vendredi 17 février 2012

Carole Zalberg, A défaut d'Amérique

Carole Zalberg, A défaut d'AmériquePassé, présent, avenir : le temps est triple. A son image, le dernier roman de Carole Zalberg, A défaut d'Amérique, s'articule autour de trois générations, de trois guerres (la première guerre mondiale, la seconde, et celle d’Algérie), et de trois continents (l’Europe, l’Amérique, l’Afrique). Sur fond d'exode et de lutte armée, d'intégration et de persécution, d'amour et de sacrifice, d'émancipation et d'héritage familial, des femmes, chacune à leur manière, entrent dans l'histoire, celle de tous les jours, et celle que l'on apprend, petit, sur les bancs de l'école.

A lire : Interview de Carole Zalberg : l'émotion à fleur de peau.

Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Bonus : Pour découvrir ce qu'Amélie Nothomb a écrit à propose du dernier roman de Carole Zalberg, A défaut d'Amérique, rendez-vous sur le site officiel de la romancière !

Carole Zalberg, A défaut d'Amérique : une saga familiale qui s'inscrit dans l'Histoire

« Même la guerre est quotidienne. » (Marguerite Duras)

En voulant sauver sa famille des massacres antisémites qui ensanglantent la Pologne, Kreindla se retrouve piégée en France par les deux guerres mondiales. Sa fille, Adèle, traverse courageusement les deux guerres après avoir survécu à l'exil. En Afrique du Sud, Sophia milite activement contre l’Apartheid tandis qu'aux États-Unis, sa sœur, Lisa, renonce à ses rêves de jeune fille pour mener un tout autre combat, assurer le bonheur de sa famille. Des années plus tard, sa fille, Suzan, est confrontée, impuissante, à l'explosion des Twin Towers :
« L'écran, à l'autre bout de la pièce, dans le coin salon, est trop petit pour que Suzan comprenne ce qu'elle voit. Il y a des tours et de la fumée dans un ciel très bleu. On entend de minuscules cris. » (pp 210-211)
Twin Towers, New York, 11 septembre

Le livre de Carole Zalberg, A défaut d'Amérique, déplace ses pions sur l'échiquier de nos blessures héréditaires, ces traumatismes historiques transmis de génération en génération, et de continents en continents : les pogroms en Pologne, l'hécatombe de la Grande Guerre, le massacre des juifs et les horreurs du nazisme, le carnage de la guerre d'Algérie, les ravages de l'Apartheid, le cauchemar américain du 11 septembre. 

Carole Zalberg, A défaut d'Amérique : entre espoir et désespoir

« Même sans espoir, la lutte est encore un espoir. » (Romain Rolland)

Sans concession, le roman de Carole Zalberg, A défaut d'Amérique, s'ouvre sur l'enterrement de sa pièce maîtresse, Adèle :
« A cette distance, on ne perçoit rien du deuil ou d'un soulagement. Le petit groupe amassé autour de la tombe évoque une assemblée de longs volatiles penchés au-dessus d'une trouvaille. Collés les uns aux autres pour faire barrage au vent. Piétinant d'impatience ou de froid. » (p11).
Puis le cimetière parisien ferme ses grilles, et l'épopée à plusieurs voix commence. On remonte le temps, on se souvient, on parle à  tour de rôle, on résiste au glaive de l'Histoire, à l'infortune, et on se réjouit des fugaces moments de félicité. Les grands malheurs font-ils les petits bonheurs ? Un mariage d'amour, l'euphorie de la Libération, les joies de la maternité côtoient les pires atrocités qui révèlent, en toile fond, les multiples travers de la nature humaine. 

Le voyage initiatique de Carole Zalberg : A défaut d'Amérique

« Le plus beau présent de la vie est la liberté qu'elle vous laisse d'en sortir à votre heure. » (André Breton)

Émouvant, parfois drôle, toujours juste, le dernier roman de Carole Zalberg, A défaut d’Amérique, pousse les portes du passé pour donner un sens au présent. Suzan, qui n'a plus le goût de vivre, se met en quête d'un destin, de son destin. Sur ses traces, on prend conscience de notre propre responsabilité, celle que l'on pourrait qualifier de collective. L'histoire, la petite comme la grande, se construit à plusieurs. Et il n'est jamais trop tard pour agir. Le chemin à parcourir paraîtra peut-être insurmontable, interminable, incompréhensible, injuste, mais l'emprunter, c'est aussi donner un sens à sa vie. Parfois, c'est également faire preuve de libre arbitre ; le reste du temps, sans doute n'a-t-on pas vraiment le choix :
« Elle, ne pouvait pas s'en arranger. Certains y parviennent. Elle pas. Elle dit que ce n'était pas du courage ni véritablement un choix. » (p206)

Dachau, camp de concentration

Mais finalement, cela change-t-il quelque chose aux conséquences de nos actes ? Tout instant de bonheur a un prix, toute victoire aussi ; et si la souffrance ne disparaît pas, elle s'estompe avec le temps. 
Véritable voyage initiatique, A défaut d’Amérique peut bien flirter avec la mort sous toutes ses formes et l'éternelle vanité des choses, c'est aussi un magnifique cri d'espoir.

Auteur : Cécile Duclos


A défaut d’Amérique, Carole Zalberg, Actes Sud, 8 février 2012.

Retrouvez Carole Zalberg sur le web : sur wikipedia, et sur son site officiel.

Bibliographie de Carole Zalberg :
Léa et les Voix, Nicolas Philippe/L’embarcadère, 2002
Les Mémoires d'un arbre, Le cherche midi éditeur, 2002
Chez eux, Phébus, 2004
Mort et Vie de Lili Riviera, Phébus, 2005.
La mère horizontale, Albin Michel, 2008.
Et qu'on m'emporte, Albin Michel, 2009
A défaut d’Amérique, Actes Sud, 2012


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Le dernier roman de Carole Zalberg :
A défaut d'Amérique, Carole Zalberg, Actes Sud, 8 février 2012.
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