mardi 19 juin 2012

Interview de Manceau, les étoiles montantes de la pop

Interview de Manceau, les étoiles montantes de la popEngluée dans de lourds nuages mal essorés, Paris peine à sortir de sa léthargie hivernale. Qu'importe ? La scène musicale gronde, envers et contre tout, et la capitale passe de longues nuits enfiévrées. Lorsque nous rejoignons Vincent (basse, clavier, chœurs) et Julien (guitare, clavier, chant) dans un appartement du nord parisien, nous savons que pluvieux ou sec, l'été sera chaud. Avec un album comme Life Traffic Jam, le premier opus de Manceau, impossible de ne pas vibrer de la tête aux pieds ! Enthousiastes, les deux garçons nous parlent de la sortie de leur disque et de leur prochaine escapade au Japon, de Rennes et de bœuf, de parc et de bucolisme, de Blur et des Smiths, de Suede et des albums maudits de Gainsbourg, de Jessica Rabbit et de Georges Sand, de routine et de vagues, de cinéma et de Peau d'âne, de mellotron et des Beatles, de Tahiti (80) et de Mustang (pas la Ford), d'humour et de sensibilité, d'ubiquité et de voyage dans le temps, de rock star et de Kurt Cobain, d'extraordinaire et d'ordinaire... Interview de Manceau, les étoiles montantes de la pop.


Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Bonus : Lorsque l'on demande à Manceau quel trait de caractère leur musique laisse filtrer, voici leur réponse :
Vincent : L'humour ?
Julien : oui ; et une certaine sensibilité.

Interview de Manceau, de Rennes aux Champs-Élysées

« On a Mellow Day, le premier EP, a été enregistré à Rennes dans mon appartement étudiant, et celui-ci donnait sur un parc, les Champs-Manceau. »

Comment vous êtes-vous rencontrés tous les quatre ?
Julien : On a tous fait de la musique à Rennes, dans différentes formations. Le milieu musical est assez petit même s'il est dynamique, tout le monde se connaît. On a donc eu l'occasion de jouer dans les mêmes groupes, de participer aux mêmes projets, ou de partager la même scène.

Quand l'aventure Manceau a-t-elle commencé ?
Vincent : Le groupe tel qu'il existe aujourd'hui est né fin 2009. Le premier EP, basé sur des compositions de Julien datant de l'été 2009, est sorti début 2010.

Passage obligé pour entrer dans la 3ème dimension : une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan (en carton, ça suffit).
Pour entrer dans la 3ème dimension, une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan suffit (n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'agrandir).

Tout est allé très vite !...
Vincent : C'est vrai. Manceau est, avant tout, parti d'un projet discographique. Son ambition était de porter ses compositions sur scène. Puis au fur et à mesure, on s'est rendu compte que l'on pouvait composer ensemble, que cela fonctionnait bien, et tout naturellement, cela a pris de l'ampleur.

Quelles sont vos influences musicales ?
Julien : On écoute énormément de choses ! Pour le disque, les influences sont multiples : elles vont de la soul à la pop, en passant par les nineties avec des groupes qui ont marqué notre adolescence comme Blur ou Suede.
Vincent : On aime les artistes qui font de bonnes mélodies et qui s'investissent dans la production, qui ont une patte personnelle. On apprécie la singularité ; c'est le cas, par exemple, des Smiths ou des bandes originales de certains films. C'est difficile, évidemment, de répondre à cette question ; on écoute tous beaucoup de musique, bien que l'on se rejoigne tout de même sur quelques grands noms. Il s'agit plus de musique anglo-saxonne que française en tout cas, même si, en ce moment par exemple, on redécouvre les albums maudits de Gainsbourg, comme Love on the Beat dans les années 80. La critique ne les a pas épargnés et pourtant, on y trouve des choses très intéressantes !

D'où votre nom de scène, « Manceau », vient-il ?
Julien : Il faut revenir à la genèse du groupe pour comprendre sa signification. On a Mellow Day, le premier EP, a été enregistré à Rennes dans mon appartement étudiant, et celui-ci donnait sur un parc, les Champs-Manceau. On a choisi ce nom-là, « Manceau », pour plusieurs raisons : pour ses côtés français, bucolique – qui nous plaisait beaucoup, à l'époque, vu que l'on faisait de la folk –, littéraire – Manceau, c'était aussi l'amant de Georges Sand –, mais aussi parce que l'on trouvait qu'il y avait quelque chose d'assez classe dans ce mot, quelque chose qui nous rappelait le 19ème siècle.

