samedi 3 décembre 2011

Harold Cobert, Californication et Rock'n roll

Harold Cobert, Californication et Rock'n rollA l'occasion de la sortie aux éditions Philippe Rey du Dictionnaire des séries télévisées rédigé par Nils Ahl, Benjamin Fau et une vingtaine de série-philes acharnés, Stéphanie Hochet nous confiait la semaine dernière son addiction pour Desperate Housewives dans une interview exclusive : « Stéphanie Hochet, Desperate Housewives et les bonobos ». Cette semaine, c'est au tour d'un autre écrivain français, Harold Cobert, de partager avec nous sa dépendance aigüe à une série toute aussi « déjantée », Californication  (les péripéties d'un romancier américain en mal d'inspiration, Hank Moody), dont la cinquième saison sera diffusée en janvier 2012 sur Showtime. 
D'Harold à Hank : Interview exclusive.

Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Bonus : extrait de l'article rédigé par Harold Cobert au sujet de la série Californication, publié dans le Dictionnaire des séries télévisées (Nils Ahl, Benjamin Fau, aux éditions Philippe Rey, octobre 2011) :
« Après avoir été Fox Mulder dans X-Files, David Duchovny se glisse magistralement dans la Porsche dézinguée de cet écrivain écorché vif, paumé et diablement attachant, montrant par un cynisme d'apparat qui a valeur d'extrême pudeur tout l'inverse de ce qu'il ressent réellement. ».

Harold Cobert présente Californication

En quelques mots, de quoi parle la série ?
De sexe, d’amour, d’amitié, de rock’n roll, et surtout de l’écriture. 
Comment décririez-vous l'atmosphère générale ?
Apparemment déjantée. 
Passage obligé pour entrer dans la 3ème dimension : une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan (en carton, ça suffit).
Pour entrer dans la 3ème dimension, une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan suffit (n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'agrandir).

Harold Cobert et Hank Moody : les enfants terribles de Californication

« Le personnage principal, Hank Moody, est à la fois insupportable et redoutablement touchant. » 

Qu'avez-vous aimé dans cette série ?
Le ton, l’audace du ton. Le personnage principal, Hank Moody, à la fois insupportable et redoutablement touchant. Le rythme enfin (les épisodes sont des 26’), très rock’n roll, la bande son, les personnages, l’écriture, les répliques acérées. Tout, en somme ! 

Harold Cobert, Californication et Rock'n roll

Avez-vous été captivé par la série ?
Oui, complètement, pour la saison 1 et la saison 4. La 2 et la 3 sont légèrement en dessous, surtout la 2.
Cette série vous a-t-elle marqué ?  
Oui, pour sa manière décalée d’aborder l’amour, le sexe et l’écriture. Lors de la première diffusion de la saison 1, cette série tranchait vraiment dans le paysage audiovisuel. 
Qu'avez-vous moins aimé dans cette série ?
L’artifice sentimental pour faire passer la crudité de la « fornication », même si cela participe également au charme de la série.
Si vous deviez être l'un des personnages ?
Hank Moody, forcément ! Who else ? 
Si vous pouviez changer quelque chose à l'intrigue ? 
Je réanglerai complètement la saison 2. Pendant toute la première saison, Hank Moody n’aspire qu’à une chose, malgré sa vie sexuelle débridée : reconquérir son ex-femme. A la fin du dernier épisode, alors qu’elle va se marier, elle s’enfuit avec lui et leur fille. Or, tout au long de la saison, les épisodes sont jalonnés de scènes fantasmées par Hank Moody, qui créent des coups de théâtre lorsqu’il revient à la réalité. Si la dernière séquence de la saison avait été de cette facture et que, au début de la suivante, elle ne s’était avérée n’être qu’un fantasme, la saison 2 ne se serait pas engluée dans l’échec d’un retour à une vie maritale rangée pour Hank Moody, et elle n’aurait pas momentanément perdu de son mordant. 

