mardi 31 janvier 2012

Watine, Still Grounds For Love

Watine, Still Grounds For LoveEntre électronique et dream pop, musique classique et trip hop, le troisième album de Watine, Still Grounds For Love, nous immerge dans un univers organique et onirique à la croisée des contes d'Andersen, du roman gothique anglais et de la prose du Comte de Lautréamont. Résolument indé, Still Grounds For Love électrise, exorcise, hypnotise. Divinement chanté, Still Grounds For Love bouleverse, traverse, renverse. Les oreilles au placard, on l'écoute avec les tripes, religieusement. Les émotions dégringolent, les sensations s'envolent, les histoires se parent d'images folles : impossible de sortir indemne de cette expérience intimiste, exquise à souhait. Still Grounds For Love, un conte de fées musical.


Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Le saviez-vous ? : En 2008, Watine produit Indie Moods, une compilation qui regroupe des jeunes talents de la scène indépendante (Cascadeur, Jill is lucky, Nathaniel Isaac Smog…)

Watine : Still Grounds For Love, la consécration

« Et pour quelles raisons étranges, les gens qui tiennent à leurs rêves, ça nous dérange. » (Michel Berger)

Catherine Watine (Watine, de son nom de scène) n'a que 3 ans lorsqu'elle laisse pour la première fois ses doigts galoper sur les touches noires et blanches d'un piano. L'amour d'une vie ne s'explique pas : le piano devient son fidèle compagnon. A quel moment la jeune musicienne découvre-t-elle cet autre instrument qu'elle cache au plus profond d'elle-même, cette voix râpeuse et feutrée, d'une douceur désarmante ? Ce timbre si saisissant qu'on en pleurerait de bonheur ? Mystère.

Watine en concert

Ce que l'on sait, en revanche, c'est que la vie réserve bien des surprises. Aussi, ce n'est qu'après avoir quadrillé la planète pour des guides touristiques, qu'un beau jour, Watine pose ses valises, bourrées à craquer d'harmonies provenant des quatre coins du monde. Éclectisme, liberté, sensibilité. Des symphonies, concertos et autres variations plein la tête, sans oublier l'électro, le rock, la pop et la folk, Watine donne naissance en 2006 à son premier prodige, Dermaphrodite, co-produit par Markus Dravs (Coldplay, Arcade Fire, Björk, Brian Eno). En 2009, un deuxième opus voit le jour, B Side Life, réalisé par Nicolas Boscovic (Xavier Plumas, Erik Karol) ; les médias l'acclament comme son frère aîné. En 2011, c'est Still Grounds for Love, lui aussi réalisé par Nicolas Boscovic, qui vient au monde. Triomphe sur les ondes, le public est conquis.
Portées par une voix jetée en offrande sur les cordes d'un piano, des textes poétiques à la rythmique soignée, les chansons de Watine possèdent ce don presque agaçant qu'ont certains films, vous retourner en deux temps trois mouvements.

Watine : Still Grounds For Love au pays des merveilles

« Le désespoir est la plus petite de nos erreurs. » (Lautréamont)

WatineMélancolique, teinté de merveilleux, l'univers de Watine s'écoute les yeux grand ouverts. Des êtres-pantins, poupées de cire et automates ficelés, funambules éphémères et peluches animées, fantômes évanescents et forces de l'ombre, aussi fascinants qu'inquiétants, peuplent des forêts bruissantes au clair de lune, des théâtres de marionnettes, des pages manuscrites, dans des clips d'animation qui ne peuvent que ravir les adeptes de Tim Burton. Les trésors oubliés des vieilles malles de nos greniers (cheval à bascule, horloges mécaniques...) hantent toujours nos esprits grisés de technologie (mégalopoles, écrans, ordinateurs...).
Avec Still Grounds For Love, on pense à Alice au pays des merveilles, au Magicien d'Oz, à Pinocchio, au Petit Poucet, à toutes ces amis de notre enfance que l'on ne voudrait perdre pour rien au monde.
C’est ainsi qu’elle demeura assise, les yeux fermés, et se croyant presque dans le Pays des Merveilles, bien qu’elle sût qu’elle n’avait qu’à rouvrir les yeux pour que tout fût changé en une triste réalité : les herbes ne bruiraient plus alors que sous le souffle du vent, et l’eau de la mare ne murmurerait plus qu’au balancement des roseaux ; le bruit des tasses deviendrait le tintement des clochettes au cou des moutons, et elle reconnaîtrait les cris aigus de la Reine dans la voix perçante du petit berger ; l’éternuement du bébé, le cri du Griffon et tous les autres bruits étranges ne seraient plus, elle le savait bien, que les clameurs confuses d’une cour de ferme, tandis que le beuglement des bestiaux dans le lointain remplacerait les lourds sanglots de la Fausse-Tortue. (Alice au pays des merveilles, Lewis Carroll)

