vendredi 18 mai 2012

L'Exposition Tim Burton à la Cinémathèque

Affiche de l’exposition : sans titre (La Triste Fin du petit enfant huître et autres histoires). 1998. 40 × 60 cm, © 2011 Tim Burton/ Graphisme © CINECULTURE/ Roland Lecouteux/ Cinémathèque française.Ayant déjà attiré plus 100 000 âmes dans ses filets, l'exposition Tim Burton à la cinémathèque de Paris compte bien en capturer quelques 200 000 supplémentaires d'ici au 5 août 2012. En clair : les files d'attentes sont à la hauteur de l'événement, monstrueuses. Conçue en 2009 par le prestigieux MoMA à New York, cette rétrospective singulière présente des extraits de films et de courts-métrages du réalisateur à succès, également scénariste et producteur, mais aussi une multitude de croquis et de dessins de l'artiste, des peintures, des photographies, des figurines, des sculptures et une foule d'objets insolites ayant séjourné dans les ateliers des studios hollywoodiens. Toutefois, le dessin, pour Tim Burton, étant une voie privilégiée vers l'inconscient, on préfère vous prévenir : au-delà des œuvres exposées et des hordes sauvages d'amateurs, l'exposition Tim Burton se vit comme une aventure introspective, un voyage tumultueux à l'intérieur même de l'esprit fiévreux du cinéaste fantasque... Trois, deux, un : « ça tourne ! ».

Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Le saviez-vous ? Dans la boutique de la cinémathèque, vous pourrez vous procurer un jeu de carte collector illustré par Tim Burton. De quoi faire d'interminables batailles !

Des blockbusters aux esquisses crayonnées (et vice versa) : l'exposition Tim Burton à la cinémathèque

L'exposition Tim Burton à la cinémathèque : au paradis des salles obscures

« C’est une loi des diables et des revenants, qu’ils doivent sortir par où ils sont entrés. Le premier acte est libre en nous ; nous sommes esclaves du second. » (Faust, Goethe)

Des studios Disney où il débute timidement sa carrière aux étoiles d'Hollywood parmi lesquelles il siège aujourd'hui, l’ascension de ce génie du cinéma est fulgurante, et l'exposition Tim Burton, à la cinémathèque de Paris, en est la preuve : déplacer les foules dans les musées de son vivant, ce n'est pas donné à tout le monde. D'autant qu'avant de prendre ses quartiers d'été à Paris, cette rétrospective a créé l'événement à New York, Melbourne, Toronto et Los Angeles.

En images, la bande annonce de l'exposition Tim Burton à la cinémathèque de Paris, créée par Tim Burton lui-même :


Cependant, quand on se penche d'un peu plus près sur le palmarès du cinéaste aux doigts d'argent, on comprend mieux les raisons d'un tel engouement. Vous êtes prêts ? C'est parti (en version courte, non exhaustive) : Beetlejuice (1988), Batman, le défi (1989), Edward aux mains d’argent (1990), L’Étrange Noël de Monsieur Jack (1993), Ed Wood (1994), Mars Attacks ! (1996), Sleepy Hollow (1999), Big Fish (2003), Charlie et la Chocolaterie (2005), Alice au pays des merveilles (2010), Dark Shadows (2012). Un nombre impressionnant de succès au box office !

Les trésors de l'exposition Tim Burton à la cinémathèque

« Ce n’était plus un homme que j’avais devant moi, c’était je ne sais quel monstre satanique et impitoyable. » (L’Étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, Robert Louis Stevenson)

L'exposition Tim Burton à la cinémathèque de Paris grouille de joyaux en tout genre, le réalisateur ayant même oublié l'existence de certains, exhumés de sa maison d'enfance. Parmi les supports de travail, vous découvrirez toutes sortes de figurines, des prototypes, des planches d'étude, des galeries de personnages, des croquis préparatoires, des bandes-annonces de longs métrages, des extraits de courts métrages, etc. Quant aux œuvres plus personnelles du cinéaste, elles regroupent, pêle-mêle : une collection de serviettes de table joliment griffonnées, d'anciens collages et dessins, des carnets de croquis, des films amateurs, un court métrage présenté au lycée l'année de ses 16 ans (une animation en stop motion qui met en scène une créature tentaculaire aux prises avec une  pince sanguinaire), des travaux scolaires effectués pendant ses deux années d'études à la California Institute of the Arts, un école d'art fondée par Walt Disney... Tout est là, l’œuvre et la vie de Tim Burton : de ses rêves d'adolescent aux images inédites de son prochain film d'animation, le très attendu Frankenweenie.

