Quand on évoque Munich, certains pensent aux tristement célèbres et sombres années 30, d’autres à la fête de la bière et à ses caves à ciel ouvert, à ses belles berlines, d’autres encore au Bayern et à son impressionnante Allianz Arena. Mais, tout comme Vienne a son Museum Quartier (MQ) avec son Mumok, son Leopold, ou encore son Kunsthalle, Munich a également son pinakotheken center. Un complexe réunissant trois pinacothèques d’architecture et de genre très différents : l’ancienne (dite Alte), la nouvelle (dite Neue) et la moderne (dite Modern), sans oublier quand même le Brandhorst Museum.
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Le saviez-vous ? L'ancienne Pinacothèque de Munich compte environ 700 peintures (qui tournent régulièrement).
Le saviez-vous ? L'ancienne Pinacothèque de Munich compte environ 700 peintures (qui tournent régulièrement).
Les Pinacothèques de Munich : l’ancienne Pinacothèque
Descendu à l’arrêt Theresienstrasse de l’Ubahn (métro allemand et autrichien), on se perd un peu entre les blocs des différentes facs des rues du quartier… On finit par trouver l’entrée de l’ancienne Pinacothèque de Munich qui, nous a–t-on dit recèle des merveilles picturales qui n’auraient rien à envier à celles de notre Louvre national… Quoique.
Avant d’emprunter le colossal escalier menant à l’étage supérieur, on part à la découverte du rez-de-chaussée surélevé où se côtoient les œuvres des primitifs allemands (15ème siècle) anonymes, collectifs ou Maîtres pour certains, mais aussi d’autres dont Albrecht Dürer, Hans Baldung Grien, Matthias Nithard, Stefane Lochner. Le thème religieux y est unanimement représenté.
Au premier étage s’exposent les trois-quarts des œuvres présentes dans le musée. Plusieurs sections-salles-écoles avec en premier lieu les flamands. Œuvres de Pieter Brueghel le Jeune que je découvre ici pour la plupart ; et surtout cette magnifique Marie (La Sainte Famille) entourée d’une couronne de fleurs et de fruits, peinture fructueuse et généreuse alliant le sacré à un décor champêtre joyeux et clément. C’est verdoyant, bucolique, idyllique, tellement « humain ». A voir aussi, du Maître, Le pays de Cocagne avec la condamnation des péchés tels que la gourmandise et la paresse.
Et puis le grand Maître Pierre Paul Rubens et ses monstrueuses toiles surdimensionnées dégoulinantes de chairs grasses et flasques dévorées par des lions tout aussi monstrueux. On l’aura deviné, je déteste Rubens, sa peinture grossière, chargée, surchargée de corps difformes, gras et englués les uns aux autres… J’étouffe ! Une Marie et de pieux personnages de Van Dyck viennent heureusement me donner un peu d’air, ainsi que des toiles de Rembrandt dont des autoportraits et des paysages de Ruysdael.
L’école française y est représentée avec des tableaux de plus ou moins bon goût de Greuze ou Vernet, mais également des œuvres plus majeures de Millet (des paysages), de Sébastien Bourdon (Le four à chaux romain), de Nicolas Poussin (ses personnages mythologiques réussis), les marquises pompeuses de François Boucher, sans oublier Claude le Lorrain et ses superbes paysages et ports maritimes aux effets de lumière époustouflants.
Toujours au premier étage, l’école italienne qu’on ne présente plus avec Canaletto et Francesco Guardi, admirablement inspirés par la très photogénique Venise. Dans la contre-allée, parallèle aux galeries centrales, les enluminures et autres icônes de Fra Angelico, et Taddeo Gaddi et Nardo Di Cione… Fantastique ! Mais la toile qui m’aura le plus fascinée par sa modernité, alors que son thème est un personnage religieux, sa grâce, sa beauté, est sans conteste le Saint François d’Assise (en attente d’un signe ?) du peintre espagnol Francisco de Zurbarán.
Pas le temps de profiter de la nouvelle Pinacothèque de Munich (ce sera lors d’une prochaine halte dans la capitale bavaroise), direction la Pinacothèque d’art moderne de Munich.
Les Pinacothèques de Munich : la Pinacothèque d’art moderne
Grand bâtiment de béton brut et de verre, à l’espace intérieur impressionnant. On part directement au premier étage jauger des œuvres de Dan Flavin (artiste 60’s) et de ses gratte-ciels new yorkais en tubes néon allumés, d’Andy Warhol avec ses portraits colorés, de Joseph Beuys… Tiens, une vidéo étrange dans une salle contiguë : une femme et un homme nus, filmés en contre-plongée (donc par-dessous (hum super sexy !)), qui marchent en portant une poutre sur l’épaule. Décidément, il faut toujours que l’on tombe sur des trucs trash dans les musées austro-germaniques (lire notre article : Leopold Museum : de Schiele à Nitsch) ! Et dans le genre trash, Mark Manders n’est pas mal non plus avec son tableau vivant, représentation d’un intérieur de ferme (Silent Factory, 2000), d'un chat empaillé sur une chaise en paille.
Plus loin, dans une autre salle, de grands panneaux explicatifs et informatifs du danois Henrik Olesen reprenant chacun les différentes formes de l’homosexualité. Planches argumentées de textes et images illustrant les thèmes de l’homosexualité avec les notions de genre (la poule), les ours (avec des gays bien poilus !), la lutte, la maladie, les droits, les lesbiennes… Dans les pièces voisines, des sculptures métalliques de John Chamberlain, des peintures de Georg Baselitz…
Mais, nous, ce qui nous intéresse vraiment avec le petit, c’est le design et les voitures de collection que l’on aperçoit de là-haut. On dévale le grand escalier et nous voilà à l’entresol, émerveillés par de veilles voitures et motos de collection dignes de ce nom : Porsche, BMW, et la fameuse DS… Puis, grande exposition sur tous les objets design du quotidien des années art nouveau et art déco, des années Bauhaus aux années 50, 60 et 70 : l’histoire des micro ordinateurs avec ces ancêtres que nous avons connus petits avec des lecteurs de disquettes et des écrans MacIntosh bicolores noir et orange, ou noir et vert ; de superbes meubles en bois et laque art déco ; l’armoire secrétaire de Peter Berhens ; le fameux fauteuil de Josef Hoffmann ; les chaises de Marcel Breuer et de Gebrüder Thonet ; de la vaisselle ; d’étranges lampes en forme de gélules médicamenteuses bicolores, reflet et illustration évidente de l’époque sixties ; ou encore cette vieille chaîne hi-fi platine de la même époque.
On sort la tête bien pleine, et le ventre bien creux… Ça tombe bien, une brasserie au son curieusement polonais nous tend les bras juste à la sortie… La Brasserie Tresznjewski : et là, c’est à vous en faire exploser la panse tellement c’est bon (n’échappez pas au gigantesque hamburger avec un vrai steak (pas haché) à l’intérieur, ni à leur mousse au chocolat présentée en assiette sous forme de petits tas de mousse avec des fruits de saison, encore moins à leur apfelstrudel chaud baigné dans une soupe de vanille...). Mais tout cela, c’est une autre histoire… Destination maintenant : la Résidence des Wittelsbach.
Auteur : Karine Morel
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