lundi 10 décembre 2012

Interview de Nadéah, sur les routes de France et d'Australie

Interview de Nadéah, sur les routes de France et d'AustralieA l'occasion de la sortie de Whatever Lovers Say, son dernier EP aux accents rock, pop et jazz, nous retrouvons Nadéah, une artiste australienne. Souriante, la jeune femme nous parle (en français) de son nouveau disque, de Rothko, de Beethoven et de Pessoa, de musique et d'émotion, de schémas de vie et d'hôpital psychiatrique, du son sexy de la contrebasse et de petits amis, de comédie musicale, de drogue et de chimie... Interview de Nadéah, sur les routes de France et d'Australie.

A écouter : Nadéah en session acoustique

Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Bonus : Quand on demande à Nadéah d'où vient son nom de scène, celle-ci nous répond qu'il s'agit... de son prénom.

Interview de Nadéah pour son dernier EP, Whatever Lovers Say

« Très souvent, les gens qui ne rentrent pas dans un cadre – alors qu'ils le devraient, selon certains – sont mis soit à l'écart, soit en hôpital psychiatrique. Et même là-bas, on trouve qu'ils sont anormaux ! »

Comment est né votre dernier EP, Whatever Lovers Say ?
Après mon premier album, je me suis remise à l'écriture et j'avais hâte d'enregistrer les nouveaux morceaux. Je ne voulais pas attendre l'album suivant, je voulais que les gens qui les découvrent en concert puissent aussi les écouter à la maison. Mais quand j'ai décidé de faire cet EP, Nicola Tescari, mon producteur, s'y est opposé. A l'époque, il m'a dit : « Mais tu n'as rien planifié... Toi, tu vas le produire ? ». Et j'ai répondu « oui » [rires] ! On est donc allé à l'encontre de sa décision. Mais au final, il était content et l'enregistrement s'est très bien passé.

Concernant cet EP, qu'est-ce qui vous a semblé le plus difficile ?
Rien ne m'a paru difficile excepté, peut-être, l'enregistrement de la chanson Whatever Lovers Say. Le disque était terminé, mais je voulais absolument qu'elle soit dedans. Alors on l'a enregistrée 1 fois, 2 fois, 5 fois... Je n'étais jamais contente du résultat ! [rires] Pour les autres titres, il n'y a eu aucun problème, c'était génial. Comme on les avait joués en live, on savait déjà comment ils allaient sonner. Il suffisait, alors, d'avoir les bons musiciens, au bon endroit, avec la bonne ambiance.

Passage obligé pour entrer dans la 3ème dimension : une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan (en carton, ça suffit).
Pour entrer dans la 3ème dimension, une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan suffit (n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'agrandir).


Vous dites que vous aviez les bons musiciens...
Oui, je connaissais les bons musiciens, et je voulais que la musique prennent beaucoup de place sur cet EP. Je ne voulais pas que tout tourne autour de ma voix, comme c'est le cas, la plupart du temps, lorsque l'on enregistre un album en tant que chanteuse.

Votre EP porte le titre « Whatever Lovers Say » (qui est aussi celui du premier single). Quel est le sujet de cette chanson ?
Cette chanson parle de la première fois où l'on trompe quelqu'un. On imagine le pire, que tout le monde est au courant, alors que le plus souvent, rien de tout cela n'arrive et tout se passe bien.

Pour les autres morceaux, quelles ont été vos sources d'inspiration ?
Ain't got time vient de cette lassitude que l'on ressent à force de reproduire les mêmes schémas. J'étais énervée par ces motifs que l'on reproduit, dans la vie, sans le vouloir. Nobody but you parle de triangle amoureux ; on cherche l'amour chez les autres avant de s'aimer soi-même. Humdrum aborde un sujet totalement différent. On m'a virée d'un établissement – un centre qui accueille les gens souffrant d'addictions – non pas pour avoir fait du mal, mais juste parce qu'on m'a prise pour une folle [rires]. Ça m'a donné envie d'écrire là-dessus, en abordant, par la même occasion, le sujet de l'autorité. Très souvent, les gens qui ne rentrent pas dans un cadre – alors qu'ils le devraient, selon certains – sont mis soit à l'écart, soit en hôpital psychiatrique. Et même là-bas, on trouve qu'ils sont anormaux ! Humdrum s'adresse à tous ceux qui se sentent un peu hors norme.

