Au Grand Palais, la nouvelle saison 2011 s'ouvre sur exposition grandiose : Matisse, Cézanne, Picasso... L’aventure des Stein. La richesse de la collection particulière de cette famille juive américaine férue d'art moderne ne peut que forcer l'admiration : Henri Matisse, Paul Cézanne, Edgar Degas, Pablo Picasso, Paul Gauguin, Pierre-Auguste Renoir, Marie Laurencin, Edouard Manet, Pierre Bonnard, Juan Gris, Henri de Toulouse-Lautrec, Francis Picabia... Vivre l'aventure des Stein, c'est s'embarquer dans une véritable saga familiale, un voyage intimiste au cœur de la fratrie des Stein, une famille de collectionneurs hors-du-commun composée de Gertrude, de son frère cadet Léo, de son frère aîné Michael, et de l'épouse de ce dernier, Sarah. Tableaux de maîtres, sculptures, clichés d'époque, plans de l'une de leurs maisons construite par Le Corbusier, documentaires vidéos, livres... Nous remontons le temps, d'un siècle. La magie opère immédiatement malgré le flot continu de visiteurs.
Mais au fait, qui étaient les Stein ?
Mais au fait, qui étaient les Stein ?
Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Ce que l'on a aimé : la diversité des œuvres, la disposition des pièces et les commentaires, les corners vidéos, la richesse de l'exposition.
Mention spéciale pour Les Pierreuses et La Femme assise au fichu de Picasso (ah ! La période bleue de Pablo !...), La Femme au chapeau de Matisse (extravagance, force et liberté) et la photo de Man Ray où Gertrude Stein pose devant son propre portrait peint par Picasso (mise en abîme vertigineuse, le Portrait de Dorian Gray n'est pas loin !).
Ce que l'on a moins aimé : le monde, évidemment, mais c'est la rançon du succès.
Ce que l'on a aimé : la diversité des œuvres, la disposition des pièces et les commentaires, les corners vidéos, la richesse de l'exposition.
Mention spéciale pour Les Pierreuses et La Femme assise au fichu de Picasso (ah ! La période bleue de Pablo !...), La Femme au chapeau de Matisse (extravagance, force et liberté) et la photo de Man Ray où Gertrude Stein pose devant son propre portrait peint par Picasso (mise en abîme vertigineuse, le Portrait de Dorian Gray n'est pas loin !).
Ce que l'on a moins aimé : le monde, évidemment, mais c'est la rançon du succès.
Coup de projecteur sur Gertrude, au cœur de l'aventure des Stein
Honneur aux dames, place à Gertrude Stein (1874-1946). Poétesse, écrivain avant-gardiste passionnée de cubisme, dramaturge, féministe, collectionneuse et amatrice d'art, Gertrude Stein naît en Pennsylvanie. Quand elle arrive à Paris avec son frère Léo, elle a 28 ans. Ensemble, ils s'installent dans une maison rue de Fleurus. Tout va alors très vite : elle se lie d'amitié avec Pablo Picasso et fait la connaissance d'Henri Matisse, de Riba Rovira, de Paul Cézanne, de Francis Picabia, du photographe Cecil Beaton, du marchand d'art Henri-Pierre Roché... et d'Alice B. Toklas, la femme qui partagera sa vie de 1909 jusqu'à sa mort. L'aventure des Stein, c'est aussi ce souffle de liberté qui commence par l'homosexualité notoire de Gertrude Stein.
L'aventure des Stein, c'est au 27 rue de Fleurus
Au début du XXème siècle, les salons culturels prennent un nouvel essor. Dans ces lieux d'effervescence intellectuelle, sociale et artistique, on retrouve pêle-mêle des artistes de tous horizons (peintres, sculpteurs, compositeurs, écrivains, poètes, acteurs, chanteurs, illustrateurs, graveurs, metteurs en scène, photographes...), des collectionneurs, des revendeurs et des amateurs d'art, quelques grands industriels, des aristocrates, des intellectuels, des étrangers de passage dans la capitale, des libraires et des éditeurs, des journalistes et des critiques d'art. À Paris, la semaine est rythmée par ces réceptions très attendues. Le vendredi soir, c'est au 20 rue Jacob, dans le temple de l'amitié de Natalie Barney, que tout le monde se presse. Le samedi soir, c'est au 27 rue de Fleurus, chez les Stein, que la foule afflue. Ces deux femmes d'exception, qui ont toutes deux défrayé la chronique en vivant ouvertement leur homosexualité, se connaissent et s'apprécient mutuellement. Pour elles, faire salon séparé n'est qu'une occasion supplémentaire de prolonger le plaisir d'être avec leurs amis commun, Hemingway, Scott Fitzgerald, Cocteau, Apollinaire, Sylvia Beach, ou encore Marie Laurencin.
