Lorsque nous arrivons dans les loges du Café de la Danse pendant les derniers préparatifs du concert de Belleruche, nous ne sommes pas les seuls : les plateaux repas ont déjà été servis. C'est donc une assiette à la main (avec des couverts en plastique mais sans table) que Kathrin DeBoer, la chanteuse, Ricky Fabulous, le guitariste, et Dj Modest, le producteur, scratcheur et maître des platines, répondent à toutes nos questions (et plus encore !). Entre deux plaisanteries, deux bouchées et deux feuilles de salade perdus dans la bataille, ils nous livrent les secrets de fabrication de leur dernier album Rollerchain avant d'évoquer les studios d'enregistrement, les mojitos et les burritos, l'importance d'une bonne sieste et les effets secondaires d'une soirée passée dans un pub, la vie à Londres et leur expérience des festivals européens, l'introspection et la musique idéale pour un premier rendez-vous galant. Interview de Belleruche, la crème des Anglais.
A voir : Belleruche en session acoustique
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Le saviez-vous ? L’un des festivals que Belleruche a le plus apprécié se trouve en France, à Saint Denis de Gastines (53) : c'est le festival Au foin de la Rue.
Le saviez-vous ? L’un des festivals que Belleruche a le plus apprécié se trouve en France, à Saint Denis de Gastines (53) : c'est le festival Au foin de la Rue.
Interview de Belleruche : Rollerchain, un album entre studio et mojito
« Cet album est assez différent du précédent. Il paraît qu'il est plus sombre. A mon sens, c'est une façon de dire qu'il est plus introspectif, plus cérébral, plus profond. »
Dans quelles conditions votre nouvel album Rollerchain a-t-il été créé ?
Kathrin DeBoer : Nous avons loué un studio à Londres et, pour la première fois, nous avons eu de la place ! Le studio était à notre disposition 24h sur 24h – nous n'avons pas eu besoin d'aller chez quelqu'un pour travailler –, alors probablement, cela a eu une influence considérable sur le son de l'album. Pour les disques précédents, les conditions étaient différentes : on écrivait entre les tournées, dans des lieux insolites comme des chambres d'amis, des chambres à coucher, des loges... En fait, un peu n'importe où (rires) ! Rollerchain a été créé dans un lieu où l'on ne fait que s'amuser et faire de la musique.Dj Modest : C'est vrai, et comme nous avions un accès permanent au studio, nous pouvions écrire, nous absenter, puis revenir plus tard dans la journée pour reprendre les chansons en cours. Nous pouvions rester sur place des heures et des heures ! Il n'y avait aucune règle, aucune pression concernant les horaires. Et au final, on se rend compte que l'on travaille beaucoup plus dans ces conditions-là, lorsque l'on peut se mettre à la tâche à n'importe quel moment du jour et de la nuit, et s'absenter quand on le souhaite, quelques heures...Kathrin DeBoer : ...pour prendre un mojito, faire une sieste, avant de retourner composer (rires) !
Pour entrer dans la 3ème dimension, une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan suffit (n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'agrandir).
Pouvez-vous nous parler du titre de l'album, « Rollerchain » ?
Dj Modest : Ah ça non, c'est top secret ! Je plaisante (rires). Ce titre n'a pas vraiment de sens mais il correspond bien au son de l'album. Le programme de mixage, derrière ce son, fait penser à une chaîne à rouleaux [NDLR : « Rollerchain » en anglais].
Comment décririez-vous son style musical ?
Kathrin DeBoer : C'est une question difficile (rires) ! C'est drôle, c'est toujours plus difficile quand il s'agit de sa propre musique (rires) !
Dj Modest : Cet album est assez différent du précédent. Il paraît qu'il est plus sombre. A mon sens, c'est une façon de dire qu'il est plus introspectif, plus cérébral, plus profond.
Pour entrer dans la 3ème dimension, une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan suffit (n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'agrandir).
Interview de Belleruche : Rollerchain, l'album du premier rendez-vous...
« Je pense que chacun esquisse sa propre interprétation de l'album. Finalement, la musique est une forme d'art très énigmatique où l'on trouve ce que l'on veut bien y chercher. »
Avez-vous une anecdote à nous raconter sur l'un des morceaux de l'album ?
Dj Modest : Ah oui, sur la chanson 16 minutes ! Mais avant tout, il faut que je précise une chose : je ne suis pas chanteur, et je n’avais pas chanté depuis que j’avais quitté l'école (rires). Nous avions donc ce titre, qui est devenu notre nouveau single et dont la première mouture a été écrite en janvier 2011. Cependant, nous n’en étions pas vraiment satisfaits : nous n'arrêtions pas de le modifier, ça ne fonctionnait pas vraiment. Nous cherchions toujours à l'améliorer, et cela nous demandait pas mal de temps et de travail. Un jour, nous avons fini par modifier la ligne de batterie. Le rythme était plus rapide, saccadé ; enfin, nous étions satisfaits ! Et...
