Vote on the Rocks, tous aux urnes !

Dimanche 11 mars, rendez-vous à la Cigale pour un concert exceptionnel : Vote on the Rocks. A l'initiative de Kémar Gulbenkian, le chanteur emblématique du groupe No One Is Innocent, plusieurs artistes de la scène Rock se sont mobilisés en cette veille d'élections pour encourager les Français, et surtout les jeunes, à aller voter aux présidentielles (petite piqûre de rappel : le premier tour aura lieu le dimanche 22 avril, le second, le dimanche 6 mai 2012) : les Têtes Raides, No One Is Innocent, Les Fatals Picards, Eiffel, Déportivo, The Hyènes et DJ Moule. Rencontre exclusive avec Kémar, un artiste engagé et profondément humain. Son mot d'ordre ? « Voter nuit gravement aux sales idées ».

On y était : les photos du concert sont arrivées !

Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Bonus : Le clip de Gazoline, de No One is Innocent :

Kémar présente Vote on the Rocks

« Le vote reste encore le moyen de se faire entendre »
(No One is Innocent)

Comment avez-vous eu l'idée d'organiser le mini festival Vote on the Rocks ?

Avec No One is Innocent, nous nous sommes rendu compte que les jeunes étaient un peu absents du débat politique et que le gouvernement en place n'avait pas fait grand chose pour débloquer les budgets et les inciter à voter. Ce serait vraiment bien que les politiques sachent que les jeunes vont aller voter ! Et puis personnellement, je trouve que cette campagne est extrêmement violente ; c'est la première fois que l'on a un président sortant qui va flirter avec les idées du Front National. Aujourd'hui, un système est en place ; bien sûr, il y des gens qui rêvent d'autre chose, mais le système que l'on nous propose est celui du référendum. Je pense donc que le vote est, malgré tout, le meilleur moyen de se faire entendre, même si effectivement certains vont avoir du mal à avoir des convictions, et à aller voter. Vous savez, en tournée, nous apprenons énormément de choses ; et j'ai la même sensation que les autres groupes qui participent à ce projet, à savoir que les jeunes comme les moins jeunes, d'ailleurs, semblent perdus et en manque total de conviction. Beaucoup de gens pensent que droite, gauche, c'est le même combat. Nous, nous avons envie de dire que non, ce n'est pas du tout la même chose. Dire que la droite et la gauche, c'est pareil, c'est continuer à créditer un gouvernement de droite avec Guéant, Copé, Hortefeux, Morano, etc. Or je pense que nous en avons tous un peu ras-le-bol.

En quelques mots, quel message délivreriez-vous aux Français, aux jeunes comme aux plus âgés, sur cette présidentielle 2012 ?

Voter nuit gravement aux sales idées !

Retour sur le quinquennat Sarkozy

« Votez c'est un bon début. Ce n'est pas tout mais c'est déjà énorme ! Donc profitons-en, tous aux urnes ! » (Les Têtes Raides)

Que pensez-vous du quinquennat passé ?

Quand en 2007 nous avons sorti notre album [NDLR : Gazoline], juste avant les élections, nous savions déjà que Sarkozy allait être au devant de la scène. Face à lui, la candidate n'avait pas son parti avec elle. Nous avons alors compris que ça allait être très compliqué, et que finalement, nous allions nous retrouver avec un président qui allait monopoliser les médias. Mais ce n'est pas tout, il a libéré une telle vulgarité dans le langage ! Nous n'étions pas habitués à ça et je trouve que ça a désacralisé la notion de présidence de la république. Alors évidemment, nous pourrions énumérer tous les faits d'armes de Sarkozy – et je crois que la liste serait très longue ! –, mais ce qui est surtout frappant dans ce quinquennat, par rapport au président candidat, c'est le cruel manque de justice sociale. C'est affligeant de voir un gars qui prétend se rapprocher du peuple, alors qu'il n'a rien à voir avec. C'est un mec qui vient de Neuilly, un mec de pouvoir, un mec de réseaux. Et ce qui est franchement flippant, j'insiste, c'est qu'un président sortant flirte avec les idées du Front National. Ça, c'est vraiment détestable.