En images (extrait du documentaire Paris Was A Woman) :
L'esprit visionnaire d'une collectionneuse hors pair
Une boulimie artistique qui fait des heureux
Gertrude Stein acquière de nombreuses toiles de Picasso, lance la carrière de Francis Rose, est la première à acheter une œuvre de Marie Laurencin, mais ce n'est pas tout. Sur les murs de sa maison, rue de Fleurus, les maîtres se bousculent : Henri Matisse, Paul Cézanne, Juan Gris, Georges Braque, Christian Bérard... Et comme l'aventure des Stein relève de l'exploration artistique, Gertrude n'aura de cesse de compléter sa formidable collection en se laissant porter par les différents courants : fauvisme, nabisme, expressionnisme, cubisme, dadaïsme, surréalisme...
La nouvelle aventure des Stein, le portrait de Gertrude
Gertrude Stein intrigue, captive, fascine. Elle est irrésistible, Picasso succombe. Pour cerner la personnalité de son modèle (le jeune artiste n'avait pas fait de portrait depuis 8 ans), le peintre la fera poser... 90 fois. Le résultat ? L'un des premiers tableaux cubistes de Picasso, les prémices d'une belle amitié entre Gertrude et Pablo, et le début d'une longue série de portraits de la maîtresse des lieux. Parmi ceux qui se lanceront dans cette nouvelle aventure des Stein (le portrait de Gertrude), citons les peintres Félix Vallotton, Francis Picabia, Riba Rovira, Francis Rose, Pavel Tchelitchev et Nadelman, les photographes Cecil Beaton et Man Ray, ainsi que les sculpteurs Jo Davidson et Jacques Lipchitz.
Gertrude Stein et Picasso, le choc des cubes
Gertrude Stein partage avec son ami Picasso sa passion pour le cubisme. De cette aventure des Stein au pays des cubes, des angles et des volumes, de la déconstruction et de la reconstruction, naîtra le « cubisme littéraire », une forme d'écriture avant-gardiste qui tente de « mettre en mots la forme cubiste ».
Vous ne voyez pas bien à quoi ressemble le « cubisme littéraire » ?
Voici une petite vidéo d'une lecture de Gertrude Stein :
Michael et Sarah, le versant paisible de l’aventure des Stein
Cédant aux instances de sa femme, Sarah (1870-1953), Michael Stein (1865-1938) vend l'entreprise familiale et rejoint ses frère et sœur à Paris. En 1904, les deux époux fraîchement débarqués s'installent au 58 rue Madame, pas loin de la rue Fleurus. Dans leur nouvelle résidence, ils ne tardent pas à organiser leurs propres réceptions qui n'ont rien à envier au salon de Gertrude et Léo. Parmi leurs hôtes : Matisse, Man Ray, Braque, Picasso, Apollinaire, Duchamp, Hemingway... Leur artiste favori ? Matisse, qui devient leur ami. Leur engagement envers celui qu'ils considèrent comme un grand maître ne connaît pas de limite : ils défendent sa cause, lui achètent leur premier tableau, La Femme au chapeau, lors du Salon d'Automne en 1905, investissent presque exclusivement dans ses œuvres et lui fournissent les fonds nécessaires à la création d'une académie d'art, dans son studio rue Sèvres, pour qu'il puisse y donner des cours de peinture. Sarah, qui a fait des études d'art, devient l'une de ses élèves.
En 1928, les époux Stein emménagent avec Gabrielle Colaco-Osorio de Monzie, une amie de longue date, à Garches (au 7 Rue de professeur Victor Pauchet), dans la plus grande et luxueuse maison construire (à leur demande) par Le Corbusier dans les années 1920. En 1935, face à la montée du fascisme, ils sont malheureusement contraints de quitter leur paradis terrestre, la Villa Stein aussi appelée Villa de Monzie, pour rentrer aux États-Unis.