En images, Le Cours de ma vie de Watine (Still Grounds For Love) :


Le fabuleux voyage de Watine : Still Grounds For Love

C'est la gorge nouée que l'on se laisse attraper par la première chanson de l'album, The Story of that Girl, au texte noir, chuchoté, au bord des larmes, déposé sur une nappe musicale où le violoncelle se taille de mordantes envolées.
En concert au Deux-Pièces Cuisine, Watine chante The story of that girl :


Connected Queen (dont le clip, très attendu, paraîtra en février prochain) débute comme une comptine, bientôt relayée par l'obsédante et délicieuse mixture électro-acoustique dont Watine a la recette. Au rythme des roulements de caisse claire, la voix explore, change de registre ; parlé, chanté, scandé, susurré, chantonné...

Les cloches d'une église, le tonnerre qui gronde, un piano aérien, des violons tout droit sortis d'un conte de fées, la magie de The Strings of my Fate sonne comme une évidence.
En images, le clip officiel de The Strings Of My Fate (extrait du dernier album de Watine, Still Grounds For Love), réalisé par Thomas Guerigen :


Dans Trying to, le violoncelle, funèbre, décortique les pérégrinations d'une âme en peine (« so much confusion »), ballotée entre ciel et terre. La boîte à rythme se mêle au piano, les chœurs fantomatiques à la voix douce et meurtrie de Watine, qui souffle et s’essouffle dans un élan d'éternité. Sur Books & Lovers, on danserait bien une valse, porté par les cordes et la mélodie, comme ces danseurs de boîtes à musique qui tournent, virevoltent, ralentissent, s'arrêtent, pour repartir de plus belle. « There is no place like home » : on sent l'émotion glisser, à fleur de peau ; « Love is the question, love is the answer » : Strong Inside vibre, palpitant ; on y fête le mariage d'un violoncelle écorché, d'un violon écartelé et d'une voix déchirée. Architect, c'est la ronde des instruments, de musique ou non. Bruits, grincements, claquements. On pense au Grand Architecte, à son univers déglingué, qui tourne, malgré tout. « I should have been an architect » : pourquoi pas ?

En images, le clip de Strong Inside (extrait du dernier album de Watine, Still Grounds For Love), images d'Emilie Lefellic, post-production par Benjamin Sanchez :


Sailors déploie une mosaïque de sons mécaniques plantés sur la partition d'un accordéon. Derrière le violoncelle qui pleure dans les flots, on entend le chant des marins perdus en haute mer, les cris silencieux des femmes éplorées restées à quai, et les enchanteresses lamentations des sirènes affamées :
Que de nuits elle passait debout à la fenêtre ouverte, scrutant la sombre eau bleue que les poissons battaient de leurs nageoires et de leur queue. Elle apercevait la lune et les étoiles plus pâles il est vrai à travers l'eau, mais plus grandes aussi qu'à nos yeux. Si parfois un nuage noir glissait au-dessous d'elles, la petite savait que c'était une baleine qui nageait dans la mer, ou encore un navire portant de nombreux hommes, lesquels ne pensaient sûrement pas qu'une adorable petite sirène, là, tout en bas, tendait ses fines mains blanches vers la quille du bateau. (La petite sirène, H. C. Andersen)

Dans Le cours de ma vie, Watine délaisse la langue de Shakespeare pour celle de Rimbaud : « moi qui crois toujours être libre de mes actes, je constate que je marche un fil à la patte ». Ode à Dame Nature, à l’œuvre rocambolesque du Grand Démiurge, l'Architecte d'Architect : « je cherche l'essentiel en regardant le ciel ». Le violoncelle creuse une plaie, l'orgue la panse. Gracieux, enivrant, le planant Grounds for Love vient alors clore l'album avec délicatesse.
Si en écoutant le dernier album de Watine, on pense à l'accordéon de Yann Tiersen, à la voix de Marianne Faithfull, ou encore au piano d'Erik Satie, c'est que l'émotion, palpable, est commune à l'ensemble de ces artistes. Égal de bout en bout, Still Grounds for Love est un rêve éveillé à porté d'oreilles.

Auteur : Cécile Duclos

Watine sera en concert :

Watine, Still Grounds For Love, avril 2011

Retrouvez Watine sur le web : sur son site officiel, sur myspace ou sur facebook.

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Le dernier album de Watine :
Still Grounds For Love, Watine, Catgang, avril 2011.
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