Dans Les yeux d'Elsa, Aragon écrit : « Les raisons d'aimer et de vivre varient comme font les saisons ». Des saisons qui sans cesse meurent pour revenir, imperturbables, comme l'amour, éphémère, qui ne disparaît que pour mieux renaître de ses cendres, à la symbolique du printemps où fleurissent les idylles d'un jour, d'un mois ou d'une vie, l'amour a toujours été étroitement lié au passage du temps, et plus précisément, au cycle de saisons. En ces premiers jours de printemps, place donc au poème du jour, La cinquième Saison...
La cinquième Saison
Au printemps je t’ai connu :
L’époque où les ronces poussent dru
Où la nuit cesse de parfaire
La moisissure des pierres
En été je t’ai désiré :
Ton soleil a blanchi mon espace journalier
Et mon âme s’est prise dans la tienne
Comme aux barbelés l’aube tiède
A l’automne je t’ai aimé :
Nos paroles par l’air déviées
Ne se sont point échouées aux franges des grands hêtres
Sourdes litanies elles continuent d’être
Cet hiver en toi m’a retenue prisonnière
Car ni à présent ni naguère
Tu n’as négligé de parler hors les murs
Et la neige qui résorbe les angles résonne encore de ton rire pur
A la cinquième saison, affranchis, les nuages
Evolueront volages en coulisse
Et d’un même oeil nous découperons, délicieux supplice
Dans les trouées d’azur des visages sans âge
Auteur : Eva Cordel
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