lundi 30 janvier 2012

Lana Del Rey : Born to die ?

Lana Del Rey : Born to die ?Le buzz Lana Del Rey n'en finit pas de déchaîner les foules. Adulée, jetée au pilori, la divine Lolita séduit autant qu'elle agace. Le dernier scandale en date ? Video Games, son premier single, ne serait qu'un vulgaire plagiat. Et comme le hasard fait bien les choses, l'obscure chanson grecque à l'origine de la polémique surgit des limbes à point nommé : deux semaines à peine avant la sortie tant attendue de l'objet de la discorde, Born to die, aujourd'hui dans les bacs. Et si le titre de l'album était prémonitoire ? Si la chanteuse américaine, anéantie, sacrifiait sa carrière naissance pour mettre fin à la tourmente médiatique ? La question reste ouverte, mais une chose est certaine : si, sur son compte, les plus folles rumeurs font toujours la une des magazines, Lana Del Rey, n'en déplaise aux incrédules, n'est pas un fake, une icône synthétique inventée de toute pièce par le Professeur Nimbus de l'industrie du disque. Eh oui, Lizzie Grant – de son vrai nom – existe bel(le) et bien, on l'a même vue en chair et en os ; et si, depuis, ses lèvres pulpeuses ne cessent de faire couler de l'encre (salive comprise), ce n'est pas là – et loin s'en faut ! – l'unique chou gras dont se délectent ses détracteurs. Lana Del Rey au banc des accusés ? Le cœur de la controverse, en trois idées reçues.

Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Le saviez-vous ? : Tracking liste du nouvel album (édition limitée) de Lana Del Rey, Born to die :
1 - Born To Die
2 - Off To The Races
3 - Blue Jeans
4 - Video Games
5 - Diet Mountain Dew
6 - National Anthem
7 - Dark Paradise
8 - Radio
9 - Carmen
10 - Million Dollar Man
11 - Summertime Sadness
12 - This Is What Makes Us...
13 - Without You
14 - Lolita
15 - Lucky Ones

Lana Del Rey, born to die… sous une bombe grecque

« Quand on est dans la merde jusqu’au cou, il ne reste plus qu’à chanter. » (Samuel Beckett)

Video Games, pompée sur une chanson grecque des années 90 ? Incroyable mais... vrai ? En images, la vidéo qui a mis le feu à Twitter avant de s'abattre sur la blogosphère :
Dromoi Pou Agapisa d'Eleni Vitali (1991) :



Pour rappel, la vidéo de la présumée contre-façon, Video Games, de Lana Del Rey (Born to die):


S'il l'on fait abstraction de la tonalité, du rythme, de l'arrangement et de l'esprit de la mystérieuse chanson grecque, et que l'on concentre nos efforts sur le couplet de Video Games (« Swinging in the backyard, Pull up in your fast car, Whistling my name... »), la similitude entre les deux mélodies saute aux oreilles. Mais si l'on y réfléchit bien, cela ne pourrait-il pas, plus simplement, être le fruit du hasard ? L'accusation de plagiat n'est-elle pas un peu hâtive ? Reprenons le passage incriminé : une dizaine de notes, qui se battent en duel. Mathématiquement parlant, le constat est simple : plus une mélodie est complexe (plus elle contient de notes, donc), moins il est probable que par hasard, deux personnes différentes la composent. On vous laisse juger de la complexité mise en jeu ici...
Poursuivons néanmoins notre analyse. Video Games a été composée par Justin Parker, un producteur londonien. A cette époque, Lana Del Rey – qui a écrit les paroles de la chanson –, totalement inconnue au bataillon, végétait quelque part entre son pays natal, les États-Unis, et le Royaume-Uni où elle tentait de se faire un nom. Une question se pose inévitablement : est-il réellement pensable qu'un anglais ait copié vingt ans plus tard une chanson grecque des années 90, que personne ne connaît ni d’Ève ni d'Adam ? Qu'en visionnaire hors pair, il ait flairé le carton là où tout le monde ne voyait que le soufflet ? Et qu'il ait alors, au risque de perdre ses droits d'auteur, sa réputation et son casier judiciaire, éhontément copié ce que lui seul considérait comme le tube de demain ? N'est-il pas plus vraisemblable que ce ne soit pas Justin Parker, mais l'un des quelques 20 millions d'internautes (et combien en Grèce ?) à avoir visionné le clip de l'étoile montante, qui lui, ait connu cette chanson grecque et fait le rapprochement ? On vous laisse méditer.

