mercredi 11 avril 2012

Yarol Poupaud parle de Black Minou

Yarol Poupaud parle de Black MinouBlack Minou ? C'est la dernière folie légère qui fait vibrer Pigalle ! Dans les caves humides du quartier, ce groupe de rock au nom improbable distille une musique punchy sous des néons brûlants. Producteur à ses heures, anciennement guitariste des FFF et d'Adanowsky, Yarol Poupaud (à la guitare et au chant) s'est entouré pour ce projet musclé de ses deux frères Melvil (auteur et comédien, à la basse) et César (prof de maths, à la guitare), secondés par une bande de joyeux drilles toujours prêts à se relayer sur scène pour le seul amour de la musique (et des filles ?). Avec un premier EP dans les bacs, Black Minou change de cap : enflammer les bars de la capitale en s'attaquant aux grosses pointures (AC/DC, les Stones, Dylan, Curtis Mayfield...) ne leur suffit plus, c'est donc avec leurs propres compositions qu'ils poursuivent l'aventure.
Une aventure qui commence avec Boogie With You, un titre énergique qui sonne comme un bon vieux rock des années 60 ; ça bouge, ça parle de galipettes, ça fait la part belle à la guitare solo : tout y est, comme au bon vieux temps. Grosse basse, rythme balancé, refrain qui crache : Bad Habit n'attend qu'une chose, une bonne fosse pour slammer à son aise. Calé sur un riff très années 70 (allez, à la Hendrix), Voodoo Love rend un éclatant hommage au Voodoo Chile du maître Es Guitare (« Lord knows I'm a Voodoo Chile, yeah... ! »). Et pour clore l'EP, Makin’it Easy nous largue une dizaine d'années plus tard : way back in the eighties, sur une nappe new wave matinée de blues, et bien sûr, de rock and roll !...
Mais à présent, revenons à nos moutons, et plus précisément, au chef de meute : Yarol Poupaud. Les yeux pétillants, les cheveux en bataille, un authentique cuir de motard sur le dos, le guitariste-chanteur au sourire enchanteur nous parle de Black Minou, son nouveau bébé. Let's rock !

Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Bonus : A la question « Votre premier single, ce sera quel titre ? », Yarol Poupaud répond :
Je ne sais pas, je suis très mauvais pour ça... Je les aime tous les quatre alors un jour je me dis que c'est celui-là, et le lendemain, c'est l'autre.

Yarol Poupaud parle de Black Minou, un groupe pas comme les autres

« Si vous voulez, on est comme un « gang » (rires) ! On est quatre sur scène, mais ce ne sont pas forcément les quatre mêmes. »


Comment avez-vous eu l'idée de monter un nouveau groupe, Black Minou, avec vos deux frères Melvil et César ?
J'avais envie de refaire des concerts, de jouer à nouveau. Juste pour le plaisir, pour la musique. Aux États-Unis, j'avais vu des gens qui jouaient partout ; dans tous les bars, il y avait un groupe. Quand je suis rentré à Paris, je n'avais qu'une idée en tête, trouver un endroit pour jouer. J'ai donc appelé mon frère – depuis qu'on est môme, on fait de la musique ensemble – et on a trouvé des caves dans le quartier, à Pigalle, dans un bar où l'on pouvait jouer tous les jeudis. On a commencé à faire un concert, puis deux, trois, quatre... Puis toutes les semaines, chaque jeudi, pendant presque un an – avec des périodes de pause, bien sûr ! – .

Passage obligé pour entrer dans la 3ème dimension : une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan (en carton, ça suffit).
Pour entrer dans la 3ème dimension, une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan suffit (n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'agrandir).

D'où vient votre nom de scène « Black Minou » ?
Comme tous les groupes, il y a eu une période, au début, où l'on n'avait pas de nom. On en cherchait un quand on est parti à Vannes, en Bretagne, pour un faire un concert. En fin de soirée, le mec qui nous ramenait à l'hôtel nous a dit : « ah ! c'est dommage qu'on soit mercredi, parce que sinon, je vous aurais amenés au Black Minou ! ». Le Black Minou – qui était donc fermé, le mercredi –, c'était le nom d'une boîte de nuit, à côté de Vannes. Et nous, on s'est dit : « Quoi ? Le Black Minou ? Mais ça, c'est le nom du groupe ! ». D'ailleurs, ça a changé de nom depuis (rires).

Sur scène, d'autres musiciens vous accompagnent ; pouvez-vous nous en parler ?
Si vous voulez, on est comme un « gang » (rires) ! On est quatre sur scène, mais ce ne sont pas forcément les quatre mêmes. Moi, j'ai du mal à ne pas être là vu que je chante, mais quand Melville part en tournage, un copain le remplace à la basse ; quand mon autre frère ne peut pas venir – il ne vit pas à Paris –, c'est un autre guitariste qui prend sa place ; pour le batteur, c'est pareil... Bref, on est une dizaine de potes, et on fonctionne comme ça : « tu es libre jeudi ? Bon, ben, viens jouer ! ». Du coup, chacun met sa patte, son feeling dans le groupe, et les concerts sont toujours différents.

