mercredi 4 juillet 2012

Jesca Hoop, The house that Jack built

Jesca Hoop, The house that Jack builtJesca Hoop joue de la guitare, chante, écrit et compose. Jusque-là, rien d'extraordinaire. Sauf que la jeune Californienne n'a pas grand-chose à voir avec l'Amérique lisse et chatoyante des magazines, avec les naïades dorées de Malibu, les mariées décadentes de Las Vegas et les jolies étoiles filantes d'Hollywood. Plus proche des sorcières de Salem et des chamanes amérindiens, Jesca Hoop – pour notre plus grand bonheur ! – est inclassable. C'est donc avec une joie non dissimulée que nous vous annonçons la sortie, aujourd'hui même, de son troisième album, The house that Jack built. Et pour fêter dignement cet événement, laissez-nous vous conter une histoire. L'histoire de Jesca Hoop.

A venir : Interview de Jesca Hoop
A écouter : Jesca Hoop en session acoustique

Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Bonus : En images, la présentation du nouvel album de Jesca Hoop, The house that Jack built :


Jesca Hoop, le raton laveur né mormon qui rêvait d'être un globetrotteur

Tom Waits (à propos de Jesca Hoop) : « La musique de Jesca Hoop ressemble à une pièce de monnaie à quatre faces. C'est une âme ancienne, une perle noire, une gentille sorcière ou la lune rouge. Sa musique, c'est comme aller nager de nuit dans un lac. »

Figure emblématique de la scène indépendante anglo-saxonne, Jesca Hoop grandit dans une famille de musiciens mormons au nord de la Californie. C'est avec eux qu'elle apprend à chanter – sur des airs folk traditionnels – avant d'écrire, à 14 ans, ses premières chansons, de fidèles compagnes sur la route de l'école. Deux ans plus tard, sa « vie de raton laveur » [NDLR : selon ses propres termes] commence. Jesca Hoop se libère du carcan d'une éducation stricte pour une toute autre existence placée sous le signe de Dame Nature : arpentant plusieurs régions d'Amérique, elle devient guide de survie en milieu sauvage, développant des aptitudes en menuiserie et en agriculture, sans jamais cesser de composer. Puis, dans le cadre d'un programme de réhabilitation pour enfants, elle part travailler dans les montagnes isolées d'Arizona.

Jesca Hoop, tous droits réservés

Ce n'est qu'en 2004 que la jeune femme revient à la civilisation. Installée à Los Angeles, elle s'adonne enfin à sa passion pour la musique. Ses influences ? Les vieux standards folk, blues et country, la pop, le gospel, le jazz des années 20-40, le rock 'n' roll, mais aussi les chants slaves, Cat Stevens, Kate Bush, Björk, Beck, Leonard Cohen, PJ Harvey, Police ou encore... Edith Piaf. Des artistes aussi éclectiques que son parcours personnel.
En 2007, le premier album de Jesca Hoop, Kismet, sort dans les bacs. Un an plus tard, un EP acoustique voit le jour, Kismet Acoustic EP. Parallèlement, l'insatiable aventurière se produit sur scène aux côtés de têtes d'affiches aussi prestigieuses qu'Elbow ou Mark Knopfler, le chanteur de Dire Straits. En novembre 2009, Jesca Hoop s'installe en Angleterre, à Manchester, et sort un deuxième album qui conquiert la presse : Hunting My Dress. La beauté et la violence de la nature, la lumière et l'obscurité, le cœur et la raison sont autant de notions opposées que l'on retrouve dans ce disque qui explore en musique la dualité des éléments. En 2010, la jeune femme part en tournée au Royaume-Uni, en Irlande, en France, aux États-Unis avec Eels, en Amérique du Sud avec Peter Gabriel... Début 2011, un nouvel EP paraît, Snowglobe, suivi un an et demi plus tard par le nouvel album de Jesca Hoop, The house that Jack built.

Le dernier album de Jesca Hoop, The house that Jack built

Enregistré dans les studios Zeitgeist de Tony Berg à Los Angeles (comme Hunting My Dress), le nouvel album de Jesca Hoop, The house that Jack built, est le fruit d'une étroite collaboration entre amis de longue date : Jesca Hoop elle-même, Tony Berg (le propriétaire des studios), Shawn Everett et Blake Mills. Enchantée, Jesca Hoop décrira cette expérience comme « une goutte de sang de chacun d'entre eux dans un récipient, qui a donné un son plus radical », et viscéral.
Après des semaines d'écriture et de composition en vase clos, sans aucune communication avec le monde extérieur, on comprend que l'enregistrement ait été pour Jesca Hoop un moment si intense !

Jesca Hoop, The house that Jack built : de Born to à The house that Jack built

Avec un couplet pop-folk entre Liz Phair et PJ Harvey, un rythme enlevé, des guitares omniprésentes et un refrain très rock, Born to, le premier single du nouvel album de Jesca Hoop, The house that Jack built, nous entraîne dans un galop musical endiablé autour d'une question universelle : « Pourquoi certaines personnes naissent-elles avec une cuillère en argent dans la bouche et d'autres, dans la plus extrême pauvreté ? ».

