jeudi 10 mai 2012

Interview de Dafuniks : All I want...

Interview de Dafuniks : All I want...C'est dans un bistrot de quartier que nous nous installons (à une grande, très grande table !) avec les musiciens du collectif-groupe Dafuniks, fraîchement débarqué en France (la veille) pour leur concert parisien à la Maroquinerie. Entre deux plaisanteries, les charmants Danois escortés d'Elias, le beau gosse californien, nous parlent de leur premier album Enter the Sideshow Groove, de rap, de hip-hop, de funk et de soul, mais aussi de vieux vinyles, de samples et de DJs, d’ascenseur défaillant et de stage diving malheureux, de la réserve des Danois et de l'enthousiasme des Français, d'All I want et de mariage, de chanson japonaise pour enfants et des Nuits Zébrées de Radio NOVA, d'Afrique Centrale et d'Hollywood, d'émotions, de vibrations et d'inspiration... Interview de Dafuniks, All I want... is you.


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Bonus : A la question : « Pouvez-vous nous parler du titre D to the A ? », JustMike répond :
Au départ, je voulais faire un morceau de hip-hop, pas spécialement pour Barbara Moleko. Mais nous n'avions pas assez de chansons lors d'un concert, alors elle a écrit des paroles pour le chanter avec nous, sans savoir qu'on les garderait pour l'album.

Interview de Dafuniks : All I want... la musique, et plus si affinités !

« C'est pour cette raison que l'on parle plus de collectif que de groupe pour Dafuniks. On a fait un album ensemble mais demain, on pourrait très bien enregistrer un disque avec d'autres artistes. C'est plus une question de musique que de personne. »

Pouvez-vous vous présenter ?
Tue Damskov : Nous sommes Dafuniks, un collectif – plus qu'un groupe à proprement parler – de musiciens. Moi, je joue de la guitare.
Kuku Agami : Je chante sur quelques titres de l'album de Dafuniks.
Elias : Je suis chanteur et rappeur.
JustMike : Je suis producteur et compositeur.

D'où vient votre nom de scène, « Dafuniks » ?
Tue Damskov : En fait, ça ne veut rien dire, c'est plus une combinaison de lettres qu'un mot (rires).
Elias : Moi, je trouve que la façon qu'ont les Français de prononcer « Dafuniks » est super sexy (rires) !

Kuku : Dafuniks en concert à la Maroquinerie, le 7 avril 2012

Comment décririez votre style musical ?
Tue Damskov : C'est un mélange de soul, de hip-hop, de funk ; avec des éléments pop, aussi. Il y a beaucoup de sons différents.
Elias : C'est la colonne vertébrale du hip-hop : de la soul, des voix, de la funk, du jazz.
JustMike : L'ingrédient principal, dans notre son, c'est la soul des années 70.
Kuku : Oui, les samples !