Si vous pouviez demander à n'importe quel peintre (mort ou vif) de faire la jaquette de votre prochain album, qui choisiriez-vous ?
S'il est très sombre, Rothko ! Sinon, Anny Morel.

Un deuxième album est-il prévu suite à l'EP Whatever Lovers Say ?
Oui, il est en cours – d'élaboration, de composition, d'arrangements, de répétitions [rires]... – ! Contrairement au premier album qui relève plus du concept – l'idée était de mettre un sujet très noir dans un cadre très joyeux – le suivant rassemblera des titres que l'on a joués en concert. Intellectuellement parlant, il sera sans doute moins stimulant, mais il gagnera en accessibilité. Tout le monde pourra l'écouter et se l'approprier. Je ne voulais pas d'un nouvel album trop « raffiné ». Le prochain sera très simple, avec beaucoup de place pour l'émotion et la musique.

Interview de Nadéah, amoureuse et musicienne dans l'âme

« En France, j'ai côtoyé des artistes très créatifs aux influences des plus diverses. »

Quels sont vos derniers coups de foudre musicaux ?
Les Owl Dolls – en Écosse, cette expression signifie « vieille dame » – ! Ce groupe composé de deux filles fait exclusivement des reprises et c'est vraiment génial ! La chanteuse a une voix sublime !

Interview de Nadéah

Vos premiers émois musicaux ?
Beethoven, avec le célèbre Concerto Empereur. Quand je l'ai découvert, j'avais 2 ou 3 ans, mais j'ai vraiment adoré ! Ensuite, j'ai complètement craqué sur la contrebasse en écoutant un trio de jazz – avec contrebasse, batterie et guitare – , sur un disque pour enfants. J'ai trouvé le son de cet instrument terriblement sexy – même si je ne connaissais pas encore ce mot-là à 3 ans ! –, et je me suis dit « wouaou, j'adore ! ». Puis à 5 ans, il y a eu les Beatles, Cindy Lauper, The Bangles, etc.

Comment tout a-t-il débuté, musicalement parlant ?
J'ai commencé à jouer du piano seule ; à chaque fois que l'on essayait de me faire prendre des cours, j'abandonnais. A 6 ans, je composais mes premiers airs et à 12 ans, j'écrivais ma première chanson.

Et le chant ?
Quand j'étais jeune, je croyais que je chantais bien mais en réalité, je crois que j'étais très mauvaise. Aujourd'hui, j'ai tendance à penser que je ne suis pas bonne, alors qu’évidemment, je me suis améliorée [rires] !

Et la guitare ?
La guitare, c'est grâce à mes petits amis ! Ils m'ont tous appris quelque chose, que ce soit la guitare, ou le piano, par exemple.

Et vous jouez d'autres instruments ?
Non, mais bientôt, je jouerai de la contrebasse [rires] !

Quel a été le déclic, pour faire de la musique votre carrière ?
J'ai toujours voulu faire de la musique. A 12 ans, je chantais déjà dans une comédie musicale. Et j'ai continué sur cette voie-là jusqu'à 16 ans, âge auquel je me suis rendu compte que je n'aimais pas le théâtre ; c'était trop difficile, pour moi, de faire du théâtre. Du coup, j'ai décidé de prendre des drogues à la place... et c'est là que l'on trouve tous les musiciens [rires] ! J'avais 17 ans quand j'ai compris que j'avais envie de faire de la musique. C'est donc à ce moment-là que j'ai arrêté mes études de chimie.

Vous vouliez faire quel métier ?
Pharmacologue [rires] !