En images, le clip de Born to, extrait du dernier album de Jesca Hoop, The house that Jack built :


« Dear reflection you're my oldest friend, and where you go I go » [NDLR en français : « Cher reflet, tu es mon plus vieil ami, et où tu vas je vais »] : sur le thème du double et de l'isolement, la ballade Pack animal nous fait revivre la retraite musicale de Jesca Hoop qui a permis la création de son nouvel album. Totalement coupée du monde, la jeune femme s'est retrouvée face à elle-même, seule avec ses doutes, ses interrogations, et cette conscience aigüe de la folie qui menace tout être replié sur lui-même. Inquiétant, mystique, envoûtant, ce titre qui donne à la voix de Jesca Hoop ses lettres de noblesse est notre premier coup de cœur.
Inspiré par une ancienne comédie grecque, Peacemaker a cet accent tribal qui ravive sans peine une époque révolue, celle où les femmes des guerriers n'avaient qu'une arme pour se faire entendre, se refuser corps et âme : « Stay home I beg you oh my lover (…), or I will not serve you as your lover » [NDLR en français : « Reste à la maison, je t'en prie oh mon amant (…), ou je ne serai pas ton amante »].

Jesca Hoop, tous droits réservés

Rythmé et mélodique, Hospital (win your love) rafle notre deuxième coup de cœur à coup de bras cassé et de sorbets, de docteur au ticket doré et de néons d'hôpital, de douleur et d'amour. « I carried a bag of rock and stone full of memory of our family aboard a plane to Tulsa, five years of waiting for his life to end suddenly » [NDLR en français : « je portais un sac de roches et de pierres rempli de souvenirs de notre famille à bord d'un avion pour Tulsa, cinq ans à attendre que sa vie s'éteigne d'un coup »] : d'une tristesse manifeste, cette ballade qui a donné son nom au dernier album de Jesca Hoop, The house that Jack built, parle de la mort de son père, de relations familiales tumultueuses, de funérailles et de ces moments comme hors-du-temps où paradoxalement, on est en famille comme en terrain étranger.

Jesca Hoop, The house that Jack built : de Ode to Banksy à When I'm asleep

Avec sa couleur Björk-rock, l'entraînant Ode to Banksy mêle art de rue et culture underground : nouveau coup de cœur. « I'm about to sink (…) I look for my saviour, he’s nowhere to be found, so I hang on to my guitar like a lifeboat till we both drown » [NDLR en français : « Je suis sur le point de couler (…) Je cherche mon sauveur, il n'est nulle part, alors je m'accroche à ma guitare comme à un canot de sauvetage jusqu'à ce que l'on coule ensemble »] : lancinant et mystérieux, Dig this record expire sur le souffle rauque d'une locomotive à vapeur.

Jesca Hoop, tous droits réservés

Arrive ensuite D.N.R., une ballade folk intimiste, aussi épurée qu'engagée. Il y est à nouveau question du père de Jesca Hoop qui meurt à l'hôpital, mais également du Christ et de mariage arrangé, de suicide et de diabète. « You cannot trust a human being to do the right thing » [NDLR en français : « On ne peut pas faire confiance à un être humain quand il s'agit de bien faire » ] : entre grondements et chœurs aériens, Deeper devastation, la chanson favorite de Jesca Hoop, décortique avec poésie sensations et sentiments, la méfiance, la trahison, la peur de l'infidélité, la confiance, la douleur, la loi de la nature, la foi, l'amour...

« I’m a bleeding heart
I’m a hiding heart
And I can bleed and hide and still love
When the truths blown wide
And my faith’s capsized
I drift in loss and sorrow »
[NDLR en français : « Je suis un cœur qui saigne
Je suis un cœur caché
Et je peux saigner et me cacher et encore aimer
Lorsque les vérités soufflent plus fort
Et que ma foi chavire
Je dérive dans la perte et la douleur »]

Enfin, en clôture du dernier album de Jesca Hoop The house that Jack built, l'ensorcelant When I'm asleep, qui malmène le Grand Démiurge sur des rythmes païens, gagne notre quatrième et dernier coup de cœur : « And every second a baby is born through his mother's bones, and torn from grace gotta find your faith or the devil's gonna claim your soul » [NDLR en français : Et chaque seconde un bébé naît à travers les os de sa mère, et arraché à la grâce il doit trouver la foi ou le diable réclame son âme »].

Jesca Hoop, The house that Jack built, 4 juillet 2012

Auteur : Cécile Duclos

Retrouvez Jesca Hoop sur le web : sur son site officiel, sur wikipedia, sur myspace, sur facebook et sur twitter.

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Le dernier album de Jesca Hoop :
The house that Jack built, Jesca Hoop, Pid, juillet 2012.
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