Une chose qui vous a révolté dans ce quinquennat ?

L'histoire de l'identité nationale. Et puis que Sarkozy essaie de placer son fils à l'EPAD, les sales phrases de Guéant, d'Hortefeux, et le mépris, l'arrogance... Toutes ces choses-là, c'est ce qui m'a vraiment frappé. Nous en tout cas, chez No One – et je pense que chez les autres aussi –, nous ne nous reconnaissons pas du tout dans cette approche-là de la France.

Une chose qui vous a plu ?

Peut-être l'intervention en Libye...

Si vous deviez changer quelque chose dans ce quinquennat, ce serait ?

Le président (rires) !

A votre avis, que restera-t-il du quinquennat passé, culturellement parlant ?

Tout ce que l'on retiendra, c'est Hadopi. Cette façon de tenter de régler un problème avec une idée unique, je trouve que c'est déplorable. En plus, ça a coûté un maximum d'argent pour se retrouver dans les cartons, parce que ça ne marche pas. C'est quand même aberrant d'en arriver là ! D'autant qu'il y a un appel au secours, en ce moment, de la part de beaucoup de gens qui travaillent dans le domaine de la culture, des musiques alternatives notamment. Les crédits ne sont plus accordés, il y a des coupes au niveau de tous les budgets et du coup, certaines salles ne peuvent plus vraiment proposer la programmation désirée ; et c'est pareil pour les festivals. Voilà, il y a un véritable appel au secours qui démontre bien qu'il n'y a pas de vraie politique culturelle en France.

Quelle est à votre sens la plus grande injustice sociale aujourd'hui, en France ?

Le bouclier fiscal. Et cet acharnement du gouvernement en place qui, avec des référendums, provoque et vise les plus défavorisés. Je trouve ça d'une démagogie absolue. Cela montre à quel point ce parti est en perte de vitesse, à quel point il est malade.

De l'importance du vote en politique

« L'intention nous a semblé bonne et sincère car, même si bien des raisons existent pour être dégoûté d'aller voter, il s'agit là « d'expression individuelle » et si infime soit-elle : de liberté. » (Eiffel)

Que pensez-vous du vote blanc ?

Personnellement, je pense que c'est ridicule. Lorsque l'on vote blanc, on a une opinion, mais elle relève d'un autre système, un système qui n'existe pas. Or le système actuel ne reconnaît pas le vote blanc. Avant de voter blanc, il faudrait déjà essayer de faire en sorte que cette démarche puisse se faire entendre. Tant qu'il n'y a pas, dans la constitution, de loi permettant au vote blanc d'être pris en compte, cela ne sert à rien de voter blanc. Et puis il y a une forme d'hypocrisie politique, de droite comme de gauche. A chaque résultat d'élection, les candidats se plaignent, déplorant un fort taux d'abstention, mais ils n'en ont rien à faire de l'abstention !

Dans un programme politique, que regardez-vous en premier ?

La culture ; forcément, cela me concerne. D'ailleurs, à ce propos, elle est complètement absente du débat politique.

Quel est à votre sens le parti politique le plus dangereux en France à l'heure actuelle ?

Pour moi, il y en a deux : l'UMP et le FN.

Quel personnage politique vous a fait le plus rire ces dernières années ?

Rire positivement, François Hollande. Il a un côté très mittérrandien dans sa façon de réagir aux paroles de ses adversaires, de trouver la bonne formule pour leur répondre.

A l'inverse, quel personnage politique ne vous fait pas rire du tout ?

Hortefeux me fait vraiment peur. Et j'ajouterais Lefebvre.

