mardi 30 octobre 2012

Interview de Buridane, pas fragile mais badaboum

Interview de Buridane, pas fragile mais badaboumLa légende dit qu'un jour, un âne serait mort d'indécision – enfin, de faim et de soif –, parce qu'il aurait été incapable de choisir entre l'avoine et l'eau. Le paradoxe de l'âne de Buridan, Buridane le très connaît bien puisqu'elle en a fait son nom de scène (au féminin). Lorsque nous retrouvons la jeune femme dans les locaux abracadabrants de Believe Recordings (un bâtiment aveugle entre le bunker et le parking bétonné, flanqué d'un mobilier années 70 façon Star Trek), le jour même de la sortie de son premier album Pas Fragile, c'est avec la fraîcheur et la gaieté d'une artiste comblée qu'elle nous parle d'âne, de mantra, de malheur et de bonheur, de super-héros et de claustrophobie, de famille et psy, de badaboum et d’émotion nostalgique, de petit canard noir et de cygne, de Batlik, des French Cowboys, de Lamarca et de Johnny Cash, d'optimisme, de danse et de guitare classique, de Gaston Lagaffe, de Madame de La Fayette et de Grégoire Bouillier... Interview de Buridane, pas fragile mais badaboum !


Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Bonus : A la question « Si vous deviez choisir entre la résurrection, la vie éternelle, le triplet enfer-purgatoire-paradis, ou le néant, quelle serait votre décision au seuil de la mort ? », Buridane répond : « Le néant. »

Le premier album de Buridane, Pas Fragile

« Pas fragile, est une sorte de mantra pour trouver, au fond de soi, la force que les autres pensent que l'on n'a pas. »

Parlez-nous de votre album Pas Fragile.
Pas Fragile est le fruit de quatre années de travail, d’écriture, de composition et de sélection de morceaux, dont 3 mois d'enregistrement. Ça a été long [rires], mais c'était nécessaire pour que ce premier album ne soit trop « frais ». Je voulais qu’il soit le plus abouti possible. Et aujourd’hui, j’ai la conviction de pouvoir l’assumer pleinement et pour longtemps !

Passage obligé pour entrer dans la 3ème dimension : une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan (en carton, ça suffit).
Pour entrer dans la 3ème dimension, une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan suffit (n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'agrandir).

Concernant la phase de création, qu'est-ce qui vous a semblé le plus difficile ?
La période de mix. Là, tout devient beaucoup plus abstrait. La création, les arrangements, le studio, c'est très concret ; on agit, on entend un résultat. Le mix, c’est quelque chose de plus subtil. N'étant pas musicienne à la base, je dois avouer que j'ai eu du mal ! Après des semaines et des semaines passées un casque sur les oreilles à travailler sur les sons, d'un coup, on n'a plus de recul, on n’entend plus rien... Je dois dire que j'ai un peu paniqué à ce moment-là !

Le plus facile ?
Le studio. Je pensais que je n’allais pas aimer cette étape-là, vu que mon projet est né et s'est développé sur scène. Le studio, à mes yeux, avait un côté mathématique qui me refroidissait un peu. Du coup, me sentir dans mon élément en studio, ça a été une véritable surprise ! J'étais hyper bien, et la personne qui s'occupait des arrangements semblait tout saisir. Je n'avais rien à dire pour qu'elle comprenne, c’était magique ! Oui, il y avait vraiment quelque chose de magique. Le monde extérieur ne comptait plus, il n'y avait plus que le studio – une petite pièce – et nous deux ; la musique et rien d’autre. Du coup, il y avait un sentiment de protection et de bien-être qui eux aussi, me coupaient un peu plus de la réalité... C’était vraiment un bon moment !

Buridane, (c) Fabienne Chemin

Le plus émouvant ?
Lorsque j’ai reçu le premier disque pressé et que je me suis retrouvée avec, dans les mains, mon travail et celui de toute mon équipe !...

L'album porte le titre Pas Fragile (qui est aussi celui d'une chanson). Pensez-vous que « ce qui ne tue pas rend plus fort » (proverbe qui apparaît dans le morceau Jusqu'où petite) ?
Oui, d’ailleurs je pense que ce titre, Pas Fragile, est une sorte de mantra pour trouver, au fond de soi, la force que les autres pensent que l'on n'a pas.

Du premier album de Buridane Pas Fragile, à son premier single Badaboum

« Vivre avec la peur, c’est vivre à moitié »

Pouvez-vous nous parler du single Badaboum ?
Si je devais résumer Badaboum en une phrase, je dirais que le malheur des uns fait le bonheur des autres. J'ai remarqué que l'on trouve parfois quelque chose de rassurant à côtoyer quelqu’un qui ne va pas bien. On a alors un rôle de protection, un peu de « super-héros » – c’est ce que je dis dans ma chanson –. Mais le jour où ça va mieux, les rôles s’inversent... Et on ne sait plus trop sur quoi baser la relation. Du coup, on n’aime pas les gens heureux ; c'est aussi une forme de jalousie.

Comment traduiriez-vous « je suis badaboum » ?
C’est une sorte d’émotion nostalgique.

Buridane, (c) Fabienne Chemin

Dans Rapport à, il y a cette phrase « je parle du rapport à la mère à l'amour à la mort ; je parle de mon rapport au père au pire au départ » : pouvez-vous nous en dire plus ?
Dans mes chansons, j’aborde des grands sujets qui nous touchent tous : l’amour, la mort, la vie, la famille... Les parents, ce sont les fondateurs de notre personne, c’est dans l’enfance que nous commençons à nous construire.

