mardi 2 octobre 2012

Interview d'Absynthe Minded : l'ivresse de l'Art

Interview d'Absynthe Minded : l'ivresse de l'Art, (C) JeremiahC'est à l'étage du China, un incontournable des soirées branchées parisiennes, que nous retrouvons Bert Ostyn (chant, guitare) et Jan Duthoy (piano, guitare), deux artistes du groupe Absynthe Minded. Entre chaises coloniales et canapés Chesterfield, plantes vertes et boiseries blanches, les deux Belges nous parlent de leur cinquième album As it ever was, de leur quarantaine musicale à La Frette sur Seine, de jardin dans un quartier sinistré de Bruxelles et d'Art, des choses qui changent et de celles qui restent comme elles ont toujours été, d'escapisme, de Sao Paolo et de toit du monde, de samples d'anciens vinyles et de home studio, d'espoir, de vieux albums photos et de mélancolie, de balançoire et du temps qui passe, d'ivresse et de Lana Del Rey... Interview d'Absynthe Minded, l'ivresse de l'Art à portée d'oreille.
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Le saviez-vous ? Le groupe Absynthe Minded a été formé à Gand en 1999.

Interview d'Absynthe Minded : un nouvel album, As it ever was

« Ensemble, on a tout fait pour obtenir quelque chose d'original, de personnel, qui corresponde à notre univers. »

Comment est né votre dernier album As it ever was ?
Bert Ostyn : On travaille toujours de la même façon, à partir d'un squelette de chanson – les paroles et les accords – que j’écris. J'ai souvent une idée très précise des arrangements mais pour cet album, on les a élaborés tous ensemble ; c'était un vrai travail de groupe. L’idée première venait donc de moi, puis tout le monde ajoutait quelque chose, sa personnalité. Jan joue du piano et de la guitare. Renaud, du violon mais aussi du clavier. Ensemble, on a tout fait pour obtenir quelque chose d'original, de personnel, qui corresponde à notre univers. Beaucoup de chansons sont plutôt basées sur des grooves rock, avec un tempo assez enlevé et peu de ballades. Dès le début, c'était évident, on avait vraiment envie que ce disque ait un son un peu plus dur que les précédents.

Passage obligé pour entrer dans la 3ème dimension : une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan (en carton, ça suffit).
Pour entrer dans la 3ème dimension, une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan suffit (n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'agrandir).

Votre dernier album As it ever was a été enregistré en France ?
Bert Ostyn : Oui, au studio de La Frette, à La Frette sur Seine. C'est un endroit très chouette, un studio des années 70 aménagé dans la cave et le salon – où la plupart des enregistrements se sont déroulés – d'une vieille maison. Avec Adam Samuels, un producteur canadien qui a notamment collaboré pendant des années avec Daniel Lanois, on a pu travailler, essayer plein de choses là-bas. C’était vraiment la bonne personne, au bon endroit et au bon moment ! Quand j’ai rencontré Adam à Paris, il se lançait dans une nouvelle carrière sous son propre nom en Écosse – il en avait marre de l’Amérique et sa copine habite en Suisse –. C’est lui qui nous a proposé d'enregistrer au studio de La Frette, que l'on a trouvé super dès notre première visite ! Pendant deux mois environ, on a tous vécu là-bas. Ah, et nous avons aussi travaillé dans un petit studio à Paris, le studio de la Reine, et mixé dans un autre studio parisien, le studio de la Grande Armée. L’enregistrement complet donc a eu lieu à Paris et aux alentours.

Quels souvenirs gardez-vous de cette période-là ?
Jan Duthoy : Je parlerais plutôt d'atmosphère, très particulière. On a vécu plusieurs semaines, tous ensemble, dans cette maison. Le matin, on se levait et hop, on commençait à jouer de la musique. Là-bas, on ne pouvait penser à rien d’autre qu'à la musique. C'est comme si l'on était en quarantaine quelque part, c’était un peu bizarre. Quand on joue à la maison, par exemple, c’est complètement différent.
Bert Ostyn : C’était bien d’être là, entre nous, avec uniquement notre producteur, Adam, et deux techniciens. Ne pas être à la maison mais en studio, c’est excellent pour la concentration ! C’était musique toute la journée. Je me souviens très bien du deuxième titre de l’album, End of the line. C'est la dernière chanson écrite pour l’album, et la première enregistrée là-bas. On commençait tout juste à faire des sound check au studio, un soir, quand on l'a enregistrée en live. Pour une première soirée d'enregistrement, c'était super ! En jouant ensemble, on avait tout de suite trouvé l’esprit de la chanson. La version nous satisfaisait tous, on avait déjà un morceau – ou presque, le solo de Renaud n'ayant pas été enregistré en direct –. Ensuite, cela nous a pris plus de temps, mais c'était un très bon départ.

