mardi 15 mai 2012

Imelda May, Mayhem : rock in the fifties

Imelda May, Red Skirt, Photo Credit Chris ClorAprès le fulgurant Love Tatoo, Imelda May, l'icône glamour du revival rockabilly, revient avec un nouvel album retro-in, Mayhem, que ses nombreux fans ont pu découvrir en live le 11 mai dernier lors d'un concert marathon à l'Olympia. C'est qu'une fois lancée, l'irlandaise que l'on reconnaît à sa drôle de banane (la même qu'Elvis, avec la mèche blanche de Malicia en travers) ne s'arrête plus : entre les hommages aux étoiles du rock (Gene Vincent au ukulele, c'est quand même un grand moment !) et ses chansons, explosives, le cocktail est radical. Imaginez les guitares d'un film de Lynch, héritières directes de Roy Orbison et de Johnny Burnette, une bonne rossée rythmique à base de tambourin et de bodhrán, un manteau fourré de cuivres jazzy, une voix de crooner au féminin... One, two, three o'clock, four o'clock, rock ! Let's rock !

Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Le saviez-vous ? Pour la bande son du film de Jonathan Lynn Petits meurtres à l'anglaise (avec Emily Blunt et Rupert Everett), 3 chansons d'Imelda May ont été retenues : Johnny Got A Boom Boom, Going Up Country et Mayhem, extraite du dernier album d'Imelda May, Mayhem.

Imelda May, la féline pin-up à la voix de rockeur

Imelda May naît et grandit à Dublin en 1974, dans le quartier populaire des Liberties. Enfant, elle découvre Buddy Holly, Eddie Cochran, Gene Vincent, Elvis Presley, Elmore James, Billie Holiday... Le rock 'n' roll la chavire. A 16 ans, elle décide de devenir chanteuse et quitte l'Université pour les clubs anglais et irlandais. La scène underground se laisse rapidement séduire par cette étonnante tigresse fraîchement débarquée des fifties, elle chante pour des danseuses burlesques, avec le groupe de swing Blue Harlem, le rockeur Mike Sanchez. Jusqu'en 2002, l'année du grand virage. Fin prête, la jeune irlandaise crée son propre groupe avec Darrel Higham (qu'elle épouse la même année) à la guitare, Al Gare à la basse, Dave Priseman à la trompette, la guitare et aux percussions, et Steve Rushton à la batterie. Un premier album studio sort dans la foulée, No Turning Back. A Londres où elle s'installe, Imelda May continue à tourner. Puis en 2008, elle sort un deuxième disque, Love Tattoo, véritable ouragan dans le paysage radiophonique anglo-saxon.

Imelda May, Photo Credit Jenny McCarthy

Trois fois disque de platine en Irlande, Love Tattoo la propulse sur le devant de la scène. En 2009, elle remporte le prix de l’Artiste féminine de l’année aux Irish Meteor Awards. En Europe et aux États-Unis, les concerts se bousculent au portillon : elle joue avec Lou Reed, Eric Clapton, Elvis Costello, Jeff Beck, U2 (c'est l'invitée surprise de Bono à Dublin devant plus de 10 000 personnes), Van Morrison, David Gilmour, les Scissor Sisters, The Supremes, Lionel Richie, Meat Loaf, Sharon Corr... A Milan, pendant la semaine de la mode, elle donne un showcase privé pour Roberto Cavalli. En 2010, elle assure la première partie de Wanda Jackson – qui joua, notamment, avec Elvis, Buddy Holly, Jerry Lee Lewis, Carl Perkins – à Londres, et sort outre-Manche son troisième album, Mayhem, qui se hisse au sommet des charts irlandais, et remporte le prix RTÉ Radio du disque de l'année. C'est ce même album, le dernier disque d'Imelda May, Mayhem, qui arrive aujourd'hui en France.