Lana Del Rey en concert à Paris

Pour conclure le chapitre grec, ouvrons un nouveau débat, sur le refrain de Video Games (« It's you, it's you, it's all for you, Everything I do, I tell you all the time... ») cette fois-ci. Car il n'y a pas de raison : si le couplet a été copié quelque part, pourquoi pas le refrain ? Allons-y, donc, lançons un avis de recherche : en Grèce (on ne sait jamais), en Bosnie (ce n'est pas la peine d'aller fouiller en Angleterre, dans des pays d'Europe trop proches comme la France, l'Espagne ou l'Allemagne, ni aux États-Unis, Justin Parker n'est pas le dernier des idiots non plus), aux Philippines, en Slovaquie, en Finlande, au Mozambique, en Moldavie, au Cap-Vert (il y a de belles mélodies par là-bas paraît-il) ! Sur un malentendu...

Lana Del Rey, born to die... sous le poids des lèvres

« Que celui qui n'a pas péché, jette la première pierre ! »
(Évangile selon Jean)

Lana Del Rey : Born to die ?Les lèvres de Lana Del Rey sont-elles fausses ou archifausses ? Véritable boomerang médiatique, la question semble ne laisser personne indifférent. Et pourtant, leur volume, leur forme, leur texture, leur couleur, leur densité (quoi d'autre encore ?), rien de tout cela ne l'empêche de chanter. Sur slate.fr, en octobre dernier, on s'interroge prudemment : « Lana Del Rey, les lèvres de la discorde ». Un mois plus tard, on fête dignement sa venue en France. Lana Del Rey, en concert à Paris ? Ce n'est pas tous les jours, louons le Seigneur : « Lana Del Rey, lèvres-toi et marche ». En décembre, c'est au tour des inrocks de se lancer gaiment dans l'arène : « Lana Del Rey sur toutes les lèvres »... Les lèvres charnues (pulpeuses, lippues, replètes, grosses, généreuses, dodues, épaisses... fessues ?) de la Belle font l'unanimité (ou pas, question de point de vue), et la dernière mode, définitivement, est au joke. Sur le web, dans les journaux, à la télévision, à la radio, on assiste à un véritable florilège de jeux de mots, à croire que l'on n'attendait que les lèvres ventrues de Lana-Jessica (Rabbit, s'entend) pour rivaliser d'esprit. Le sujet délie les langues, le sujet déride (regonfle ?), le sujet brûle toutes les lèvres. Chirurgie esthétique ? Vraies ou fausses ? Impossible de clouer le bec aux plaisantins inspirés, pensez ! Un sourire vissé au coin des lèvres, quel bonheur en ces temps de crise ! Ça fait du bien, ça ne mange pas de pain. Ah oui ?... Cependant, qui aime à entendre parler de ses bourrelets d'amour, de ses cuissots fraîchement liposucés, de sa bouche en cul de poule, de ses oreilles en chou-fleur, recollées de travers, de son œil gauche qui dit m... à l'autre, de son menton en galoche raboté à la va-vite, de sa calvitie précoce, de son nez perchoir refait pour trois francs six sous (« c'est un roc !... c'est un pic... c'est un cap ! Que dis-je, c'est un cap ?... c'est une péninsule ! », Cyrano de Bergerac), de sa dentition chevaline, de son lifting en ruine ? Lana Del Rey, born to die ? Ce ne sera pas sous les coups de bistouris... Et si l'on ose espérer que le talent d'une artiste ne se mesure ni à la taille de ses lèvres ni à celle de ses seins, en attendant, c'est le cœur que l'on a, nous, au bord des lèvres.