Interview d'Absynthe Minded : l'évasion par la musique

« On a vraiment le sentiment d’être sur le toit du monde ! Beaucoup de gens ont ce rêve-là. »

Parlez-nous du morceau As it ever was.
Bert Ostyn : Dans la chanson As it ever was, il y a cette phrase : « push, activate, your life won't be the same as it ever was » [NDLR en français : « appuie, active, ta vie ne sera plus la même qu'avant »]. Le message véhiculé, finalement, est à l'opposé du titre : « si l'on veut que les choses changent, il faut les prendre en main, il faut agir. ».

Bert Ostyn, Absynthe Minded, (C) Jeremiah

Où avez-vous trouvé l'inspiration, pour cette chanson ?
Bert Ostyn : C'est un artiste bruxellois qui a construit un jardin de ses propres mains dans un quartier un peu gris et sale de la ville, où il y a beaucoup de criminalité, qui m'a inspiré cette chanson. Je me demande d'ailleurs si ce n’est pas ça, l'Art, le vrai. Aujourd'hui, les enfants peuvent jouer dans ce jardin ; avant, il n'y avait rien là-bas.

Et pourquoi avez-vous choisi ce titre, As it ever was [NDLR en français : Comme cela a toujours été], pour l'album ?
Bert Ostyn : Sur la couverture du disque, on nous voit – Sergej et moi –, au milieu d'une foule de gens anonymes ; la photo a été prise lors d'une session photo à Paris. Le temps est l'un des thèmes de l'album, « As it ever was » correspondait donc bien à cette idée-là, et puis cela sonnait bien aussi.

Le clip du single Space a été tourné à Sao Paulo, au Brésil ; pouvez-vous nous parler de cette très belle chanson qui ouvre l'album ?
Bert Ostyn : Space parle d’espoir. Il y a cette phrase dans la chanson, une pensée philosophique qui rejoint l'escapisme [NDLR : quand on s'évade de la réalité], l'un de mes thèmes préférés : « Space is where we belong » [NDLR en français : « L'espace, c'est l'endroit auquel nous appartenons »]. Vouloir échapper à quelque chose, c'est un sentiment, je pense, que beaucoup de gens partagent. Le lundi par exemple, quand il faut aller travailler, il arrive que l'on n’en ait pas envie ; on préférerait être ailleurs. C'est un thème universel. Quand j'en ai parlé au réalisateur du clip qui a beaucoup d’amis à Sao Paolo, il a eu cette idée, aller tourner le clip là-bas. Alors on est parti et sur place, on a improvisé, on a tout filmé. Le résultat est surprenant, les images s'accordent très bien avec la chanson. On a vraiment le sentiment d’être sur le toit du monde ! Beaucoup de gens ont ce rêve-là, c’était une excellente idée. Et puis on s'est bien amusé, Sao Paulo est une ville extraordinaire.
En images, le clip de Space, extrait du dernier album d'Absynthe Minded, As it ever was :


Little rascal a des sonorités orientales ; qu'est-ce qui a inspiré ce morceau ?
Bert Ostyn : Cette chanson a été composée à partir de samples d'anciens vinyles des années 70. C’est avec un ordinateur, à la maison dans mon home studio, que j'ai construit ce morceau avec différents sons. Il était donc prêt avant l’enregistrement de l'album. Comme Sergej travaillait sur de nouveaux sons avec les synthés qu’il venait d'acheter – pour d'autres titres comme As it ever was ou You will be mine –, je trouvais que c’était une bonne idée d'avoir aussi cette chanson-là dans l’album ; c’était très intéressant. En ce qui concerne les influences orientales, nous avons toujours été intéressés par ce genre de choses, différentes mélodies, différents sonorités. On ne s'est donc pas posé beaucoup de questions à ce sujet-là.