Black Minou, crédit photo : BM Richard

Yarol Poupaud parle de Black Minou, un EP 100% rock 'n' roll

« Nos chansons, en général, sont assez simples. Ce ne sont pas des chansons revendicatrices, politiquement engagées. »

Comment s'est déroulée la création de votre premier EP Black Minou ?
Concert après concert, on avait de plus en plus de morceaux. Je trouvais des riffs dans mon coin, on jammait avec les copains, puis on jouait les nouveaux titres en concert. C'est comme ça que l'on s'est rendu compte que certains plaisaient aux gens, alors on s'est dit que ceux-là, on allait les enregistrer. On est donc allé en studio mais sans s'attarder, en jouant ensemble tous les trois, en faisant des prises live. Bon, moi j'ai rechanté juste après, mais sinon, on n'est resté en studio que deux jours.

Passage obligé pour entrer dans la 3ème dimension : une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan (en carton, ça suffit).
Pour entrer dans la 3ème dimension, une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan suffit (n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'agrandir).

Et vous avez composé ensemble ?
Une partie, oui ; pour le reste, seul.

Pour l'EP Black Minou, quelles ont été vos influences musicales ?
Ce sont toujours les mêmes, et c'est très vaste ! Ça va du blues des années 30 à des choses beaucoup plus modernes comme LCD Soundsystem. Dans la liste des reprises que l'on joue, il y a près d'une centaine de titres, de Van Morrison, Neil Young, Ray Charles, Grace Jones, à des morceaux de disco, de punk, de blues... Ça part vraiment dans tous les sens !

Et vos sources d'inspiration ?
Nos chansons, en général, sont assez simples. Voodoo Love, par exemple, parle de vaudou et de grigri, de magie noire et de sorcellerie. Ce ne sont pas des chansons revendicatrices, politiquement engagées.

Un album est-il prévu à la suite de l'EP ?
Il n'est pas prévu mais il se fera, oui.

En musique, Yarol Poupaud sans Black Minou

« Je préférais être Keith Richards que Mick Jagger (rires) ! »

Vous jouez de la guitare, de la basse, de la batterie, du clavier, vous chantez... Comment avez-vous appris à jouer de tous ces instruments ?
Petit, j'ai appris la guitare et mon frère, la batterie. Gamin, on avait donc les deux instruments dans la chambre, alors on les échangeait. Moi, la batterie, j'adore ça – et mon frère adorait la guitare aussi ! – . Et puis la batterie, c'est un peu à part. On devrait tous apprendre à en jouer un peu si l'on veut un jour faire d'un instrument, que ce soit de la trompette, du banjo, de la guitare, du piano, etc. Ensuite, quand on joue de la guitare, on joue un peu de basse aussi – et vice versa – ; c'est très proche. Quant au clavier, je ne suis pas un grand pianiste !... J'arrive à pianoter des petites choses, à jouer un peu d'orgue, je connais les accords ; quand on fait de la musique, on s'adapte assez vite ! Après, pour certains instruments comme les cuivres, il y a des limitations physiques. La trompette, ça fait très mal à la bouche (rires) ! Je n'ai appris aucun instrument à vent à part l'harmonica. Je ne joue pas non plus de violon. Mais pour les instruments où il suffit d'appuyer quelque part pour faire une note, à partir du moment où l'on sait où c'est, c'est bon. Tu me donnes des marimbas, en deux minutes, je peux en jouer, juste comme ça. On arrive toujours à se débrouiller avec les instruments à percussion ou à cordes.

Black Minou, crédit photo : BM Richard

Et quelle activité musicale vous procure le plus de plaisir ?
La guitare, évidemment ! J'adore la batterie, mais la guitare !...

Le prochain instrument sur la liste ?
Que je vais apprendre ?... Je suis frustré de ne pas mieux jouer du piano.

Vous êtes également producteur ; comment rencontrez-vous les artistes que vous produisez ?
Soit on fait appel à moi, soit on me parle d'un talent, soit je découvre moi-même les artistes en les voyant sur scène. Il m'est aussi arrivé de bosser avec un groupe qui m'avait envoyé une démo.

Vous avez travaillé avec les Marshmallow...
Oui, on a des amis en commun et on s'est rencontré à une fête, lors d'une soirée ; je les ai vus jouer sur scène. J'ai trouvé ça assez bluffant et vraiment fort dans le genre. Alors quand ils m'ont dit : « on galère, on n'a jamais réussi à avoir un son qui nous convienne vraiment en studio, etc. », je leur ai répondu : « bon, ben, venez les gars ! » ; et ça s'est fait comme ça !