Présidentielles 2012 : Vote on Rocks, un appel aux urnes

« Ne soyons pas stupides, servons-nous de la seule arme efficace que nous ayons pour nous débarrasser des incapables qui nous gouvernent : VOTONS !!! » (The Hyènes)

Qu'est-ce qui comptera avant tout, pour vous, dans le choix du parti politique pour lequel vous voterez aux prochaines présidentielles ?

Il devra d'abord s'adresser aux jeunes, et il devra également avoir une démarche de justice sociale, ne pas avoir l'image d'un parti de pouvoir et de réseaux, ne pas dresser les gens les uns contre les autres. Il devra aussi essayer de mener une vraie politique à l'international sans être dans les jupons des États-Unis. Voilà, on pourrait dire tant de choses ! Mais moi, ce qui m'importe avant tout, c'est la justice sociale.

Si demain, un parti d'extrême droite ou d'extrême gauche gagnait les élections, que feriez-vous ?

Cela n'arrivera pas. Au premier tour, évidemment il y a des positions extrêmes dans le vote des gens, mais comme on a pu le voir avec Chirac face à Le Pen en 2002, le pays finit toujours par réagir, et redevenir clairvoyant. Je pense donc que c'est virtuel, comme le parti de Marine Le Pen qui ne fait rien d'autre que de se victimiser constamment, dénoncer sans cesse le système. Il n'y a que ça, des mots, des pseudos propositions antiprogressistes au possible comme la fermeture des frontières, le retour au franc... Un parti politique ne peut pas fonctionner en récupérant des idées d'il y a 30, 40, 50 ans, ce n'est pas possible.

Quel second tour souhaiteriez-vous pour les présidentielles 2012 ?

Moi, j'affiche clairement mes positions. Vu ce que l'on nous propose sur le papier, j'aimerais que Hollande passe. Je pense que c'est la politique du moins pire.

Quel serait la pire configuration pour ce second tour ?

Sarkozy, Le Pen.

Et dans ce cas, que feriez-vous ?

Le combat continue. Nous ferions notre métier comme nous l'avons toujours fait, avec No One, en donnant un sens à notre groupe, en utilisant la musique comme une arme pour nous exprimer, comme tous les groupes qui sont avec nous sur le projet Vote on the Rocks.

Et vous iriez voter au second tour ?

Ça, c'est un gros débat au sein du groupe !... Nous sommes très partagés les uns les autres. Il y en a qui iraient voter pour Sarkozy, d'autres qui refusent cette alternative parce que pour eux, c'est le comble de l'horreur, ces deux-là à la fin.

De Vote on the Rocks à No One is Innocent

« De nos jours, la liberté est un luxe » (Les Fatals Picards)

Avez-vous, en tant qu'artiste, une totale liberté de parole en France ?

Oui, je peux dire tout ce que je pense. Par contre, après, on peut se retrouver face à un écran ; radio, télé, etc. La censure existe, évidemment, et on est confronté à cette censure. Mais elle n'a rien à voir avec le quinquennat de Sarkozy. Quel que soit le gouvernement, de droite comme de gauche, il y a une vraie censure. On accorde la liberté d'expression mais il y a une limite.

En tant que membre du groupe No One is innocent, quels sont vos projets ?

Défendre Vote on the Rocks, le mieux possible ! Nous avons arrêté notre tournée en décembre dernier pour faire un petit break – nous sommes tous sur d'autres projets en parallèle –. Mais nous allons nous remettre à écrire de nouvelles chansons rapidement. Et puis nous avons quelques concerts à venir, jusqu'à cet été.

Interview réalisée vendredi 24 février 2012 par Cécile Duclos

Concert exceptionnel Vote on the Rocks, dimanche 11 mars, à La Cigale, Paris.

Retrouvez No One is Innocent sur le web : sur leur site officiel, sur wikipedia, sur myspace et sur facebook.

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Le dernier album de No One is Innocent : Drugstore, No One is Innocent, Naive, février 2011. Voir tous les produits (CD, mp3, collectors...) autour de No One is Innocent

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