Comment vous-êtes vous rencontrés ?
Elias : J'ai rencontré JustMike par l'intermédiaire d'un autre rappeur. A l'époque, je ne faisais que du rap. Un jour, JustMike m'a entendu dans les chœurs du rappeur avec lequel il travaillait, et il m'a demandé si je voulais bien chanter pour lui sur All I want. Au départ, il ne s'agissait que de quelques accroches musicales. Puis de fil en aiguille, j'ai tout fait, et on a su que c'était dans la poche ! Mike m'a alors proposé de faire un concert avec le groupe au grand complet. Mais quand je suis arrivé, tout le monde m'a regardé avec suspicion, personne ne semblait croire que j'allais y arriver (rires) ! Puis j'ai commencé à chanter, et là, ils ont échangé un regard et j'ai compris qu'ils étaient rassurés, qu'ils se disaient : « OK, ce n'est pas un rigolo, c'est pour de vrai, on tient vraiment quelque chose ! ». C'est ainsi que notre collaboration a commencé.
Kuku : Moi, c'est grâce à mon frère, Joseph [NDLR : Agami], que j'ai connu Dafuniks. Il faisait du rap sur Ease my mind, et il m'a demandé si je pouvais venir de temps de temps pour lui donner un coup de main. Mais plus le temps passait, plus Joseph était pris par ses études. Il a fini par me proposer de le rejoindre dans le groupe. On a fait quelques morceaux ensemble, ça marchait plutôt bien, on s'amusait bien, c'était sympa. Puis peu à peu, Joseph a pris de la distance, et moi, je me suis investi dans le groupe.
Elias : Kuku mène aussi une carrière solo, au Danemark ; c'est un rappeur reconnu.
JustMike : C'est pour cette raison que l'on parle plus de collectif que de groupe pour Dafuniks. On a fait un album ensemble mais demain, on pourrait très bien enregistrer un disque avec d'autres artistes. C'est plus une question de musique que de personne.
Kuku : Et c'est certainement pour ça que ça marche si bien entre nous ! On peut demander à un artiste, comme ça, d'intervenir sur une chanson. On ne sait pas à quoi ressemblera Dafuniks demain, et c'est aussi ce qui maintient cette formation en vie.
Tue Damskov : Le plus important, c'est de s'amuser tous ensemble, et de partager la même passion pour la musique.

Passage obligé pour entrer dans la 3ème dimension : une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan (en carton, ça suffit).
Pour entrer dans la 3ème dimension, une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan suffit (n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'agrandir).

Sur scène, jouez-vous toujours tous ensemble ?
JustMike : Oui, sauf pour Elias qui vit à Los Angeles, aux États-Unis. S'il devait se déplacer à chaque fois, cela coûterait une fortune !...
Elias : Ah bon ? Parce qu'il vous arrive de jouer sans moi ?... Ils ne me disent pas tout (rires) !

Et vous, vous habitez tous au Danemark ?
JustMike : Nous vivons tous à Copenhague, oui.

Interview de Dafuniks : All I want, extrait de l'album Enter the Sideshow Groove

« Je crois que nous sommes tous inspirés par d'autres artistes ; après, tout est question de vibration, de feeling.  »

Quelles ont été vos sources d'inspiration dans l'écriture des textes de l'album Enter the Sideshow Groove ?
Elias : Kuku et moi, nous avons écrit une bonne partie des paroles. Kuku, tu veux commencer ? [NDLR : pendant qu'Elias sirote son café paisiblement]
Kuku : On peut dire que la chanson Breakers rend hommage à la vieille école de hip-hop, à la breakdance, aux premiers rappeurs et DJs. Quant à Searching, il s'agit presque d'une chanson d'amour. Chercher quelque chose, l'obtenir, en prendre soin... Comme avec les enfants : il faut s'en occuper, s'assurer qu'ils sont toujours en sécurité, etc. Les sources d'inspiration, il y en a donc beaucoup. Tout dépend du sujet et de ce que l'on ressent.
Elias : En ce qui me concerne, je laisse la musique me parler, je suis attentif à ce que je ressens. Je suis très intellectuel comme garçon, je suis tout le temps en train de réfléchir à quelque chose. Mais avec la musique, c'est différent. Je ressens les choses, c'est une question d'émotions. J'attends qu'elles surgissent, et quand elles arrivent, je sais que c'est le bon moment.

Comment composez-vous la musique ?
Elias : C'est JustMike, notre producteur, qui compose.
JustMike : J'écoute énormément de musique et parfois, lorsque je trouve un bon sample, l'inspiration vient.
Kuku : C'est une approche similaire à celle d'un DJ de hip-hop comme DJ Shadow, non ?
Elias : C'est très spécifique, composer avec samples, que l'on soit musicien ou non...
JustMike : Oui, mais c'est encore différent. Pour Searching, par exemple, c'est une ancienne chanson japonaise pour enfants qui m'a inspiré. Il fallait donc que le morceau parle d'enfants, parce que cela faisait partie intégrante de la musique. Parfois, il arrive qu'en écoutant un titre, on entende quelque chose de différent, que l'on ressente des choses que l'on n'explique pas. C'est juste une question de ressenti, comme l'a expliqué Elias. On ne sait pas où l'on va, mais on se laisse guider par la musique, chacun suivant son propre style. Je crois que nous sommes tous inspirés par d'autres artistes ; après, tout est question de vibration, de feeling. C'est capital, que l'on fasse du hip-hop ou du rock. C'est la source de toute inspiration.

