lundi 23 avril 2012

Le Bal des Trépassés : autopsie d'un album foudroyant

Le Bal des Trépassés : autopsie d'un premier albumC'est officiel, le sublime Roméo a enfin planté sa vilaine dulcinée ! Et un beau gosse de plus (qui revient de loin, très loin !) sur le marché (on entend déjà des hordes de furies qui hurlent à la mort « oh ouiii, mon Roméo !!! ») ! Vous n'y croyiez plus ? Avec Roméo sans Juliette – album foudroyant s'il en est ! –, le Bal des Trépassés l'a fait ! Et pour tordre le cou aux mythes poussiéreux (le beau Roméo n'attend que vous !), rien de plus simple : embarquez dès aujourd'hui pour un aller-simple à bord du train de 06h31, il vous mènera tout droit dans le repaire secret des Trépassés, cette contrée lointaine d'où paraît-il, on ne revient jamais... Enfin, sauf deux ou trois pommés. Paraîtrait qu'un gus qui ne lâchait jamais sa lyre sous prétexte qu'il causait aux chauves-souris s'est fait éjecter illico-presto comme Assurancetourix, hop, chez les Grecs, enfin les Gaulois, bref. Qu'un gentil illuminé qui s'entravait sans cesse dans sa barbe (ou ses cheveux, les sources diffèrent sur ce point) bouffait tellement de pommes qu'on l'a expédié ad patres, et paf, direct dans les nuages. Mais Roméo, c'est différent, il était prêt à tout pour se faire la malle. Bon, il y a bien quelques mauvaises langues qui prétendent qu'une certaine Juliette en aurait eu ma claque de ses sérénades incessantes et l'aurait envoyé au diable, mais bon, on a quand même du mal à y croire... Non ?

A venir : Interview mortelle du Bal des trépassés.

Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Bonus : Regardez bien cette photo... effrayante !

Le Bal des Trépassés

Le Bal des Trépassés, ça (tré)passe ou ça casse (sa pipe)

Avis à la population parisienne : le 5 avril 2012 (soit très exactement 16 jours après l'équinoxe de printemps), la terre s'est ouverte à l'angle des chemins des chèvres et du bassin, à moins d'une encablure de la tombe de Morrison (dit Jimmy-la-Moribonde), en plein cœur du cimetière du Père-Lachaise. En exclusivité, le récit de notre envoyé spécial, Monsieur Hyde.

Le cimetière du Père-Lachaise

Cimetière du Père-Lachaise, Paris, 5 avril 2012

Dépêchés sur les lieux du crime la nuit tombée, nous ne pûmes que constater l'étendue des dégâts : des tombeaux sauvagement éventrés (des fleurs en plastique plein le caisson), une grand-mère inanimée (dans l'obscurité, on ne voyait guère que ses godillots salopés par une épaisse croûte de boue) et comble de l'horreur, des morceaux de hamster éparpillés partout.
Assis sur le couvercle vermoulu d'un cercueil rescapé de ce chaos apocalyptique, nous reprenions des forces aux vapeurs éthyliques lorsque mon compère avisa, non loin de là, une saleté d'Apollon. « Maudit Apollon ! », s'écria-t-il alors, vert de rage, en jetant au visage du bellâtre une bonne poignée de terre avant d'ajouter : « Retourne casser les oreilles de Léto ! On ne veut plus te voir ici ! Prends le train de 06h31, tiens, c'est un express ! Et puis en attendant le train, par pitié, accorde ta lyre ! ».
Tant bien que mal, je calmai mon compagnon d'infortune (je trouvais sur une sépulture relativement fraîche une belle plaque en marbre avec les habituelles lamentations que je pus lui briser sur le crâne). Et c'est en regagnant mon cercueil vermoulu que tout bascula (la terre, le ciel, le pigeon qu'un cinéphile myope avait pris pour un corbeau, la mousse des arbres...) : la boîte à os était ouverte... et vide. Je regardai à droite (un couple de vieux amants se bécotait en se refilant à tour de rôle les derniers sacrements), à gauche (sur un tertre, Roméo sans Juliette jouait aux osselets avec une petite fiole toute moche, peinard à l'abri d'un chêne), derrière moi (mon acolyte baignait toujours dans une marre de sang) : pas de dénouement shakespearien en vue. Je m'apprêtais à tourner les talons, dépité, quand une voix grinçante s'éleva d'un monticule pas plus haut qu'une carcasse de lapin : « Mourir… dormir, rien de plus... ». « Tiens, on dirait du Hamlet ! » s'exclama une autre voix, coupante et caverneuse. Interloqué, je fis plusieurs tours sur moi-même, étêtai quelques roses récalcitrantes, m'enroulai dans une belle écharpe de ronces, peine perdue : l'obscurité, à couper au couteau, était impénétrable.
Je me mis alors en devoir d'explorer le cimetière en long et en large et en profondeur, du giron d’Apollinaire (enfin, de ce qu'il en restait) aux jupons de Jane Avril, et c'est en farfouillant parmi les nièces et neveux de Balzac (alors mes chances de trouver un indice se réduisaient comme peau de chagin !), que je découvris, luisant au clair de lune, cet effrayant carton :