Kathrin DeBoer : …nous sommes sortis chercher des burritos...
Dj Modest : (rires) Et moi, je suis allé dans un pub où l'on passait pas mal de musique d’ambiance, de groupes écossais aussi. Et en rentrant, vers minuit, j'ai eu cette idée : chanter, ajouter des chœurs à la voix de Kathrin (rires) ! En moi-même, j'ai pensé « oh, c’est pas mal ! », car c'était la première fois que je faisais une chose pareille. Quand Ricky m'a rejoint quelques heures plus tard, je lui ai passé cette version-là, et il a eu l’air d’apprécier. Aujourd'hui encore, je trouve cette histoire très étrange parce que j’ai juste trouvé la bonne idée au bon moment ; je n'avais pas du tout l'intention de chanter ! Mais voilà comment cette chanson, somme toute, s'est terminée.
Kathrin DeBoer : Au départ, nous avions même demandé à quelqu’un de venir faire les chœurs ! Puis nous avons voté, et finalement, nous avons tous préféré la version de DJ Modest.
Si l'album Rollerchain racontait une histoire, quelle serait cette histoire ?
Dj Modest : Je pense que chacun esquisse sa propre interprétation de l'album. Finalement, la musique est une forme d'art très énigmatique où l'on trouve ce que l'on veut bien y chercher. Par exemple, je sais que certaines personnes perçoivent l'un des morceaux comme particulièrement triste, alors que moi, je lui donnerais plutôt une signification joyeuse ; et vice versa. Les gens imaginent ce qu'ils veulent sur une musique...
Kathrin DeBoer : Ta remarque est juste : les gens interprètent souvent la même phrase, le même couplet d'une façon complètement différente. Et c'est là que réside la part de magie ! Écouter de la musique est une expérience très personnelle. Chaque auditeur tire ses propres conclusions d'une chanson, perçoit et ressent les choses à sa manière. Et c'est très bien ainsi, il n'est pas question de dire aux gens : « c’est ainsi que vous devez écouter et comprendre les choses ».
Dj Modest : D'ailleurs, ce n'est pas parce qu'une chanson est triste que nous sommes tristes en l'écoutant. Tout dépend de notre état d’esprit ; cela peut provoquer d’autres émotions, jusqu’à nous rendre heureux.
Kathrin DeBoer : Oui, ça peut nous donner envie, nous rendre pensif, c'est notre propre voyage, notre expérience personnelle.
Parmi toutes les chansons de l'album, laquelle serait la plus appropriée pour partir seul sur la route ?
Kathrin DeBoer : Si l'on veut quelque chose de très rapide, Get More est parfaite (rires) !
Pour entamer une introspection ?
Kathrin DeBoer : Cloverleaf ?
Dj Modest : ou peut-être Longer days, longer nights...
Kathrin DeBoer : ou Song for Bill...
Dj Modest : Les paroles du dernier morceau de l'album, Longer days, longer nights, jouent sur l'introspection ; pour moi, elles créent les conditions d’un cheminement intérieur naturel.
Pour se lever le lundi matin ?
Kathrin DeBoer : c'est très rapide quand on se lève (rires) !
Dj Modest : Afan.
Pour un premier rendez-vous galant ?
Dj Modest : Je dirais pratiquement tout l’album…
Kathrin DeBoer : Et en mode repeat (rires) !
Dj Modest : Oui, c’est la bande son parfaite !
Et pour le prochain...
Kathrin DeBoer : Pour le prochain rendez-vous (rires) ?
Non non (rires), pour le prochain long métrage de David Lynch ?
Dj Modest : Cloverleaf.
De Londres à la scène européenne : interview de Belleruche, le groupe d'Anglais que rien n'arrête
« Quand dès le départ, tous les éléments sont contre vous mais qu'au bout du compte, ça fonctionne, c'est encore plus satisfaisant ! »
Vous vivez à Londres. Cette ville a-t-elle une influence sur votre musique ?
Ricky Fabulous : C'est très difficile de trouver un studio (rires) !
