Les 6 et 7 mars 2012, Rammstein sera en concert à Bercy. A quoi pense-t-on quand on parle de Rammstein ? Au succès, aux polémiques, à l'énergie dévastatrice du groupe de Metal allemand... Petit retour en arrière. La première fois que j’entends Rammstein, c’est en 1996 alors que je regarde avec engouement et délectation le très étrange Lost Highway de David Lynch. Des séquences du film, saccadées, hachées, superposées à des passages des morceaux Hierate Mich ou Rammstein. Comme j’achète toutes les BOF de Lynch, je me fais donc un plaisir de me passer celle-ci en boucle en privilégiant les deux morceaux de Rammstein découverts sur la bande son ainsi que Eye des Smashing Pumpkins et Hollywood Sunset de Barry Adamson.
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Bonus : En concert à Berlin, Rammstein chante Hierate Mich :
Bonus : En concert à Berlin, Rammstein chante Hierate Mich :
De Lynch à Rammstein : succès et polémiques d'Herzeleid
« La provocation est une façon de remettre la réalité sur ses pieds. »
(Bertolt Brecht)
(Bertolt Brecht)
Dans la foulée j’achète le premier album Herzeleid et bien que je ne sois pas du tout portée sur le hard-rock, métal et autre nu heavy trash gothic rock, Rammstein m’impressionne par son style, nouveau pour moi, et qui m’apparaît bien différent de ce que j’ai pu entendre des vieux métaleux AC/DC, Scorpions, Metallica, Kiss, Guns and roses et autres groupes ultra connus. Ce style crossover metal indus (Neue Deutsche Härte) m’emballe complètement et par son rythme, soutenu, tapageur et intense, par ses sons électroniques bien marqués industriels et par ses représentants (surtout le batteur Christoph « Doom » Schneider, et le guitariste Richard Zven Kruspe… Mamma mia !).
La langue allemande ajoute un peu plus de dureté à ce genre de musique déjà reconnue comme folle furieuse et aux propos parfois outranciers. Mais c’est aussi la marque de fabrique du groupe. Du coup, les polémiques ne sont pas loin. Avec Rammstein, succès et polémiques vont de pair. Déjà, quand on parle ou quand on chante en allemand, c’est suspect, mais quand en plus c’est du hard rock, et avec une pochette de disque qui en termes d’imagerie populaire et d’inconscient collectif rappelle davantage la glorification des jeunesses hitlériennes et ses beaux éphèbes aryens et musclés, ça en devient plus que polémique. Mais quand on sait que la célébration du mariage de l’un des membres du groupe, Richard, était juive, et qu’il s’est même appelé Kruspe-Bernstein, on peut se demander si toutes les polémiques autour de Rammstein ne sont pas finalement que de la provocation. De même la couverture de l’album Mutter qui a provoqué un tollé lorsque l’on a su qu’il s’agissait d’un fœtus mort. On en revient toujours aux mêmes considérations sur l’art et la provocation.
La provocation selon Rammstein : succès et polémiques de Sehnsucht
« Il y a dans l’acte d’amour une grande ressemblance avec la torture ou avec une opération chirurgicale. » (Charles Baudelaire)
Sehnsucht, l'album de la consécration
Quoiqu’il en soit, les années passent et à chaque sortie, je récupère le nouvel album du groupe. En 1997, c’est Sehnsucht avec Du hast mais surtout le cultissime Engel qui restera l’une de mes chansons préférées de Rammstein. Mélange des voix, grave et gutturale de Till Lindemann et tellement douce de la chanteuse, des sifflements d’une mélodie incroyable et des grosses guitares saturées. Sons électroniques voir même techno qui se jouent sur les riffs des guitares surpuissantes et tonitruantes. Ce que je retiens surtout c’est l’utilisation de la mélodie dans les morceaux de Rammstein. Car oui, contrairement à ce que j’ai toujours pensé sur le hard rock, il y a chez Rammstein de la mélodie, voir même des sons mélancoliques.
Le clip d'Engel de Rammstein :
Là encore sur ce deuxième album, la couverture appelle à controverse. Le groupe, et surtout l’artiste allemand Gottfried Helnwein, joue sur l’ambiguïté et les attractions enfants-adultes, morbidité-beauté, car oui l’être humain est d’un morbide sans faille et sans fin. On est dans une ère où l'on mélange au shaker les pulsions les plus scabreuses et taboues aux conventions les plus traditionnelles et traditionalistes. On aime choquer et être choqué. On est avides d’images chaque jour plus ambivalentes, violentes et sanguinolentes. C’est également l’époque où explose le marché des tatouages, piercings, déguisements SM et autres procédés de scarification. Tous ces signes, tribaux pour la plupart, permettent à chacun de nous de pouvoir nous identifier à un groupe, un clan, une bande avec des revendications plus ou moins claires. Désir d’appartenance dans un monde devenu trop individualiste ? Et l’artiste s’inspire de ce phénomène, pas nouveau certes, mais qui prend, fin des années 90, une ampleur toujours plus grande… Et comme je suis comme tout le monde, je l’avoue, j’adore ce que fait Gottfried Helnwein (et ça me fait dire que j’aurais dû écrire un article sur lui !)