Tim Burton, Sans titre (Trick or Treat). 1980 : Crayon, encre, marqueur et crayon de couleur sur papier, 23.8 x 39.4 cm. Collection privée © 2011 Tim Burton.

Bienvenue à Burtonwood, l'exposition Tim Burton à la cinémathèque

« Comment pourrais-je dépeindre cet être horrible dont la création m'avait coûté tant de peines et tant de soins ? (…) Sa peau jaunâtre, tendue à l'extrême, dissimulait à peine ses muscles et ses artères. Sa longue chevelure était d'un noir brillant et ses dents d'une blancheur de nacre. Mais ces avantages ne formaient qu'un contraste plus monstrueux avec ses yeux stupides dont la couleur semblait presque la même que celle, blême, des orbites. » (Frankenstein, Mary Shelley)

Né en 1958, Tim Burton grandit à Burbank, une banlieue pavillonnaire de la vallée de San Fernando, près de Los Angeles. Introverti, mal dans sa peau, étouffé par une vie mortellement ennuyeuse et diablement puritaine, l'adolescent lutte contre son quotidien morose en s'évadant dans un univers fantasmatique nourri de science fiction, de culture gothique, d'éléments surnaturels et de surréalisme : les monstres mythologiques, mythiques, hybrides, les êtres grotesques (clowns, géants, nains, bossus, estropiés...) et autres créatures improbables, d'outre-tombe, mécaniques, de galaxies lointaines, le fascinent dès son plus jeune âge. Comme la poésie, le macabre, l'esthétisme et la comédie. Mêler ces ingrédients souvent aux antipodes, c'est le pari insensé que prend le cinéaste instinctif à la créativité effrénée. Pari gagné. Hollywood à ses pieds, le demi-Dieu du septième Art sème ses grains de sable dans les rouages de l'infernale machine de l'industrie cinématographique. Ainsi naîtront les divers membres d'une famille de sweaty freaks aujourd'hui nombreuse : Jack Skellington, l'épouvantail de L'Étrange Noël de monsieur Jack ; Beetlejuice, l'exorciste macabre de la comédie noire du même nom ; Willy Wonka, le maître du chocolat dans Charlie et la Chocolaterie ; Edward aux mains d'argent, l'homme cisailles ; et bien d'autres !

Tim Burton, L’Exposition à La Cinémathèque française © Stéphane Dabrowski / La Cinémathèque française.

Frankenstein des temps modernes, Tim Burton est, en effet, un homme libre dans son atelier d'artiste. Ses dessins, ses croquis, ses figurines, l'ensemble de ses travaux, présentés à l'occasion de l'exposition Tim Burton à la cinémathèque de Paris, en attestent. L'humour noir, absurde, décalé est de mise. L'esthétisme est à l'honneur, même dans l'horreur la plus totale. Excentrique et subversif, son monde est peuplé de gentilles créatures des ténèbres et d'inhumains humains. La magie de l'enfance (les contes, l'imagerie fantastique, les fantasmes irréalistes...) ne s'arrête pas au seuil de l'adolescence, les adultes rêvent, eux aussi. Les fêtes, pourtant joyeuses, sont hantées par la Grande Faucheuse ; Noël prend des allures d'Halloween, les foires d'Apocalypse. Transgression rime avec mutilations... et nourrissons : les bébés sont décousus, suturés, quand on ne leur a pas tout bonnement planté des clous dans les yeux (Garçon avec des clous dans les yeux, figurine) ou dans la tête (Fille bleue avec crâne, Polaroïd). La satire sociale est omniprésente, comme le témoignent des dessins tels que Mothera (1980-1988 environ), une caricature haute en couleur de la mère de famille multitâches et totalement hystérique, et de nombreux cartons de la série Couple. Les clins d’œil, enfin, à la culture populaire dans laquelle nous baignons tous, s'affichent tant sur papier que sur pellicule : ainsi, le dessin Soucoupes et Aliens (1970-78) revisite de façon magistrale le mythique Jardin des délices de Bosh, tandis que le sourire de Beetlejuice et de Jack Skellington font explicitement référence au Cri d'Edvard Munch.

Tim Burton, Sans titre (Fille bleue avec crâne). 1992–99. Polaroid, 83,8 × 55,9 cm. Collection privée © 2011 Tim Burton.