Interview d'Absynthe Minded, du spleen à l'ivresse

« Être un peu ivre, un peu extatique, c’est un plaisir de la vie. »

Si cet album était engagé (d'un point de vue politique ou humanitaire), quelle serait la cause défendue ?
Bert Ostyn : Je pense que le plus important pour un groupe comme nous, c’est vraiment de toucher les gens avec nos chansons, avec l’espoir qu'elles portent. Dans 24/7, par exemple, on parle de cette difficulté que l'on a parfois à communiquer avec les gens – comme les banquiers, les managers... – qui évoluent dans un autre monde. Néanmoins, il n’y a pas vraiment de message politique dans cet album, dans les précédents non plus d'ailleurs. Fortress Europe – sur notre 4ème album – est sans doute la chanson la plus politique que l’on ait jamais écrite ! Mais cela reste très léger, il ne s'agit que de sentiments, de ce que je ressens en comprenant pourquoi des gens nés en Iran, par exemple, veulent venir en Europe. Et c’est tout, on ne peut donc pas dire qu'il y ait des idées politiques dans nos chansons.

Bert Ostyn, Absynthe Minded, (C) Jeremiah

La chanson Picture in a frame aborde la nostalgie de l'enfance ; si votre album était un souvenir d'enfance, ce serait ?
Bert Ostyn : Picture in a frame parle de cette sorte de mélancolie, de tout ce que l'on peut ressentir en regardant de vieux albums photos, par exemple...
Jan Duthoy : Si c'était un souvenir d'enfance, ce serait une balançoire (rires) !

Un quartier, une ville de Belgique ?
Bert Ostyn : Bruxelles.

Une façon de devenir meilleur ?
Bert Ostyn : Lire, étudier.

Une chose face à laquelle vous vous sentez impuissant ?
Bert Ostyn : Le temps qui passe.

Un plaisir de la vie ?
Bert Ostyn : L’ivresse (rires) ! Être un peu ivre, un peu extatique, c’est un plaisir de la vie.

Bert Ostyn, Absynthe Minded, (C) Roche

Quels sont vos derniers coups de foudre musicaux ?
Bert Ostyn : Dernièrement, j'ai acheté The Best of The Band ; c’est un vieux groupe, The Band, mais je les trouve super ! Quelque chose de nouveau ? J’adore le dernier single de Lana Del Rey, Born to die.
Jan Duthoy : Et le dernier album de Bon Iver !

Pour terminer, quels sont vos projets ? Une tournée est-elle prévue en Europe ?
Bert Ostyn : Oui, une vingtaine de dates sont prévues en Hollande, puis en Allemagne, en Tchéquie et en France. Nous jouerons aussi au Mama Festival [NDLR : le jeudi 25 Octobre 2012 à la Boule Noire] fin octobre.

Interview réalisée le 17 septembre 2012 par Cécile Duclos


Absynthe Minded, As it ever was, juin 2012
Copyright photos (hors 3D) : Roche et Jeremiah

Retrouvez Absynthe Minded sur le web : sur son site officiel, sur Wikipedia, sur facebook, sur myspace et sur twitter.

Absynthe Minded sera en concert en France :
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20/10/12, Mulhouse
25/10/12, Paris / Mama
27/10/12, Dunkerque / Avec Soma
06/11/12, Le Mans / Salle Coulaine
07/11/12, St Etienne / Avec Revolver
08/11/12, Marseille
09/11/12, Arles
10/11/12, Clermont Ferrand /
17/11/12, Auray / Avec BRNS
21/11/12, Amiens
24/11/12, Montpellier / avec Soma
25/11/12, Grenoble
28/11/12, Caen / avec Balthazar
30/11/12, Cognac / Avec Dan San
01/12/12, Saint Germain en Laye / Avec Popopopops

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Le dernier album d'Absynthe Minded :
As it ever was, Absynthe Minded, Universal Music, juin 2012.
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