Léo dans le tumulte de l’aventure des Stein
Quand les Stein coulaient des jours heureux
À son arrivée à Paris, en 1902, Léo Stein (1872-1947) se passionne pour quatre peintres : Manet, Degas, Renoir et Cézanne. Monuments de sa collection privée, ils deviendront par la suite des monuments de l'art moderne. Mais à cette époque, Léo Stein est le seul à proclamer que Picasso et Matisse sont tous deux de grands artistes.
La rupture : la fin de l'aventure des Stein
Au fil du temps, d'autres peintres attirent son regard et viennent enrichir sa collection : Maurice Denis, Manguin, Toulouse-Lautrec, Picasso, Vallotton, Matisse... L'aventure des Stein, un long fleuve tranquille ? C'est sans compter sur la brutale prise de conscience de Léo, désemparé face à une modernité qu'il ne comprend plus. Le cubisme, les travaux de Picasso et de Gertrude, le laissent perplexe. Il trouve leurs expériences « stupides » et « absurdes ».
Et quand Léo Stein s'emporte, il ne mâche pas ses mots :
Et quand Léo Stein s'emporte, il ne mâche pas ses mots :
« Picasso n'est pas un artiste fort, au contraire. Il a essayé de dissimuler sa faiblesse avec des inventions originales sur la forme. Gertrude, quant à elle, ne pouvait écrire comme tout le monde et les mots, dans leur signification ordinaire, n'avaient aucune force. Comme Picasso, elle voulait la force de Cézanne sans en avoir le talent. Alors elle a perverti la syntaxe. ».La rupture est inévitable. En 1913, Léo et sa sœur se partagent les tableaux : Léo prend avec lui la plupart des Matisse et des Renoir tandis que Gertrude garde la majorité des Picasso et la quasi totalité du reste de la collection. Pour Léo, c'est un nouveau départ. Il s'installe à Florence où il se marie avec Nina Auzias. Il devient critique d'art. S'il revient de temps en temps à Paris, ce n'est pas pour voir sa sœur. Leur séparation est définitive : il ne reverra plus jamais Gertrude à compter de l'année 1920. En 1947, Léo meurt d'un cancer. Deux ans plus tard, sa femme se suicide.
Sur télérama, une visite guidée avec le metteur en scène Ludovic Lagarde :
Auteur : Cécile Duclos
Informations pratiques
Exposition Matisse, Cézanne, Picasso... L’aventure des Stein
Dates : du 5 octobre 2011 au 16 janvier 2012
Adresse : Grand Palais, Galeries nationales (3 Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris)
Horaires : tous les jours (le mardi de 9h à 14h, le mercredi de 10h à 22h, le jeudi de 10h à 20h et du vendredi au lundi de 9h à 22h).
Pendant les vacances scolaires (du 17/12 au 02/01) tous les jours de 9h à 23h, y compris le mardi. Fermeture exceptionnelle à 18h les 24 et 31 décembre. Fermé le 25 décembre.
Tarifs : entrée 12 €, tarif réduit 8 € (13-25 ans, demandeur d’emploi, famille nombreuse). Gratuité pour les moins de 13 ans, bénéficiaires du RSA et du minimum vieillesse.
Exposition organisée par la Rmn-Grand Palais, le Museum of Modern Art de San Francisco et le Metropolitan Museum of Art de New York.
Commissaire : Cécile Debray, conservateur, Musée national d'art moderne - Centre Georges Pompidou, Paris.
Mon espace conso | |
Le Catalogue de l'expo : Cézanne, Matisse, Picasso, l'aventure des Stein, ouvrage collectif sous la direction de Cécile Debray, éditions Rmn - Grand Palais, 2011, 456 pages. |
|
Pour prolonger l'aventure des Stein :
Un livre sur le cercle de Gertrude Stein, en anglais : Charmed Circle : Gertrude Stein and Company (Henry Holt & Company Inc, 2001).
Voir tous les produits (livres, films...) autour de la famille Stein |
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire