gentileschi, MadeleineEn 1627, Artemisia Gentileschi s'installe à Venise avant de s'établir définitivement à Naples, en 1630, à cour du Vice-Roi, le duc d'Alcala. Entrecoupée d'un bref séjour à la cour d'Angleterre (de 1638 à 1640), à la demande pressante du roi lui-même, Charles 1er, un grand collectionneur, cette période dite napolitaine marque l'apogée de son art : dirigeant son propre atelier, Artemisia Gentileschi forme des peintres comme Cavallino qui prendront sa relève, et honore une commande de taille, ses premières toiles pour une cathédrale, celle de Puozzoli.
Artemisia Gentileschi, Bethsabée au bain, © Photo Courtesy Sotheby's, MilanoParmi les nombreux tableaux datant de cette période présentés à l'exposition Artemisia au musée Maillol, nous retiendrons la Madeleine (1630), où la Sainte plonge ses yeux dans les orbites vides d'un crâne ; l'Allégorie de la Renommée (1630-35) ; Suzanne et les vieillards (1650), l'un des thèmes favoris de l'artiste ; et Bethsabée au bain (1640-45), provenant d'une collection particulière. Sur ce dernier tableau, regardez bien le miroir noir que Bethsabée tient entre ses cuisses. Ne ressemble-t-il pas à une tablette tactile dernière génération ?...

Les démons d'Artemisia Gentileschi

Artemisia Gentileschi cherchait-elle à exorciser ses démons dans ses tableaux ? Si l'on en juge par le nombre impressionnant de toiles représentant un homme mutilé (ou tout bonnement massacré) par une femme, il semblerait bien que oui : de l'armée de Judith décapitant Holopherne (pour sauver le peuple juif pris dans la tourmente de la guerre) à Yaël plantant un clou dans la tête de Sisra, en passant par Dalila tranchant les cheveux de Samson (lui ôtant ainsi sa force surhumaine), les symboles castrateurs ne manquent pas. Mais ce n'est pas tout : si l'on compare la célèbre Judith du Caravage à celle d'Artemisia Gentileschi (Judith et Holopherne (1612)), la différence est frappante : l'une est dégoûtée, l'autre triomphe, fière et presque souriante, sans l'ombre d'un regret, d'une hésitation.

La Judith du Caravage :

Caravage, Judith décapitant Holofernes, 1598-1599

La Judith d'Artemisia :

Artemisia Gentileschi, Judith et Holopherne, © Fototeca Soprintendenza per il PSAE e per il Polo museale della città di Napoli

Artemisia Gentileschi nourrissait-elle des pulsions vengeresses envers l'homme qui l'avait violée ? Lorsque l'on sait que l'une de ses Judith (le tableau est conservé à la Galerie des Offices, à Florence) décapite un Holopherne qui porte les traits d'Agostino Tassi, il est difficile d'en douter... Et si le premier tableau de la jeune femme (alors âgée de 17 ans) représente Suzanne, nue dans son bain, surprise par d'affreux vieillards (un autre thème cher à l'artiste), ce n'est peut-être pas un hasard non plus. Aussi, battue et insultée par son père et son frère Giulio des années plus tard à son retour à Rome, Artemisia Gentileschi ne se laisse pas, une nouvelle fois, abattre. Face à la barbarie, elle use, encore et toujours, de la seule arme qu'elle maîtrise à la perfection : la peinture.
Toutefois, la prépondérance des figures féminines dans l’œuvre d’Artemisia Gentileschi (des héroïnes bibliques aux Saintes, en passant par les portraits de femmes nobles, les autoportraits, etc.) ne reflète pas forcément une volonté déterminée de l'artiste. Rappelons qu'en effet, au XVIIème, les femmes peintres n'avaient accès (à leurs débuts du moins) qu'à des modèles féminins, que les commanditaires eux-mêmes choisissaient le plus souvent les sujets de leurs toiles (et que l'on préférait confier les jeunes femmes nobles aux pinceaux de portraitistes de sexe féminin, peu nombreuses), et qu'enfin, les femmes occupaient un place primordiale dans les représentations picturales à destination privée.

Auteur : Cécile Duclos

Informations pratiques :
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Exposition Artemisia au Musée Maillol
Artemisia (1593 / 1654), Pouvoir, gloire et passions d’une femme peintre
Direction : Patrizia Nitti, Directeur artistique du Musée Maillol
Dates : du 14 mars au 15 juillet 2012
Adresse : Musée Maillol, 61 rue de Grenelle, 75007 Paris
Horaires : tous les jours de 10h30 à 19h, y compris les jours fériés ; nocturne le vendredi jusqu'à 21h30
Tarifs : plein 11 € ; réduit 9 € ; gratuit pour les moins de 11 ans
Crédits photos :
Artemisia Gentileschi, Autoportrait au luth, © Curtis Galleries, Minneapolis, Minnesota
Artemisia Gentileschi, Bethsabée au bain, © Photo Courtesy Sotheby's, Milano
Artemisia Gentileschi, Judith et Holopherne, © Fototeca Soprintendenza per il PSAE e per il Polo museale della città di Napoli
Artemisia Gentileschi, Vierge allaitant, © Mathieu Ferrier, Paris
Artemisia Gentileschi, Suzanne et les vieillards, © Archivio Fotografico del Museo Biblioteca e Archivio Bassano del Grappa

Mon espace conso
Le catalogue de l'exposition Artemisia au musée Maillol :
Artemisia 1593-1654, Roberto Contini et Francesco Solina, Editions Gallimard, 15 mars 2012, 255 pages.
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Le hors série Découvertes Gallimard  :
Artemisia Gentileschi : Ce qu'une femme sait faire !, Alexandra Lapierre, Hors série Découvertes Gallimard, 8 mars 2012, 50 pages.
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La bibliographie d'Artemisia :
Artémisia : Un duel pour l'immortalité, Alexandra Lapierre, Pocket, 1 mars 2012.
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Le film Artemisia :
Artemisia 1593-1654, d'Agnès Merlet, avec Emmanuelle Devos et Maurice Garrel, ARTE Editions, 2 mai 2012.
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