Dans un poème emblématique, L'Héautontimorouménos, Baudelaire dépeint les sentiments de haine que nous inspire notre pire ennemi (nous-mêmes), dans nos moments de solitude : « Je te frapperai sans colère / Et sans haine, — comme un boucher ! / Comme Moïse le rocher, / — Et je ferai de ta paupière, / Pour abreuver mon Saharah, / Jaillir les eaux de la souffrance ; (...) Je suis la plaie et le couteau ! / Je suis le soufflet et la joue ! / Je suis les membres et la roue, / Et la victime et le bourreau ! ». De son côté, Balzac écrit : « La haine, comme l'amour, se nourrit des plus petites choses, tout lui va. » (Le Contrat de mariage). Subversif et équivoque, le poème Des regrets ouvre la porte à la haine aveugle qui appartient, elle aussi, à la nature humaine.
Des regrets
Je m’ennuie d’une époque dont j’étais la reine
Soeur siamoise de la misère et de la peine
J’étranglais les rires et tuais le temps
A haïr mon prochain par désoeuvrement
Je m’ennuie de la volonté rouge d’autrefois
Ah brûler les archives de l’attente – dix fois
Auteur : Eva Cordel
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