Lana Del Rey, born to die... sous des trombes d'eau

« Le problème de certaines femmes, c'est qu'elles portent des robes qui laissent entendre qu'elles vont se mettre à chanter. A chanter faux évidemment. » (Jacques Dutronc)

Lana Del Rey, une casserole ? C'est ce qu'il se murmurait déjà il y a quelques mois avant même que ladite casserole ne monte sur scène, et qui vient d'éclater au grand jour (le 14 janvier dernier, en même temps que le scandale grec, allez savoir pourquoi...) : Lana Del Rey chanterait faux... et archifaux. La preuve ? Une prestation jugée désastreuse sur le plateau d'une émission américaine, Saturday Night Live. Ni une ni deux, la vidéo fait le tour du web et cette fois-ci, les peoples s'en mêlent. Juliette Lewis n'hésite pas à y aller de son petit commentaire : « Wow, regarder cette 'chanteuse' au Saturday Night Live, c'est comme regarder une fille de 12 ans dans sa chambre qui prétend savoir chanter et faire le show ». La chanteuse du groupe éponyme Juliette and the Licks (qui peine à traverser l'Atlantique) ne serait-elle pas un chouilla envieuse ? Les fillettes seraient tout de même fichtrement douées, aux États-Unis !...

Dans Saturday Night Live, Lana Del Rey chante Video Games :


Et Blues Jeans (Lana Del Rey, Born to die) :


Revenons à présent sur la prestation « catastrophique » de Lana Del Rey. Nul besoin d'avoir l'oreille musicale, ici, pour comprendre que la chanteuse s'est permise, ce soir-là, d'interpréter ces deux titres, et d'en proposer, de fait, une variante. Bien mal lui en a pris ! Faire preuve d'audace ? Sacrilège. Où diable se croit-elle ? Dans un club de jazz des années 30 ? Dans un bar underground ? A Woodstock ?
Et pourtant, il va falloir s'y faire ! Lana Del Rey improvise, adapte, modifie, invente, interprète, ose ; chanter une chanson comme un élève répéterait sa leçon ? Ce n'est pas sa façon à elle de faire de la musique, et sur scène, tout le monde peut s'en rendre compte (le web regorge de vidéos édifiantes sur le sujet). Alors pourquoi s'en émouvoir aujourd'hui ? Ah oui ! La sortie de l'album de Lana Del Rey, Born to die...

Qui veut la peau de Lana Del Rey ? Born to die, suite et fin

« Je sais bien que tu me tueras, mais que je vive ou que je meure, non, non, non, je ne céderai pas » (Carmen, Georges Bizet)

Pour mettre le monstre à terre, c'est le moment ou jamais. Après, il sera sans doute trop tard. Du talent à revendre, ça fait toujours peur, et lorsqu'en plus, on affiche la délicieuse plastique d'une pin-up hollywoodienne, trop, c'est trop. A grand renfort de ragots, Lana Del Rey doit absolument disparaître des ondes : « Lana Del Rey se prend pour Nancy Sinatra » (n'acquiescez jamais quand on vous compare à quelqu'un d'autre) ; « Lana Del Rey copie David Lynch » (une règle d'or, ne pas avoir d'influences artistiques) ; « Lana Del Rey n'est pas sûre d'elle » (facile à dire, moins d'être à sa place) ; « Lana Del Rey manipule le web » (c'est l'as du buzz, le grand manitou du marketing, la déesse des réseaux sociaux ! On l'appelle la femme pieuvre) ; « Lana Del Rey : un crapaud avant d'être cygne ? » (des crapauds comme ça, on en embrasserait bien plus souvent, nous, on vous le dit ! Avant ou après. »)...

Lana Del Rey en concert à Paris

Comment l'ennemie publique n°1 vit-elle l'acharnement médiatique dont elle fait l'objet ? Au Quietus, en octobre dernier, suite à la publication d'un article l'accusant d'inauthenticité, Lana Del Rey déclarait : « Si je dis quoi que soit, ils publieront quelque chose du genre 'Lana Del Rey s'est sentie blessée !'. Mais ils me semble que dans cet article, ils ont été particulièrement cruels (…), d'une façon assez personnelle. Ils ont vraiment pour mission de me détruire. Je ne suis pas quelqu'un qui aime la confrontation, alors si cela doit devenir ma vie, à partir de maintenant, honnêtement, je ferais mieux de ne plus chanter, d'arrêter ma carrière. ». Mais la souffrance n'a jamais arrêté une machine de guerre. Quand on est « parano et schizophrène », on ne peut rien pour vous. On se demande, parfois, ce qui différencie les adultes des enfants qu'ils ont été, il y a bien des années, dans la cour d'école...