En concert à Berlin, Rammstein met le feu
En 1998, c’est le phénoménal concert de Berlin avec de lourds costumes ignifugés pour Till Lindemann, et d’autres qui rappellent étrangement ceux des films comme Matrix ou Alien, des cheveux grisonnants et des lentilles bleues pour tous les membres du groupe, un décor d’usine qui rappelle aussi l’industrie métallurgique. Des effets pyrotechniques incroyables dans ce concert qui reprend une bonne partie des chansons des deux albums précédents. Mais c’est surtout les séquences de pyrotechnie qui impressionnent le public, plus particulièrement quand Till Lindemann chante Rammstein en flammes.
De Mutter à Rosenrot, Rammstein enchaîne succès et polémiques
« Si les regards pouvaient enfanter ou tuer, les rues seraient remplies de femmes enceintes et jonchées de cadavres. » (Paul Valéry)
En 2001, c’est la sortie de Mutter qui, malgré une nouvelle polémique sur la pochette de l’album, propulse le groupe de nouveau dans les charts avec plusieurs singles comme Sonne, Mein Herz brennt et Ich Will. Mais là encore, ma préférée est celle qui marie le mieux la mélodie classico-symphonique aux guitares électriques : Spielhur. La force des instrumentations, qu'elles soient électroniques ou plus classiques avec les violons (Mein Herz brennt), et la variété des rythmiques (par exemple sur Zwitter) donnent encore plus d’âme aux morceaux de Rammstein. Le groupe arrive à alterner des morceaux à la fois planants et surpuissants de brutalité.
Je fais l’impasse sur Reise Reise sorti en 2004, et me procure l’année suivante Rosenrot dont la couverture n’est pas sans m’évoquer le Das boot du groupe techno U96 (la fameuse histoire de l’héroïque équipage du sous-marin allemand pendant la seconde guerre mondiale). Là encore dans cet album, on retrouve ce qui fait la veine du groupe : guitares surchauffées et saturées, mélodies, histoires et contes légendaires et même poétiques (pas Te quiero Puta, évidemment). Sans compter un duo inédit avec Sharleen Spiteri du groupe Texas (si si)… On attend d’ailleurs toujours la sortie de celui avec Zazie (Re si si !!!).
Quand Rammstein parle d'amour... Liebe ist fur alle da
« L'amour physique est impensable sans violence. » (Milan Kundera)
L’album Liebe ist fur alle da sorti en 2009 parle d’amour ! Oui mais on commence à connaître Rammstein. L’amour oui, mais pas seulement ! Le groupe y évoque l’amour dans toute sa globalité « négative », qu’il soit trash (le tourisme sexuel), violent (les relations SM), abject (l’histoire de Josef Fritzl, coupable de séquestration et d'inceste sur sa propre fille), ou simplement douloureux et impossible (je t’aime, moi non plus).
La pochette de l’album est une fois de plus provocante et provocatrice avec cette Vénus dénudée, allongée sur une table, à la merci de tous les membres du groupe, et dont le chanteur découpe un bras… Genre chacun a droit à une part du gâteau (de l’amour représenté par cette Vénus).
Rammstein, un succès qui fait polémique
« Toute personne qui pense fortement fait scandale. »
(Honoré de Balzac)
(Honoré de Balzac)
Bref, Rammstein s’intéresse à des histoires pas banales, à des histoires qui dérangent. Le groupe aurait pu écrire des ballades métal traitant d’autres difficultés de la vie comme d’autres le font (plus ou moins bien) sur le racisme, la guerre, le chômage, ou bien un rock surpuissant sur comment draguer une fille à la fête de la bière ! Et bien non, le groupe préfère évoquer des sujets bien plus illicites, tabous, provocants, volontairement scabreux et scandaleux… Car finalement c’est ça aussi la vie. Et ce n’est pas plus idiot de chanter des thèmes comme ceux-ci que de chanter l’amour et la paix dans le monde. C’est même en cela que c’en est intéressant, en tout cas pour moi. Et ce n’est pas parce qu’un groupe évoque certains sujets sensibles comme la violence à l’école, les dérives d’un serial killer ou d’un pervers sexuel, en se mettant dans la peau du personnage que le groupe est lui-même dans ces situations-là. Pourquoi cette distinction narrateur auteur personnage existerait-il dans la littérature, le cinéma et pas dans la musique ? Quand on voit tous ces écrivains qui ont écrit sur les petites filles ! A méditer…
En tout cas, pour les inconditionnelles comme moi, le best of Made in Germany est disponible depuis 2011 et reprend les morceaux les plus connus du groupe depuis 1995… Mais surtout le concert du 6 et 7 mars 2012 à Bercy s’annonce grandiose. Et pour celles et ceux qui n’ont pas la chance d’avoir des places (peut-être en reste-t-il encore quelques-unes...), Rammstein sera à Anvers (Belgique) le 8 mars, puis aux States et au Canada en avril et mai 2012.
Auteur : Karine Morel
Retrouvez Rammstein sur le web : sur leur site officiel, sur wikipedia, sur myspace ou sur facebook.
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Le best of Made In Germany 1995 - 2011 de Rammstein : Made In Germany 1995 - 2011, Édition Deluxe Limitée (2 CD), Rammstein, Universal, décembre 2011. Voir tous les produits (CD, DVD, mp3, collectors...) autour de Rammstein |
1 commentaires:
DLA BOMB CE GROUPE !!!
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