Elias et Kuku : Dafuniks en concert à la Maroquinerie, le 7 avril 2012

Pouvez-vous nous parler du titre All I want ?
Elias : Comme je l'ai expliqué précédemment, cette chanson, je l'ai ressentie. « Tout ce que je veux, c'est te toucher... » : vous savez, il s'agit de ce moment très précis, dans une relation amoureuse, où l'on se consume de désir, et où enfin, on est à deux doigts de toucher au but ! Mais cela pourrait tout aussi bien parler de quelque chose après quoi on ne devrait pas courir... Par exemple, je suis marié ; si je veux quelque chose, je ne peux pas l'avoir...
Kuku : Avoir quoi (rires) ?
Elias : (rires)

Comment avez-vous obtenu ce son de vieux vinyles sur certains titres comme Disko dansen ?
JustMike : c'est un sample, une boucle construite à partir des toutes premières secondes d'un disque un peu poussiéreux qui tourne sur une platine ; c'est ce qui donne le son du vinyle. D'ailleurs, ce sample est utilisé sur pratiquement chaque titre de l'album. C'est une sorte d'hommage secret... Les vinyles font partie de l'histoire de la musique.

Votre album sortira-t-il en vinyle ?
Elias : Oui, dans trois semaines environ.

Pour l'enregistrement, quelle est la part d'instruments acoustiques et électroniques ?
JustMike : Certains titres comme All I want sont presque exclusivement construits à partir de samples. Mais la plupart du temps, disons que c'est du 40-60. La basse, par exemple, est tantôt enregistrée en live, tantôt samplée ; pour la batterie, ce sont uniquement des rythmes électroniques.

JustMike : Dafuniks en concert à la Maroquinerie, le 7 avril 2012

Interview de Dafuniks : All I want... is to have fun

« Je pense que c'est une partie du rêve, oui, que nous sommes déjà en train de vivre : avoir la chance de faire ce que l'on veut vraiment faire. »

Quels sont vos plus beaux souvenirs de scène ?
Elias : Lorsque nous avons joué aux Nuits Zébrées de Radio NOVA ! C'était un super concert ! Le public était incroyable, c'était mon premier concert en France, et j'ai adoré [NDRL : en français] ! Pour moi, c'est ma plus belle expérience. Après, j'ai un autre souvenir qui me vient à l'esprit, mais celui-là, ce n'est pas un bon (rires) ! Une fois, pendant un concert – ce n'était pas avec Dafuniks –, j'ai sauté dans la foule mais personne ne m'a rattrapé (rires) ! Je crois qu'ils ont tous eu peur... C'est vrai que bon, je suis plutôt grand [NDLR : grand et costaud, on confirme]. Ils m'ont regardé avec des yeux comme des soucoupes... et se sont tous éloignés.
JustMike : C'est difficile, nous n'avons pas souvent joué ensemble ; 3 à 4 fois seulement...
Kuku : Mon souvenir le plus marquant – mais pas le meilleur ! –, en tournée, c'est lorsque l'on est resté coincé dans un ascenseur (rires) ! Ça, je m'en souviens bien (rires) !
JustMike : L’ascenseur est resté bloqué entre le troisième et le quatrième étage, pendant 10 bonnes minutes...
Kuku : Ah non, plus que ça (rires)!
JustMike : 20 minutes, oui. Tous, dans le même ascenseur...
Kuku : ...qui était minuscule (rires) !