Amour et Folie s'invitent à l'exposition Tim Burton à la cinémathèque

Le syndrome Burton : l'épidémie de l'exposition Tim Burton à la cinémathèque

« Il pensa que sa main devait délivrer le monde d’un tel fléau ; mais, hélas ! il se souvint que le monstre se riait de la mort. »
(Le vampire, John William Polidori)

Les clowns, surtout quand ils sourient de toutes leurs dents, vous filent les jetons ? Les squelettes vous amusent ? Les citrouilles vous font penser aux oranges ? Les morts-vivants ne vous effraient pas, ils vous troublent ? Les vampires vous attendrissent ? Les pirates cul-de-jatte égaient vos soirées ? Les têtes coupées et les corps éventrés vous donnent envie de prendre du fil et une aiguille ? Vous planteriez bien quelques punaises, clous, ciseaux dans la coquette poupée de votre petite nièce ? Quand vous voyez une pieuvre, vous comptez les yeux au bout de ses tentacules ? Pas de panique, vous n'avez pas perdu la tête, c'est juste elle qui a mis les voiles. En clair, vous êtes atteint du syndrome Burton. Et pour la récupérer (du moins tenter), direction l'exposition Tim Burton à la cinémathèque de Paris.

Les objets cultes de l'exposition Tim Burton à la cinémathèque

« Il avait rencontré de chancelants ivrognes jurant, se grommelant à eux-mêmes des choses comme des singes monstrueux. Des enfants grotesques se pressaient devant des seuils ; des cris, des jurons, partaient des cours obscures. » (Le portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde)

Edward aux mains d’argent (Edward Scissorhands). Réalisé par Tim Burton (1990). Twentieth Century Fox. / Photofest. © Twentieth Century Fox

L'exposition Tim Burton à la cinémathèque de Paris recèle également quelques objets cultes, véritable source d'extase pour nombre de visiteurs atteints de burtonite aiguë (le syndrome Burton dans sa phase critique). Parmi les pièces tant convoitées : le gant d'Edward aux mains d'argent ; la combinaison complète d'Edward (il ne manque que Johnny Depp à l'intérieur...) ; l'un des buissons taillés par Edward, un magnifique cerf ; l'un des premiers compagnons d'Edward, un robot à faire des cookies ; la collection de rasoirs du Sweeney Todd de Burton qui, loin d'effrayer les jeunes filles en fleurs, déclenche chez certaines d'entre elles de surprenantes réactions (on vous laisse vous faire votre propre idée sur place) ; la magnifique robe en écailles rouges portée par la divine Angélique Bouchard dans Dark Shadows ; quelques têtes coupées sous bocal ; plusieurs masques de Batman ; et bien d'autres accessoires de dévotion !

Auteur : Cécile Duclos

Informations pratiques :
Exposition Tim Burton à la cinémathèque de Paris

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Commissaires : Jenny He et Ron Magliozzi avec Rajendra Roy (MoMA)
Dates : du 7 mars au 5 août 2012
Adresse : la Cinémathèque française, 51 rue de Bercy 75012 Paris
Horaires : lundi, mercredi à vendredi 12h-19h ; week-end, jours fériés et vacances scolaires (4 juillet au 5 août) : 10h-20h. Nocturne le jeudi jusqu’à 22h. Fermeture le mardi.
Tarifs : plein 11€, réduit 8€50, moins de 18 ans 5€50
Crédit photos :
- pour la scénographie de l'exposition : Tim Burton, L’Exposition à La Cinémathèque française © Stéphane Dabrowski / La Cinémathèque française.
- Affiche de l’exposition : sans titre (La Triste Fin du petit enfant huître et autres histoires). 1998. 40 × 60 cm, © 2011 Tim Burton/ Graphisme © CINECULTURE/ Roland Lecouteux/ Cinémathèque française.
- Tim Burton, Sans titre (Trick or Treat). 1980 : Crayon, encre, marqueur et crayon de couleur sur papier, 23.8 x 39.4 cm. Collection privée © 2011 Tim Burton.
- Tim Burton, Sans titre (Fille bleue avec crâne). 1992–99. Polaroid, 83,8 × 55,9 cm. Collection privée © 2011 Tim Burton.
- Edward aux mains d’argent (Edward Scissorhands). Réalisé par Tim Burton (1990). Twentieth Century Fox. / Photofest. © Twentieth Century Fox

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Le catalogue de l'exposition Tim Burton à la cinémathèque :
Tim Burton (Catalogue Exposition Cinematheèue), Toubiana Serge, Museum of Modern Art, février 2012, 64 pages
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