Manceau en concert au 114 bar le 14 juin 2012

Interview de Manceau pour son premier album, Life traffic Jam

« Nous sommes assez influencés par le cinéma, tout l'univers audiovisuel, et nous aimons travailler comme ça, avec de courtes séquences. »

Comment la création de votre premier album Life traffic Jam s'est-elle passée ?
Julien : Nous avons différents modes de fonctionnement lorsque nous composons nos morceaux. Le plus souvent, je ramène une base : le texte et la musique, ou la musique sur un texte de Vincent. Et d'autres morceaux sont créés collectivement, lorsque l'on fait un bœuf, pendant des jams ou des répétitions. Bien sûr, les chansons qui, au départ, n'ont que la guitare et la voix, évoluent dans l'arrangement, dans les sonorités, selon la couleur que l'on souhaite leur donner. Enfin, il y a les aspect production et enregistrement de l'album. Comme l'a dit Vincent, le projet est né d'un EP. C'est un projet discographique que l'on a décidé de porter sur scène. A la base, il n'y avait que cinq titres, il a donc fallu en composer d'autres. Dès les premiers concerts, on s'est rendu compte que l'on pouvait faire bouger les gens avec une musique un peu plus groovy – contrairement à l'EP, qui était assez folk –. Du coup, au fil des dates, de nouveaux titres sont apparus – avec l'EP, nous avons tourné toute l'année 2010 jusqu'aux Transmusicales de Rennes –. On s'est alors dit que ce serait quand même bien d'enregistrer un disque avec tous ces morceaux-là, des morceaux que l'on avait soit uniquement joués sur scène, soit déjà enregistrés et produits par nous-mêmes.

Parlez-nous du titre de l'album Life traffic Jam.
Vincent : Le titre vient d'une courte ballade plutôt acoustique qui, pour la petite histoire, se retrouve sur l'édition japonaise et ne sera pas sur l'édition française de l'album Life traffic Jam. C'est l'histoire d'un départ, de quelqu'un qui casse son quotidien et part en voiture, comme ça, tout seul, un matin ; à son retour, ses habitudes ne sont plus les mêmes. On trouvait que cet épisode résumait, d'une certaine façon, cet état d'esprit que l'on a tous, parfois, cette envie de fuite, de départ ; pas forcément de grand départ, juste le désir de s'évader, comme ça, dans sa tête, d'échapper à la routine quotidienne. La vie est faite de joies, de petits bonheurs, de choses moins cool aussi, bien sûr. C'était donc un titre qui à la fois sonnait bien, et voulait dire pas mal de choses.

Manceau en concert au 114 bar le 14 juin 2012

Pouvez-vous nous parler des textes de l'album ?
Vincent : On fonctionne beaucoup par micros scénarios, en mettant en scène différents personnages. Full-Time Job par exemple, le premier single de l'album, parle d'un personnage dont le métier est raillé et mal vu par l'ensemble des gens bien-pensants, par la société. Pour nous, c'est une façon de dire que voilà, on peut faire des choses originales, l'assumer complètement et être heureux ainsi. Nous sommes assez influencés par le cinéma, tout l'univers audiovisuel, et nous aimons travailler comme ça, avec de courtes séquences. Et il y a également des paroles plus intimistes sur le cheminement individuel : des histoires d'amour, de rencontre, des textes plus personnels que Julien a écrits – je pense à Grandma par exemple –. Enfin, il y a pas mal d'humour dans nos textes, de second degré ; d'après les retours que l'on a pu avoir de la part d'étrangers – les Anglais, les Japonais –, c'est un humour assez mordant ! On ne s'en rend pas vraiment compte de notre côté, cela se fait assez naturellement.

Si votre album était un verbe, ce serait ?
Vincent et Julien : « jouer ».

Un écrit ?
Vincent : Peau d'âne ; je trouve qu'il y a un côté pop dans Peau d'âne !

Un phénomène naturel ?
Vincent : Les vagues, en mer.

Un souvenir ?
Vincent : Une première émotion cinématographique ; quelque chose d'assez immédiat, de direct.


Manceau en concert au 114 bar le 14 juin 2012

Une invention ?
Vincent : Le mellotron, c'est un clavier à bandes des années 60 qui a été utilisé, notamment, par les Beatles. La sonorité est très chouette !

Une femme ?
Vincent : Jessica Rabbit, elle est à la fois sexy et atemporelle (rires) !

Interview de Manceau, de la France au Japon

« Ce n'est sans doute pas un hasard si l'on joue au Japon. »

Comment la connexion avec le Japon s'est-elle faite ?
Vincent : Le responsable d'un magasin d'Osaka, je crois, spécialisé dans les sorties pop francophones, nous a contactés pour vendre notre premier EP ; du coup, il y a eu un petit buzz au Japon. L'autre facteur déterminant, c'est l'enregistrement de notre album avec Tahiti 80. C'est un groupe qui a pas mal de contacts au Japon. Cela a facilité les choses avec notre label japonais, et clairement, cela nous a permis de concrétiser les relations que nous avions entretenues tout au long de l'année 2011. Et puis les japonais semblent réceptifs à notre musique ; ils aiment bien, en général, les choses pop assez fraîches et mélodiques. Ce n'est sans doute pas un hasard si l'on joue au Japon, et si l'on a signé là-bas en licence.

