vendredi 9 décembre 2011

PSY : deux acrobates sur le divan

PSY : deux acrobates sur le divanPSY chavire, soigne, révèle, bouscule, émerveille... Le nouveau spectacle des 7 doigts de la main illumine le cirque contemporain d'une myriade de névroses aussi fascinantes que communicatives. C'est dans les coulisses de la Grande Halle de la Villette, entre deux répétitions, que nous avons rencontré à Paris deux brillants acrobates de la troupe canadienne : Danica Gagnon-Plamondon (trapèze ballant) et Julien Silliau (roue allemande). Il y a une semaine, nous vous présentions le spectacle PSY : les 7 doigts de la main. A présent, place aux artistes !

A lire : PSY : les 7 doigts de la main (présentation du spectacle PSY

En images, un aperçu du spectacle PSY :



Pour ouvrir la boîte de Pandore, passez la souris ici...
Bonus : En images, le numéro de roue allemande de Julien :


La vie avant PSY

Quel est votre parcours artistique ?
Danica : J'ai commencé par la gymnastique artistique quand j'étais enfant, puis j'ai fait l’École nationale de cirque à Montréal accueil pendant 6 ans.
Julien : J'ai fait mes études en France à l’École de cirque Balthazar à Montpellier, puis à l’École nationale des arts du cirque de Rosny-sous-Bois avant de partir au Canada pour faire l’École nationale de cirque à Montréal.

Votre métier fait rêver beaucoup de gens, était-ce une vocation pour vous ?
Danica : Oui ! Après la gymnastique, je savais que je voulais poursuivre dans une discipline physique mais je ne savais pas vraiment comment combiner ça avec une carrière professionnelle. C'est donc un peu par hasard que je suis arrivée à l’École de cirque à Montréal. Lorsque j'ai débuté, c'était pour le plaisir, mais quand j'ai compris que c'était aussi un métier, j'ai su que c'était vraiment ce que je voulais faire.
Julien : Ma mère est une ancienne gymnaste. Quand elle en a eu une marre de la gym, elle a monté une école de cirque en France. C'est à 13 ans que tout a démarré pour moi, comme ça, juste pour le plaisir. Puis vers 16-17 ans, je me suis mis à vraiment aimer ça. Je savais qu'il existait des écoles alors je me suis lancé, juste comme ça, pour voir. Finalement, j'ai vu que je pouvais en vivre, que ça me plaisait, et je me suis dit « ok, là, c'est ce que j'ai envie de faire ». Plus jeune, non, ce n'était pas une vocation. C'est venu sur le tard.

Danica, pourquoi vous êtes-vous spécialisée dans le trapèze ?
Danica : Au début, je touchais à tout, je ne savais pas encore que je voulais faire du trapèze. C'est à la demande de l'un de mes profs que j'ai essayé, et j'ai aimé ça ; j'ai donc suivi une formation de 3 ans à l’École en trapèze ballant.

Danica au trapèze

Julien, la roue allemande ?
Julien : Quand j'ai intégré l’École de cirque à Montpellier, c'était en jonglerie. Mais à mon retour à Paris, un an plus tard, j'ai découvert que cette spécialité n'était pas enseignée. Du coup, j'ai essayé le mât chinois, le trapèze volant, etc... Mais ça ne marchait pas. Alors j'ai décidé d'essayer une vieille roue allemande qui traînait à l’École. Je l'ai montée, et j'ai tout de suite adoré la sensation de laisser-aller que cette discipline procure. C'est donc devenu ma spécialité (depuis 6 ans environ). Finalement, quand on y réfléchit, c'est par pur hasard que j'ai commencé la roue allemande...
Danica : C'est souvent comme ça, d'ailleurs. C'est aussi la spécialité qui vient nous chercher. Au départ, on ne sait pas nécessairement ce que l'on veut faire. C'est en expérimentant qu'un jour, il y a un déclic.
Julien : C'est une histoire de feeling, oui. On se dit : « Ah ! j'aime bien cette sensation... On est fait pour s'entendre (rires) ! ».

Julien à la roue allemande - Crédit David Poulain

PSY, une circothérapie musclée

Comment l'aventure « les 7 doigts de la main » a-t-elle commencé pour vous ?
Danica : Pour nous tous, à part Héloïse [NDLR : Bourgeois] et William [NDLR : Underwood] qui ont joué dans Traces, c'est notre premier spectacle avec les 7 doigts de la main. Tout a commencé avec un petit groupe de six artistes, dont Julien faisait partie. Ils faisaient des spectacles de rue, des festivals de jazz à Montréal. Les 7 doigts sont allés vers eux et leur ont proposé une nouvelle création. Ensuite, ils ont agrandi le groupe en venant nous voir individuellement. Pour ma part je les connaissais déjà, ils me connaissaient aussi, et ils savaient que si l'occasion se présentait, ils aimeraient travailler avec moi.