Le nouveau disque d'Imelda May, Mayhem


Au programme de ce nouvel album composé par Imelda May, Mayhem, moins de blues et de rockabilly, plus de jazz et de country. La musique, comme la mode, est intemporelle ; Imelda May écoute aussi bien les Cramps que les Clash, Blondie que les Pretenders, du ska que du skiffle, de la pop que de la musique punk, et bien sûr, du rock 'n' roll, du blues, du jazz, de la country et du rockabilly.
Avec son rouge à lèvres rouge vif, ses robes léopard, son chignon troussé à la brillantine, Imelda May souffle, encore et toujours, sur les cendres brûlantes du King.

Imelda May, Mayhem : de Pulling The Rug à Kentish Town Waltz

Contrebasse, guitares sèche et électroacoustique, claquements de mains, chœurs sixties : le premier morceau du nouvel album d'Imelda May Mayhem, Pulling The Rug, swingue à tout va. On n'a qu'une envie, sauter dans un cabriolet défoncé et avaler des kilomètres de route goudronnée au milieu des trucks et des cadavres de pneus fumants, des cactus et des écureuils du grand Sud américain.
« You're a freakin' nightmare when you're lying in my bed, you sleep with eyes wide open, like the livin' dead (...) I go with a psycho » [NDLR : Tu es un vrai cauchemar quand tu es couché dans mon lit, tu dors les yeux grands ouverts, comme les morts-vivants (...) je vis avec un psychopathe] : dans Psycho, on parle (chante, hurle, grogne, gémit) de maladie mentale, de cannibalisme, de médicaments, de pulsions bestiales et de folie meurtrière. Le spectre des Doors rôde sur une musique bien sonnée que ne renierait pas Tarantino : c'est notre premier coup de cœur.

En images, le clip de Psycho, extrait du nouvel album d'Imelda May, Mayhem :


Qui précède notre deuxième coup de cœur, Mayhem. Lancé à toute vitesse sur les rails assourdissants d'une trompette déchaînée, plantée entre jazz rock et rockabilly, ce single coup de poing se prend comme dans un western, en pleine face.

En images, le clip de Mayhem, extrait du nouvel album d'Imelda May, Mayhem :


Et après un bon KO, rien de tel qu'un peu de douceur : dans ce monde de brutes épaisses, Kentish Town Waltz, une ballade country-folk aux faux airs de Greensleeve, se sirote comme un bon scotch, cul sec.

Imelda May, Mayhem : de All For You à Sneaky Freak

« Watch my lips while i'm telling you this
yeah it's all for you
Every flick of the wrist, every swing of the hips
yeah its all for you (...)
I'm spelling it out it's not written in code
I want you so much I think I'm gonna explode »
[NDLR : Regarde mes lèvres quand que je te dis ça
oui, tout ça c'est pour toi
Chaque coup de poignet, chaque mouvement de hanches
oui, tout ça c'est pour toi (...)
Je te le dis clairement, il n'y a rien de codé là-dedans,
J'ai tellement envie de toi que je crois que je vais exploser]

Pour le moins explicite, All For You joue la carte feutrée, délicatement trompettée et langoureusement chaloupée d'un morceau de Vaya Con Dios. Cela ne fait aucun doute, Darrel Higham est un homme heureux !

Imelda May, Red Dress, Photo Credit Chris Clor

« Since I met you baby, I feel that you somehow saved me » [NDLR : Depuis que je t'ai rencontré bébé, j'ai l'impression que tu m'as sauvée] : sur une partition de guitare très années 50, Eternity parle d'amour éternel, du temps qui passe et de ses dangers. Romantisme, quand tu nous tiens... Ce n'est jamais pour longtemps. Une volée de cuivres, une guitare planante, un rythme enlevé, une mélodie accrocheuse : Inside Out nous transporte sur la piste de danse d'un saloon surpeuplé. On tourne, on vire, on claque des santiags, on cogne de la chope, on s'emballe au bal et on s'en balance bien des timbales et des ballerines, on s'amuse et on s'aime, et c'est bien assez !