Auteur : Cécile Duclos

Lana Del Rey, Born to die, sortie prévue le 30 janvier 2012.

Retrouvez Lana Del Rey sur le web : sur son site officiel, sur myspace ou sur facebook.
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Le premier album de Lana del Rey : édition limitée :
Born to die, Polydor, 30 janvier 2012.
Voir tous les produits (CD, mp3, collectors...) autour de Lana Del Rey
Une compilation incontournable de Nancy Sinatra, avec le célèbre morceau Bang Bang :
The Essential, mars 2006.
Voir tous les produits (CD, mp3, collectors...) autour de Nancy Sinatra



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4 commentaires:

benboo a dit…

Pour répondre à ta critique, la ressemblance entre les deux chansons est loin d'être anecdotique... La probabilité pour faire une mélodie de 10 notes qui corresponde à une oeuvre déjà produite est tout simplement infime... quasi impossible

Il y a déjà eu des précédents dans l'histoire de la musique (come as you are de Nirvana et eighties de Killing Joke, et encore le style est assez différent pour ces deux chansons) où l'on a voulu faire croire à la coincidence, jusqu'à ce que l'artiste reconnaisse s'en être "inspiré".

Après son look, on s'en moque un peu non? Mais force est de constater que cela ne doit pas être l'avis de sa boite de prod qui nous a ficelé un joli paquet pour nous servir la soupe. A regarder ses premières vidéos (elle est blonde à l'origine... non? Mais être blonde c'était bien dans les 50's, maintenant faut être rousse comme dans Madmen) elle a radicalement changé son style.
Perso cela ne me dérange pas, mais vu le changement, il y a forcément une démarche derrière tout cela, aussi faut il accepter d'être critiquer à ce niveau là.

Après il ne faut pas oublier que c'est une chanteuse. Alors oui l'histoire du montage des vidéo sur "yaourtube" c'est super, ça confère une certaine image attendrissante, mais bon ce que l'on attend d'elle c'est qu'elle chante, et bien, et c'est assez loin de ce que j'ai pu voir au SNL.
Je m'étonne que personne n'ait relevé la qualité, plate, des paroles...

En fait Lana est une artiste dans son temps en phase avec son époque, celle où on privilégie le contenant que le contenu. Et oui la musique est aussi histoire de marketing et de packaging... dommage.

Anonyme a dit…

Benboo, je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi. Lana a beau avoir une jolie plastique et un joli minois (nous sommes tous objectivement en phase à ce sujet), ça n'enlève en rien son talent de chanteuse. Je l'ai vue pour ma part à l'oeuvre au nouveau casino, parfaite! Elle minaude, c'est vrai, mais elle minaude bien et surtout elle chante juste et elle a une superbe voix (lynch ne s'y est pas trompé en l'invitant le lendemain au Silencio). Pour en revenir à Vidéo games, reprise ou pas reprise, là n'est pas la question, mais plutôt : Lana Del Rey a écrit les paroles de la chanson et non la musique, aussi, il serait de bon ton de s'adresser aux bonnes personnes. Avoir un label connu ne justifie pas du talent mais ne l'enlève pas non plus. Dans le cas de Lana Del Rey, on ne peut pas le lui enlever, il suffit juste d'écouter ses vocalises...

Anonyme a dit…

bien que dans son live elle chante "faux" on remarque quelques fois quelle arrive a enchaîner le "faux" et le "juste", j'ai l'impression qu'un nouveau buzz se prepare et que tout un coup on la verra chanter magnifiquement bien, et si ca se produit, ses ventes exploseront

Anonyme a dit…

Superbe article !

Très belle plume, Bravo !

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