Si votre premier album Pas Fragile était un souvenir d'enfance, ce serait ?
Mes séances chez le psy [rires] !

… qui restent un bon souvenir ?
Oui [rires] !

Une peur ?
La claustrophobie, l’étouffement.

Une citation ou un proverbe ?
Une citation espagnole (« Vivir con miedo es como vivir a medias ») : « Vivre avec la peur, c’est vivre à moitié ».

Avez-vous des origines espagnoles ?
Non, pas du tout [rires] ! Je ne sais plus comment j'ai découvert cette citation, mais je l'aime beaucoup.

Buridane, (c) Camille Vivier

Et si c'était une célèbre histoire d’amour ?
La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, avec toutes ces relations qui agitent la cour du roi, ces histoires d’amour impossibles, tous ces adultères et ces gens qui aiment quelqu’un qui aime quelqu’un d’autre.

Un rêve ?
Oh [rires] ! C’est un peu classique, mais... un petit canard noir qui se transforme en cygne !

Le choix de Buridane, « pas fragile »

« Choisir peut être très compliqué. C’est sans doute aussi pour cette raison-là que je prends beaucoup de temps dans ce que je fais, j'ai besoin de peser le pour et le contre, je veux être sûre de ne pas regretter. C’est un peu une façon de vivre ! »

Vous avez choisi « Buridane » comme nom de scène, en référence au philosophe Buridan du 13ème siècle. Pourquoi ?
Pour la fameuse question du choix, qui a toujours été prédominante chez moi, préoccupante même à une certaine période de ma vie, aujourd’hui encore d'ailleurs. Choisir peut être très compliqué. C’est sans doute aussi pour cette raison-là que je prends beaucoup de temps dans ce que je fais, j'ai besoin de peser le pour et le contre, je veux être sûre de ne pas regretter. C’est un peu une façon de vivre !

A la place de l'âne, auriez-vous choisi l'eau ou l'avoine ?
J’aurais choisi l’eau, en sachant que de toute façon, j'allais mourir de faim sur la route [rires] !

Quels sont vos premiers émois musicaux ?
Batlik, et les French Cowboys.

Vos derniers coups de foudre musicaux ?
Lamarca, un artiste qui est en train d’émerger, et… Ah oui, c’est vieux, mais je viens d'acheter un album de Johnny Cash !

Pas Fragile est un album à la fois sombre et lumineux ; diriez-vous que vous êtes plutôt optimiste ou pessimiste ?
Fondamentalement optimiste [rires] !

Buridane, (c) Fabienne Chemin

Avant de vous lancer dans la musique, vous faisiez de la danse contemporaine ; que s'est-il passé ?
Je pense que j’ai manqué de courage et peut-être aussi de motivation pour m’engager concrètement dans ce métier-là que je trouvais très complexe. D'autant que je ressentais une forme de frustration dans le mode d’expression de cet art-là. Avec la chanson, il y a quelque chose de bien plus direct, que l'on peut partager beaucoup plus facilement et rapidement avec le public. On a vraiment la sensation de pouvoir se faire comprendre.

Plus précisément, quel a été le déclic ?
Je faisais de la musique depuis deux ans déjà, mais je me laissais un peu porter par les événements. J’avais un tourneur, je trouvais ça agréable. Jusqu'au moment où je me suis dit : « bon, il va peut-être falloir faire un choix : est-ce que j’aime ça, est-ce que j’ai vraiment envie de faire ça, est-ce mon métier ? ». Si la réponse était oui, il était temps que je devienne vraiment actrice des choses. Le déclic n'a pas eu lieu d’un coup, il s'est fait au fil du temps, au cours de ces deux années.

Comment avez-vous appris la musique ?
En écoutant des disques de Batlik et de la chanson française un peu ringarde, aussi, que je m’amusais à reprendre à la guitare [rires]. Après, je crois que tout s'est vraiment fait sur scène. C'est avec mes musiciens que j'ai vraiment appris à jouer en rythme, à chanter.

Et la guitare ?
Enfant – je devais avoir 7 ans –, j’ai fait 2-3 ans de guitare classique. Cela m'a permis d'acquérir les bases, comme le positionnement des doigts sur la guitare, et pour le reste, j’ai beaucoup appris seule.

Quel est votre super-héros ou anti-héros préféré ?
Gaston Lagaffe [rires] !

Pourquoi ?
Je suis certaine qu’au fond, il le fait exprès ! Il n’est pas réellement comme ça [rires].

Quel est l'écrivain qui vous a plus touchée ?
Grégoire Bouillier. J'ai vraiment été bouleversée par son écriture, par la forme mais aussi par le fond. C’est un auteur qui aime bien, dans ses livres, établir des liens de cause à effet, qui décortique et analyse les choses. Il fait des rapprochements – souvent tirés par les cheveux ! – entre les différents éléments d'une vie et c'est ce que j’adore !

Quels sont vos projets ?
A court et moyen termes, défendre mon album sur scène, le mieux et le plus possible ! C'est au Café de la danse que commencera ma tournée. A plus long terme, me pencher sur un 2ème album...

...que vous avez déjà commencé ?
A écrire, oui ! Mais je ne sais pas encore ce que je garderai [rires] !

Interview réalisée le 1er octobre 2012 par Cécile Duclos

Buridane, Pas Fragile, octobre 2012
Copyright photo (hors 3D) : Fabienne Chemin, Camille Vivier

Retrouvez Buridane sur le web : sur son site officiel, sur twitter ou sur facebook.

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Le premier album de Buridane :
Pas Fragile, Buridane, Believe Recordings, octobre 2012.
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