Le spectacle s'appelle PSY ; PSY, c'est pour... ?
Julien : Psychologie, psychiatrie, psyché, psychose... C'est un terme qui peut signifier un tas de choses. Le spectacle parle de ces névroses que l'on porte tous en nous, et que nous autres, acrobates, nous exploitons sur scène à travers notre corps et nos agrès.

Quel rôle jouez-vous dans PSY ?
Danica : Lily, l'agoraphobe.
Julien : Johnny, l'addict.

Quel est le lien entre votre pathologie et votre numéro principal ?
Danica : L'agoraphobie, c'est la peur de la foule et des grands espaces. Dans le spectacle, mes camarades de thérapie m'encouragent à vaincre, à accepter cette peur des grands espaces en me balançant de plus en haut dans les airs.
Julien : Tout au long du spectacle, je lutte contre moi-même. On ne sait pas de quelle dépendance je souffre. Dépendance à quelqu'un ? À une sensation ?... Avec la roue allemande, mon personnage s'évade tout en combattant cette addiction. On peut y voir une allusion à la drogue, bien sûr. Ce côté « j'en veux, j'en veux pas », je sors de la roue et j'y rentre à nouveau, je lutte, lutte, lutte... et finalement, je lâche prise. Mon personnage sort changé de cette expérience.

Pensez-vous que l'on ait tous, plus ou moins, une pathologie PSY ?
Danica : Bien sûr ! Nos personnages, d'ailleurs, sont pour la plupart nés de nos propres petites névroses. Presque tous les gens sont plus ou moins concernés, c'est un spectacle où l'on peut s'identifier, et c'est le but !
Julien : Les gens viennent souvent nous voir après le spectacle pour nous dire qu'à eux aussi, il leur arrive parfois de ressentir telle chose dans telle situation. On a tous, à un moment ou à un autre, un côté paranoïa, addict, insomniaque... à différents degrés, évidemment (rires) !

Comment la préparation du spectacle PSY s'est-elle déroulée ?
Danica : Il y a eu 6 mois de création environ, puis un premier mois d'improvisation. La structure du spectacle était prête, mais il fallait encore agencer l'ensemble et construire les personnages. C'est à ce moment-là que la metteuse en scène a distribué les rôles. Ensuite, on a continué les improvisations, avec nos personnages et nos numéros.

D'où est venue l'idée de base ?
Julien : Les fondateurs avaient déjà un squelette de spectacle, avec l'idée de base. Évidemment, lors des improvisions, de fil en aiguille, il y a des choses que l'on a faites ensemble.

PSY, la scène avant tout

Parlez-nous de votre tournée...
Danica : On a déjà pas mal tourné en Europe. On s'est également produit au Japon, en Amérique du Sud (Argentine, Colombie), à Montréal... D'ailleurs, on a d'autres dates qui s'annoncent  au Canada.
Julien : Aux États-Unis, aussi. Nous sommes allés à Chicago, à Boston, et nous allons y retourner.
Danica : On voyage énormément ! Au mois de février, ça fera deux ans que la tournée aura commencé... déjà !

Que ressentez-vous sur la piste ?
Danica : Au bout de 2 ans, c'est un challenge de rester dans la peau d'un personnage...
Julien : … et de vivre les choses comme la première fois ! Ce n'est pas toujours évident.
Danica : C'est un travail de tous les jours. En tant qu'interprètes, on doit tout le temps se donner à 100%, quel que soit notre état d'esprit. Mais la scène, bien sûr, c'est ce que l'on aime par dessus tout, c'est la raison pour laquelle on fait ce métier.
Julien : Partager ce que l'on aime, c'est toujours agréable. Quand en plus, il y a un message à transmettre, c'est encore plus agréable ! Et même s'il y a des hauts et des bas, une fois que l'on est sur scène, avec le public, c'est parti !

Vous arrive-t-il d'avoir peur ?
Julien, Crédit Luce Julien : Moi j'ai peur quand je la regarde (rires) ! [NDRL : nous aussi !]
Danica : La peur, on apprend à la contrôler, à la transformer en une forme d'excitation. C'est sûr qu'il y a des jours où l'on se fait un peu peur, mais ce n'est pas une sensation constante.
Julien : Ce que l'on fait sur scène, on le maîtrise complètement. Après, évidemment, c'est comme quand on a l'habitude de prendre un chemin en voiture, et qu'un jour, on fait une erreur. Ça arrive, et oui, de temps en temps, on a des petites frayeurs. Toujours après coup, parce que sur le moment, on ne s'y attend jamais. Mais quelque part, ça nous permet aussi de rester alerte.
Danica : Ça fait du bien parfois (rires) !
Julien : Une petite piqûre de rappel (rires) !