« I said Lord here's the total of what I done
Sometimes I did good, sometimes I done wrong
But I did the best I could from where I come from
And I'll keep on tryin' till my day is done
And so I'm proud and humble, humble and proud »
[NDLR : J'ai dit, Seigneur, voici tout ce que j'ai fait,
Parfois j'ai bien agi, parfois mal
Mais j'ai fait du mieux que j'ai pu, vu d'où je viens
Et je vais continuer, continuer jusqu'à ce que mon heure vienne
Ainsi, je suis fière et humble, humble et fière]

Dans Proud And Humble, Imelda May s'adresse au Seigneur, celui qui siège tout là-haut au milieu des anges et des nuages. Du gospel-rock porté par une voix puissante, à écouter à l’Église ou en Harley-Davidson, pourvu que la flamme brûle ! Aux cieux ou en Enfer, d'ailleurs, puisque suit l'endiablé Sneaky Freak qui convoque les inquiétants démons du rock 'n' roll. « Méfie-toi parce que je suis une maniaque sournoise ! » (« Watch out cause I’m sneaky freak ! »), et ce n'est pas tout : « Je suis derrière toi, je te surveille, je vais te trouver ; fouille bien partout, je connais tes mots de passe, j'ai craqué tes codes... » (« I’m behind you, I’m watching your back, I’m gonna find you, look in every crack, I know your passwords, I crack your codes… »). C'est qu'entre Psycho et Sneaky Freak, le dernier album d'Imelda May, Mayhem, nous flanquerait presque la frousse !...

Imelda May, Mayhem : de Bury My Troubles à Tainted Love

« Secrets I hide in me, deep down inside of me » [NDLR : Les secrets que je cache en moi, au plus profond de moi] : jazzy, Bury My Troubles évoque les secrets que l'on est fermement décidé à taire à jamais, ceux que l'on enfouit loin, très loin, pour ne plus en être esclave. « I'm too sad to cry, you won't find a tear in my eye, My baby's gone and hurt me so (...) I'm too tired to die, though my heart has just waved me goodbye » [NDLR : je suis trop triste pour pleurer, tu ne trouveras pas une larme dans mes yeux, mon amour est parti et ça fait si mal (….) Je suis trop fatiguée pour mourir, même si mon cœur m'a déjà dit au revoir] : ballade cuivrée avec roulements de tambour, Too Sad To Cry pleure un amour perdu avec la douceur du désespoir. Vient alors I'm Alive, une ballade country sur fond d'amour fou et de poésie : « Oh lock me up in your heart, drown me in your eyes, 'cos when you hold me, I'm alive » [NDLR : Oh enferme-moi dans ton cœur, noie-moi dans tes yeux, car c'est lorsque je suis dans tes bras que je me sens en vie].
Rythme binaire, guitares saturées, voix déchirée : Let Me Out est notre troisième coup de cœur. « I'm hissin' like Eartha Kitt in a cage, I'm howlin' like a dog, you're evil what you're doin' to me, I kissed you but you're still a frog » [NDLR : Je siffle comme Eartha Kitt dans une cage, je hurle comme un chien, tu es le diable, qu'est-ce que tu m'as fait ? J'ai eu beau t'embrasser, tu es toujours un crapaud] : un peu d'humour, beaucoup de rock 'n' roll, on adore ! Et pour clôturer le nouvel album d'Imelda May, Mayhem, une nouvelle reprise de Tainted Love, initialement chantée par Gloria Jones dans les années 60, vient rajouter un peu d'huile (sur le feu). Après Soft Cell en 1981 et Marilyn Manson en 2001, c'est donc au tour d'Imelda May de se frotter à ce tube planétaire que l'on écoute et réécoute, encore et toujours, avec un plaisir non dissimulé.

En images, la reprise de Tainted Love extraite du dernier album d'Imelda May, Mayhem ; émission télévisée enregistrée en 2010 sur la BBC :


Auteur : Cécile Duclos

Imelda May, Mayhem, sorti le 7 mai 2012
Crédit photos : Jenny McCarthy et Chris Clor

Retrouvez Imelda May sur le web : sur son site officiel, sur son site français, sur le blog consacré à sa tournée, sur wikipedia, sur myspace, sur facebook ou sur twitter.

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Le dernier album d'Imelda May :
Mayhem, Imelda May, Mercury Records, mai 2012.
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