Harold Cobert séduit par la religieuse de Californication

« Le punch de Mia, quand elle et Hank couchent ensemble. So exciting ! » 

Quelle est votre scène préférée ? 
Harold Cobert, Californication et Rock'n rollLa toute première de la série. Sur « You can’t always get what you want » des Stones, Hank Moody entre dans une église et éteint sa cigarette en la jetant dans le bénitier. Puis, une religieuse d’une beauté céleste s’approche de lui, s’agenouille et commence à lui faire une petite gâterie clintonienne. Le ton est donné !
La scène de la religieuse en images :


Une scène (ou quelque chose) vous a-t-elle (il) « choqué » / dérangé ?
Rien. 
Fait peur ? 
Encore moins ! 
Troublé ? 
Le punch de Mia, quand elle et Hank couchent ensemble. So exciting ! (rires) 
Interpelé ? 
Le flegme de Hank quand il comprend que Mia lui a volé son roman. En tant qu’écrivain, cela m’aurait rendu fou ! 
Fait hurler de rire ? 
La fin de l’épisode 10 de la saison 1 et l’épisode 8 de la saison 3. Je n’en dis rien ici, afin de pas déflorer la surprise pour ceux qui ne les auraient pas encore vus. 
Rappelé des souvenirs ? 
La religieuse de la première scène ? (rires) 
Particulièrement marqué ? 
La fin de l’épisode 10 de la saison 1. Jamais aucune série n’avait abordé ce « thème », encore moins d’une manière aussi drôle et aussi… frontale ! 
Harold Cobert, Californication et Rock'n roll
Si vous deviez rapprocher cette série d'un livre ou d'un auteur ? 
Charles Bukowski et toute son œuvre. La filiation est évidente et parfaitement assumée. Hank, prénom du personnage principal, est à la fois un hommage et une référence à Hank Chinaski, le double littéraire de Charles Bukowski. Hank Moody est véritablement un avatar moderne de l’auteur de Women. Femmes rencontrées dans les bars, débauche, alcool, refus et mépris de la bien-pensance, rien ne manque au tableau. Mia, la fille de l’homme avec lequel Karen s’est mariée après l’avoir quitté, le traite même de « dirty old man », rappel explicite d’un recueil de nouvelles de Bukowski, Note of a dirty old man. Moody écrit sur un blog, version contemporaine du fanzine dans lequel pigeait le Souvenir d’un pas grand chose. Enfin, le comportement de Hank Moody et son ironie mêlée de tendresse ne sont pas sans rappeler celles parsemant toute l’œuvre du grand Charles. 
Si vous deviez rapprocher cette série d'un ou plusieurs films / séries ? 
Barfly, avec Mickey Rourke et Faye Dunoway, le côté glauque en moins. Very bad trip, également, pour le ton. Sex and the city, en version masculine, que l’on pourrait appeler City and the sex
Si vous deviez rapprocher cette série d'une ou de plusieurs peintures / sculptures ? 
Fragonard, Les Hasards de l’escarpoletteÉtrangement, entre Le Verrou, Les Hasards de l’escarpolette de Fragonard et L’embarquement pour Cythère ou Le pèlerinage à l’île de Cythère de Watteau. 
Le mot de la fin ? 
In rock’n roll we trust ! 

Interview réalisée par Cécile Duclos le 1er décembre 2011 


Dictionnaire des séries télévisées, Nils Ahl, Benjamin Fau, aux éditions Philippe Rey, octobre 2011.
Harold Cobert a collaboré à l'écriture de l'ouvrage.

Retrouvez Harold Cobert sur la toile : Sur Wikipedia 

Bibliographie d'Harold Cobert :
Mirabeau, le fantôme du Panthéon (6 volumes), Paris, Séguier (Nouvelles éd.), 2002
Le reniement de Patrick Treboc, Paris, Jean-Claude Lattès, 2007
Un Hiver avec Baudelaire, Paris, Héloïse d'Ormesson, 2009
L'entrevue de Saint-Cloud, Paris, Héloïse d'Ormesson, 2010

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Le Dictionnaire des séries télévisées
Dictionnaire des séries télévisées, Nils Ahl, Benjamin Fau, aux éditions Philippe Rey, octobre 2011.
Californication - Intégrale des saisons 1 à 3 (inclus le livre : "God Hates Us All")
Californication, avec David Duchovny (Hank Moody), sortie en octobre 2011 - Coffret 7 DVD.
Voir tous les produits (DVD, livres, etc.) autour de la série Californication
A lire, Un hiver avec Baudelaire d'Harold Cobert 
Un hiver avec Baudelaire, Harold Cobert, Le Livre de Poche, 2011 [2009].
Voir tous les livres d'Harold Cobert



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