Votre plus beau souvenir sur scène ?
Julien : La première !
Danica : Pour moi, c'est lorsqu'à la fin d'une représentation, au moment où les lumières s'éteignent, on sent l'énergie du public qui crie et qui applaudit. Ça nous envahit, et quand c'est particulièrement intense,  c'est un magnifique cadeau !
Julien : Après, il y a des moments plus marquants, comme ce qu'il s'est passé en Argentine. On est arrivé cinq minutes avant le début du spectacle – une erreur dans les horaires –, et on n'a même pas eu le temps de s'échauffer.
Danica : On devait être sur scène à huit heures, on est arrivés à cinq heures et le spectacle commençait... à cinq heures ! Mais c'était un bon spectacle finalement. Être dans l'urgence, ça donne d'autres sensations...
Julien : … et celle-là, on s'en souviendra longtemps (rires) !
Danica : je ne sais pas si c'est le plus beau souvenir (rires)...
Julien : non, mais c'est un bon souvenir maintenant (rires).

Avez-vous d'autres anecdotes à nous raconter ?
Julien : Ce n'est pas très drôle, mais il m'est arrivé d'être malade pendant un spectacle ; j'ai dû quitter la scène et laisser mon partenaire seul, improviser un solo.
Danica : Parfois, quelqu'un se blesse juste avant la représentation, et on a cinq minutes pour changer le spectacle. On a beaucoup d'anecdotes dans l'urgence, en fait (rires) !
Julien : On se fait aussi des petites surprises de temps en temps. Par exemple, pour l'anniversaire de Florent dont le personnage est amnésique, on a fait monter sa mère sur scène. Au moment où il se retourne et dit « maman », il s'est réellement retrouvé face à face avec sa mère ! Il y a plein de petites choses comme ça... Il y a les dimanches, aussi. On se lance des défis, on fait quelque chose de plus dans le spectacle. C'est comme ça aussi que l'on garde le spectacle vivant !

Un rêve, que vous n'auriez pas encore réalisé ?
Julien : Créer ma propre compagnie, avec mes spectacles, mes mises en scène, mes messages... Les partager sur scène, ne pas être seulement interprète. Ça oui, c'est un rêve !
Danica : Moi, c'est un projet plus personnel (rires) ! J'aimerais travailler avec mon copain (il est au Cirque du soleil, à Los Angeles), trouver un spectacle où l'on puisse monter un numéro ensemble. Les relations à distance, c'est toujours compliqué.
Julien : Ce n'est pas un métier facile quand on a une vie de couple, je suis dans le même cas avec ma copine.

Vos projets ?
Julien : Continuer avec les 7 doigts de la main sur une nouvelle création, monter mon propre projet avec ma copine... Et rester ouvert aux propositions !
Danica : Toucher un peu à tout, aussi, pour voir. Il nous reste tellement de choses à expérimenter (rires)!

Un message ?
Julien : Venez voir le spectacle ! C'est important de découvrir les nouveaux cirques, de s'en faire une idée par soi-même.
Danica : PSY est un spectacle à part, surprenant...
Julien : … et tout public ! Alors, une petite thérapie de famille avec nous (rires) ?

Interview réalisée le 7 décembre par Cécile Duclos



Crédit photos : Luce, David Poulain.

Informations pratiques :
Psy (les 7 doigts de la main) - Une circothérapie pour toute la famille 

A Paris (Grande Halle de la Villette):

Passage obligé pour entrer dans la 3ème dimension : une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan (en carton, ça suffit).
Pour entrer dans la 3ème dimension, une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan suffit (n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'agrandir).

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Dates : du 23 novembre 2011 au 30 décembre 2011 
Adresse : La grande Halle de la Villette, Parc de la Villette, 75019 Paris 
Horaires : du mardi au samedi à 20h30 / dimanche à 16h ; représentation supplémentaire le samedi 17 décembre à 16h . 
Tarifs : entrée 32 € ; tarif réduit 26 €, Villette Jeunes 22 €, abonnés et carte Villette 23 €.
Pour en savoir plus sur les tarifs : c'est ici
Recommandations spéciales : Spectacle conseillé à partir de 8 ans. 
Durée : 2h15 (60 minutes / entracte 20 minutes / 55 minutes) 
Mise en scène, scénario et chorégraphie  : Shana Carroll 
Artistes : Guillaume Biron, Héloïse Bourgeois, Mohamed Bouseta, Danica Gagnon-Plamondon, André Farstad, Nael Jammal, Olga Kosova, Florent Lestage, Tom Proneur-Orsini, Julien Silliau, William Underwood.


PSY en tournée dans toute la France ! Les dates (prévues à ce jour) :
(vous pouvez consultez l'agenda complet sur le site des 7 doigts de la main)
Toulouse : du 4 au 8 janvier
Elbeuf : du 12 au 15 janvier
Joué Lès Tours : du 18 au 19 janvier
Niort : du 24 au 25 janvier
Quimper : du 31 janvier au 1er février
Istres : du 23 au 24 février
Roubaix : du 21 au 23 mars
Brest : du 28 au 30 mars



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