Que ressentez-vous sur scène ?
C'est difficile à décrire, on plane un peu... C'est une sorte de transe et c'est ça qui est bon, ne plus être soi-même, ne plus contrôler grand-chose. Cet espèce de frisson, ce moment où tu oublies tout et... wouaou. C'est ça que je recherche ! Quand je rouvre les yeux, souvent, je ne sais même plus où je suis (rires)!

Black Minou, crédit photo : BM Richard

Le chant vous permet-il aussi d'atteindre cette « extase » ?
Oui, mais plus rarement, parce que chanter, pour moi, c'est paradoxalement moins naturel que jouer de la guitare. Je suis plus guitariste chanteur que chanteur guitariste, même si j'ai pris goût au chant avec cette histoire de Black Minou (rires) ! Avant, je n'aimais pas ça du tout, chanter, et je n'aimais pas non plus la position de chanteur, toujours sur le devant de la scène. Je préférais être le guitariste, juste derrière, celui qui assure. Je préférais être Keith Richards que Mick Jagger (rires) !

Une chanson ou un musicien qui vous bouleverse ?

Si vous pouviez jouer en live avec n'importe quel artiste, mort ou vivant, ce serait ?
Je jouerais bien avec les Stones, ceux des années 70 ! Je piquerais bien la place de Mick Taylor (rires) !

Yarol Poupaud parle de Black Minou... en vinyle

« Quand j'étais môme, si un copain achetait le dernier vinyle d'AC/DC, la semaine suivante, on l'avait tous en cassette ! »

Votre livre de chevet ?
En ce moment, je lis Hemingway, mais mon livre de chevet... Il y en a plein ! Pour les romans, j'aime beaucoup la littérature anglo-saxonne : Bret Easton Ellis, Hubert Selby, James Ellroy, Hemingway... Mais ce n'est pas tout ! Il n'y a pas longtemps, j'ai lu des livres de Zola, et c'est assez dément quand on rentre dedans ! Sinon, je suis un grand lecteur de biographies (Charles Mingus, de Keith Richards...) et je lis beaucoup de recueils sur la musique (les racines du blues, l'histoire du reggae, etc.).

Une invention qui a changé votre vie ?
Ah ! La guitare électrique (rires) ! Ah oui, clairement !

Que pensez-vous de la « révolution musicale » que vit actuellement l'industrie du disque ?
L'autre jour, j'ai lu un article très intéressant sur la crise qui a lieu avec l'arrivée de la radio. Quand tout le monde s'est mis à acheter une radio, on s'est dit : « mais que va-t-il se passer si tous les gens peuvent écouter de la musique gratuitement chez eux ? Plus personne n’achètera de disques !... ». A cette époque, on vendait encore des 78 tours. Aujourd'hui, on revit la même chose. Oui, et alors ? Que répondre à cette question ? Oui, ça va être gratuit. On le sait tous, on trouvera donc un autre moyen de rémunération – et sans HADOPI ! –. Il y a toujours autant de gens qui font des choses intéressantes, je trouve que la musique se porte plutôt bien. Et puis les gens iront toujours voir les artistes en concert – si ces derniers n'en profitent pas vendre les places à 250 €, comme certains !... –.

Black Minou, crédit photo : BM Richard

Avec la cassette audio, les réactions ont sans doute été similaires...
Oui, bien sûr ! Quand j'étais môme, si un copain achetait le dernier vinyle d'AC/DC, la semaine suivante, on l'avait tous en cassette ! On se prêtait les disques, on faisait tourner les cassettes. Maintenant, on n'a plus besoin de faire des cassettes, d'accord, mais sinon, c'est pareil. Et puis le CD, ce n'est pas un support que j'aime beaucoup, alors s'il disparaît, je ne le regretterai pas. Par contre, je suis super content que notre disque sorte en vinyle ! Il y a même des groupes, aujourd'hui, qui sortent leur album en cassette (rires) !

Vos projets ?
Je vais bientôt partir sur la route avec Johnny Hallyday, et ça, c'est cool ! Je vais jouer de la guitare avec lui et m'occuper de la direction musicale de sa tournée. Tout à l'heure, j'ai parlé des Stones, mais j'ai aussi envie de jouer avec Johnny (rires) ! Après, je m'occuperai de l'album pour Black Minou. Et de plein d'autres choses !

Interview effectuée le 21 février par Cécile Duclos

Black Minou, EP Black Minou, sortie vinyle et digitale le 16 avril 2012
Crédit photo (hors 3D) : BM Richard

Retrouvez Black Minou sur le web : sur leur site officiel, sur myspace et sur facebook.

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L'EP de Black Minou :
Black Minou, Black Minou, Téléchargement MP3, 16 avril 2012.
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