Interview de Nadéah

Vous avez chanté dans plusieurs groupes français avant de sortir votre premier album solo Venus Gets Even.
A 18 ans, j'ai commencé à chanter en français dans un groupe installé en Angleterre qui s'appelle The loveGods. Et lorsque je suis rentrée en France, j'ai chanté dans un nouveau groupe, B for Bang.

Seriez-vous prête, demain, à chanter à nouveau au sein d'un groupe ?
Oui, absolument ! 

Cela vous manque ?
Ce qui me manque, c'est d'être la paresseuse du groupe, de ne rien faire [rires] ! Ce n'était pas le cas dans The loveGods, mais dans Nouvelle Vague et B for Bang, comme je n'étais pas la fondatrice du groupe, ni la productrice – les arrangements me concernaient donc peu –, je n'avais qu'à chanter. J'aime bien cet état d'« enfant », où l'on ne se préoccupe de rien ; c'est idéal [rires] ! Après, bien sûr, c'est quand même bien de faire quelque chose ! J'aime beaucoup les collaborations. Ce projet – entre autres – me permet de rencontrer des musiciens. Je peux créer avec eux, même si les compositions, à la base, viennent de moi. La véritable exploration se fait à plusieurs, et c'est ce qui m'intéresse le plus ; d'une part parce que je n'ai pas les connaissances musicales suffisantes pour tout faire toute seule, d'autre part parce que cela m'ennuie terriblement d'agir seule... On n'est pas fait pour ça [rires] !

Pour votre dernier EP Whatever Lovers Say, vous avez donc composé les paroles et la musique ?
Oui, avec les accords, et tout le reste.

Née en Australie, vous vivez en France, à Paris, depuis quelques années ; que préférez-vous dans chacun de ces deux pays ?
En Australie, j'aime la proximité avec la nature. Et puis il n'y a pas la même prétention, la même « étiquette » ; les gens sont très francs là-bas, ça a des bons et des mauvais côtés [rires] ! En France, ce que j'apprécie, c'est pourtant cette même « étiquette » [rires]. Être tellement serrés dans si peu d'espace fait que chacun de nos gestes, de nos actes, acquiert une certaine importance. C'est un bon entraînement, pour moi, d'apprendre à m'intégrer dans une société comme la France [rires].

Musicalement parlant, y a-t-il des différences ?
Oh oui, il y a beaucoup plus de culture ici ! On ressent l'influence de l'Afrique, du jazz, de la culture anglo-saxonne, de la chanson française, de la musique classique, de l'electro – avec Daft Punk ! – ; il y a énormément de choses ! En Australie, les principales influences sont le rock, l'electro et la folk. Il n'y a pas beaucoup d'espace pour d'autres courants musicaux. En France, j'ai côtoyé des artistes très créatifs aux influences des plus diverses.

Pouvez-nous citer un auteur qui vous ait particulièrement touchée ?
Le poète Pessoa, quel que soit son pseudonyme !

Quel est votre rêve musical le plus fou ?
Mélanger tous les styles musicaux sur un seul et même album, sans que cela ne gêne la maison de disque, sans que les gens aient besoin de repère ou se disent « oh, mais on ne comprend pas ». Ça, c'est un rêve complètement fou, ça ne m'est encore jamais arrivé [rires] !

Et pour terminer, quels sont vos projets d'avenir ?
Poursuivre notre tournée en France – le 27 et le 28 novembre, nous jouons à la Boule Noire ; le 17 décembre, au China –, en Suisse, en Allemagne en décembre, puis en Australie en janvier prochain. On sera de retour en France le 25 janvier, puis on repartira en Europe, notamment en Angleterre.

Interview réalisée le 20 novembre 2012 par Cécile Duclos

Nadéah, Whatever Lovers Say, octobre 2012

Retrouvez Nadéah sur le web : sur son site officiel, sur wikipedia, sur facebook, sur myspace et sur twitter.

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Le dernier EP de Nadéah (en téléchargement mp3) :
Whatever Lovers Say, Nadéah, Wagram Music / Cinq 7, octobre 2012.
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