Manceau, Crédit Chloe Ledrezen

Votre album Life traffic Jam est-il sorti au Japon ?
Vincent : Officiellement, il sortira au Japon le 23 mai, mais il est déjà disponible en import depuis le début du mois. La sortie japonaise précèdera donc la française, qui aura lieu en juin.

Vous partez au Japon dans quelques jours pour donner des concerts ; pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Julien : On part vendredi prochain pour une série de concerts, 4 au total, avec quelques showcases et pas mal de promotion – le label va profiter de notre venue ! –. On jouera avec Tahiti 80 au Liquid Room, avec Mustang également, il y aura des DJ sets et d'autres événements encore. On est super content, les dix jours qui nous attendent devraient être assez sportifs !

Vous allez au Japon pour la première fois ?
Julien : Oui, et c'est aussi la première fois que l'on joue à l'étranger (rires) !

Manceau en concert au 114 bar le 14 juin 2012

Interview de Manceau, quand le rêve devient réalité

« Discuter avec Paul McCartney  pendant l'enregistrement de Sgt. Pepper's, et lui dire que sa ligne de basse est foireuse (rires) ! »

En tant qu'artiste, quel est le don de la nature que vous aimeriez avoir ?
Vincent : Le don d'ubiquité, pouvoir être à plusieurs endroits en même temps.
Julien : Voyager dans le temps, et rencontrer, je ne sais pas... Ah oui ! Discuter avec Paul McCartney pendant l'enregistrement de Sgt. Pepper's, et lui dire que sa ligne de basse est foireuse (rires) !

Quel est votre rêve de bonheur ?
Vincent : Gagner plein de thunes (rires) !
Julien : (rires) M'accomplir dans ma passion, dans ce que j'aime faire.
Vincent : Que l'extraordinaire prenne plus de place dans nos vies que l'ordinaire.

Votre rêve d'enfant ?
Julien : Devenir une rock star (rires) ! Comme Kurt Cobain, je l'adorais ado !
Vincent : M'accomplir dans un domaine artistique. J'étais très attiré par le cinéma avant ; mais la musique !... J'ai toujours été fasciné par les instruments de musique, je me souviens très de la première fois où j'ai touché une guitare électrique. C'est un peu fantasmagorique, tout ça, mais aujourd'hui, on se dit que tout est possible !...

Toutes les photos du concert de Manceau au 114 bar, le 14 juin 2012

Que pensez-vous du monde de la musique, aujourd'hui, et des mutations en cours ?
Julien : Par rapport à ce que l'on vit, on se rend compte qu'il y a un turn-over de plus en plus important. C'est très compliqué, aujourd'hui, de se faire une place ; il y a énormément de groupes ! Et comme les gens cherchent la nouveauté – avec Internet, le support physique qui disparaît, etc. – , c'est aussi de plus en plus dur de s'installer durablement.
Vincent : Musicalement, nous vivons une période passionnante ! Nous sommes capables de tout écouter, d'acquérir une culture musicale très rapidement, d'attiser la curiosité sans arrêt... Il y a plein de gamins, aujourd'hui, qui s'y connaissent dix fois plus que nous lorsque nous avons commencé à faire de la musique ! Et puis nous pouvons à la fois jouir d'un objet comme le vinyle, par exemple, et dans la même journée, télécharger des fichiers. C'est parfaitement compatible, et je pense que l'on a tort de diaboliser tout ce qui est téléchargement. Bon, c'est vrai qu'il s'agit aussi d'une question économique, mais pour l'audience, c'est vraiment une période privilégiée.

Quels sont vos projets ?
Julien : Actuellement, nous sommes en pleine promotion. Le disque sort le 11 juin en France ; on a une release à Paris, une autre à Rennes. Des concerts sont prévus dans les semaines à venir, on devrait bientôt repartir au Japon. On prépare également le clip du nouveau single qui sortira en septembre. Et puis à la rentrée, il y a la tournée qui s'annonce, et on essaiera de jouer un maximum !

Interview réalisée le 9 mai par Cécile Duclos

Manceau, Life Traffic Jam, sortie le 11 juin 2012
Crédit photo (hors 3D et concert) : Romain Joly et Chloe Ledrezen

Retrouvez Manceau sur le web : sur leur site officiel, sur leur blog, sur myspace, sur facebook et sur twitter.

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Le premier album de Manceau :
Life Traffic Jam, Manceau, 11 juin 2012.
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