Que pensez-vous de la scène musicale française ? Est-elle différente de la scène danoise ?
Tue Damskov : La principale différence, probablement, c'est qu'au Danemark, la scène musicale est beaucoup plus petite.
JustMike : En même temps, nous ne sommes sûrs de rien parce que nous ne connaissons pas bien la scène parisienne, même si, en effet, elle semble plus développée, et, comment dire...
Kuku : ...très ouverte. Il y a plein de styles musicaux différents, c'est si grand qu'il y a de la place pour tout le monde : pop, hip-hop, techno, etc. Au Danemark, c'est tellement petit qu'il n'y a pas de place pour grand-chose... C'est donc très dur de s'y frayer un chemin.
Tue Damskov : Je suis sûr qu'au Danemark, les gens trouvent que la scène musicale est grande...
Elias : ...parce qu'ils sont très grands (rires) !
JustMike : C'est vrai que les Français semblent plus ouverts d'esprit. Les fans aussi, sont différents, ils sont moins distants, moins réservés.
Kuku : Il y a quelques années, j'ai joué en France avec un autre groupe – j'espère qu'il y aura la même ambiance samedi soir ! –, et il semblerait qu'il y ait une vraie scène urbaine à Paris.
Tue Damskov : La dernière fois que nous avons joué en France pour Radio NOVA, les gens étaient complètement déchaînés, ils criaient... et nous, on ne savait pas quoi faire. Mais quand ils se sont mis à applaudir ! Wouaou... C'était bon !

Toutes nos photos du concert de Dafuniks à la Maroquinerie, le 7 Avril 2012 :



Musicalement, quel est votre rêve le plus fou ?
Elias : J'aimerais faire connaître Dafuniks aux États-Unis, donner un grand concert à Hollywood et faire une tournée dans toute l'Amérique ! Et en Europe, aussi (rires) !
Kuku : Ce serait bien, oui, que Dafuniks franchisse les frontières, que l'on puisse montrer au monde entier ce dont on est capable. Et sur un plan plus personnel, j'aimerais rentrer dans mon pays natal, en Afrique Centrale, pour construire quelque chose là-bas, pour développer la scène musicale. J'aimerais, vous savez, que les gens aient une chance... Et qu'ils puissent être fiers, qu'ils voient que le monde ne se résume pas aux problèmes, aux armes et au SIDA.
JustMike : Sortir un nouveau disque, dans un an ou deux, et juste continuer !...
Kuku : Je pense que c'est une partie du rêve, oui, que nous sommes déjà en train de vivre : avoir la chance de faire ce que l'on veut vraiment faire.
JustMike : Être en France aujourd'hui, pour nous Danois, c'est déjà super ! Et oui, faire quelque chose d'universel, une musique où tout le monde se retrouve, ce serait un rêve aussi.

Avez-vous d'autres projets, chacun de votre côté ?
JustMike : J'ai un projet solo, oui, mais en fait, on a tous des projets en parallèle. Encore une fois, il s'agit de faire le plus de musique possible, parce qu'on adore ça !
Kuku : En ce moment, je travaille sur un album solo au Danemark. L'idée, ce serait qu'il sorte aussi à l'étranger, en France par exemple. Nous y réfléchissons actuellement.
Elias : Oui, d'ailleurs c'est pour ça que tu es là, aujourd'hui, avec nous (rires) !
Kuku : (rires) Je suis un musicien, je n'arrête jamais de faire de la musique ! Après, j'attends de voir ce qu'il se passe...
Elias : Il y a en effet beaucoup d'artistes solo, qui jouent avec d'autres groupes, à cette table !... Et moi aussi (rires) !
JustMike : C'est pour ça que je n'ai jamais envisagé Dafuniks comme un groupe, mais comme un collectif de musiciens qui jouent ensemble.

Interview réalisée le 5 avril par Cécile Duclos

Dafuniks, Enter the Sideshow Groove, sortie le 22 février 2012.

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L'album de Dafuniks :
Enter the Sideshow Groove, Dafuniks, Underdog Records, 22 février 2012.
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