Dj Modest : Oui, la vie est très chère à Londres et nous avons eu beaucoup de chance de trouver un studio ! D'autant qu'avec tous les musiciens basés là-bas, la compétition est rude pour décrocher une place dans l'un des quelques studios disponibles. Et c'est bien dommage parce que ce facteur a une importance cruciale quand on veut faire un disque. Pour les albums précédents, ce manque d'espace d'enregistrement a grandement influencé notre méthode de travail. A l'époque, nous n'avons pas eu cette chance, trouver un studio pour faire ce que nous voulions vraiment faire. Sans conteste, donc, le studio a eu une influence majeure sur cet album. Et puis à Londres, il y a beaucoup de concerts, de disquaires, c'est un très bon endroit pour faire de la musique.
Kathrin DeBoer : Oui, Londres est une ville géniale pour la musique live. Il y a tellement de groupes, du monde entier, qui viennent jouer à Londres ! La diversification, pour l'inspiration, c'est très enrichissant. Et ce que l'on ressent dans chacune des parties de la ville, aujourd'hui, est souvent tellement différent ! Du nord de Londres au centre, ou encore au sud de la Tamise, il y a des lieux très divers. Quand nous avons écrit Rollerchain, nous étions dans un quartier très animé de la ville, nous vivions à Hackney, et c'est vrai que cela nous a fortement influencés.
Vous allez jouer dans plusieurs festivals cet été. Que ressentez-vous, sur scène, lors de ces grands événements ?
Dj Modest : Les festivals, c'est toujours un peu étrange car on ne sait jamais vraiment à quelle heure on joue ; à 17 heures, à 22 heures ? A 21 heures – comme c'est prévu ce week-end pour le festival auquel nous participons en France –, la lumière est encore bien présente, alors que nous, nous avons plutôt l’habitude de jouer dans le noir...
Kathrin DeBoer : C'est une heure étrange pour jouer (rires) !
Dj Modest : Les festivals, c'est donc quelque chose de différent, de complètement à part. Et c'est assez difficile, l’éclairage est tellement lumineux, solaire !... La musique rock convient mieux, je pense, à ce genre d'endroits. Pour nous, c'est quand même mieux quand il fait un peu plus sombre (rires) !
Kathrin DeBoer : Et puis ce que l'on ressent, sur scène, change à chaque spectacle. En concert, vous créez des liens avec le public, et ce public est différent à chaque fois. Même en France, entre le nord, le centre et le sud du pays, il y a des différences. Et c'est cela, en partie, qui fait que l'on ne ressent pas la même chose d'un concert à l'autre, et que l'on ne fait pas la même chose, aussi, que l'on ne joue pas toujours de la même façon.
L'un de vos concerts vous tient-il particulièrement à cœur ?
Dj Modest : Ce soir !
Kathrin DeBoer : Mais il n'a pas encore eu lieu !
Dj Modest : Ce sera mon prochain coup de cœur alors (rires) ! Vous savez, nous jouons beaucoup, nous faisons à peu près 50 concerts par an, alors forcément, il y en a de meilleurs que d'autres. Cependant, ceux qui nous surprennent, où nous pensons « Mon Dieu ! Nous ne savons pas où nous sommes, nous ne savons pas comment les gens nous connaissent ! », sont probablement, finalement, ceux qui nous font vivre les meilleurs moments.
Kathrin DeBoer : Je me souviens d'un week-end où nous avions un jour de congé dans une toute petite ville. Pour occuper notre soirée, nous avons décidé de jouer sur place, dans une minuscule salle qui s'est retrouvée tellement bondée qu'avec la condensation, les gouttes tombaient du plafond ! Nous ne nous attendions pas du tout à ce qu’autant de personnes viennent ! Le son n'était pas terrible non plus, mais nous avons fait avec. Quand dès le départ, tous les éléments sont contre vous mais qu'au bout du compte, ça fonctionne, c'est encore plus satisfaisant ! Vous avez surmonté toutes les difficultés, et les gens, au final, passent une bonne soirée. C'est super !
Quels sont vos projets pour les mois à venir ?
Dj Modest : Cet été, nous jouons dans les festivals, puis nous repartons en tournée en octobre, notamment en Allemagne et en France.
Interview réalisée le 27 juin 2012 par Cécile Duclos
Traduction : Caroline Guyot
Traduction : Caroline Guyot
Belleruche, Rollerchain, sortie le 7 mai 2012
Belleruche sera en concert le :
09/10/2012 à Lyon (Salle Du Kao)
Retrouvez Belleruche sur le web : sur son site officiel, sur wikipedia, sur myspace, sur facebook, sur twitter, sur tumblr et sur soundcloud.
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Le dernier album de Belleruche : Rollerchain, Belleruche, Tru-Thoughts, mai 2012. Voir tous les produits (CD, mp3, collectors...) autour de Belleruche |
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