5 avril 2012 sur la péniche El-Alamein, le flyer du Bal des Trépassés
« Le Bal des Trépassés sur la péniche El-Alamein ! » : pipe au bec, pieds en avant, je fonçai sur les quais de Seine en quête de ce fier rejeton du Titanic, pensant trouver, pendus à quelque poteau rouillé, les vestiges d'une embarcation abandonnée. Quelle ne fut pas ma surprise quand j'aperçus devant la tuile couverte de bouquets mortuaires un attroupement de loqueteux hurlant à tout va : « On va prendre le grand bateau oh oh oh !!! ».
En faisant des coudes (les femmes et les enfants d'abord, et hop, on pique une tête !) et des mains (poings, ongles, etc.), je me faufilai non sans peine jusque dans la cale du rafiot. Un squelette goguenard m'accueillit en claquant des dents : « C'est l'entracte, prenez place ! ». Il restait une chaise au premier rang, entre la dépouille d'Amy et celle de Whitney. Je bousculai à nouveau quelques fâcheux (plic ploc) et attendis, le cœur battant, que le spectacle commence.
La lumière s'éteignit bientôt dans un craquement de mauvais augure. La péniche tangua alors dangereusement et on entendit un charognard se fendre la poire (alléché par tant de chair fraîche (ou pas)). Puis la musique éclata comme un coup de tonnerre. Dès les premières notes, je sus que c'était eux, la bande de macchabées de Ménilmontant que j'avais surpris en plein Sabbat acoustique dans un ossuaire désaffecté. Comment s'appelaient-ils déjà ?... Ah oui ! Le Bal des Trépassés ! D'horreur, je perdis ma première dent... de la soirée.

Le Bal des Trépassés, chronique d'un concert sur la Seine

Sur scène, la bave aux lèvres, ils étaient tous là : Peter, la corde au cou et la clarinette aux dents ; Latcho, le guitariste décharné ; Vincent, le chanteur désossé ; Benjamin, la monstrueuse charogne, au piano (et à l'accordéon) ; Delphine, la dépouille au violoncelle... Dans un roulement d'os, Fabrice la brute qui frappe à mort donna le coup d'envoi. Occupé à rendre tripes et boyaux dans un gigantesque sousaphone, Bob le golem crachota quelques malédictions. Et si Amy ne m'avait pas filé un coup de choucroute à ce moment-là, je crois bien que je serais mort de peur ! 
Le squelette rigolard me flanqua au même moment le livret de la soirée en pleine face (un splendide programme agrémenté d'eaux fortes), entraînant une courte lutte dans les règles : Whitney me sauta sur le paletot, Amy m'attrapa à la glotte, j'en pris une pour taper sur l'autre. Le spectacle s'interrompit, on nous sépara, il fallut recoller les morceaux, bref, un beau gâchis. Moi, j'avais encore perdu une dent, mais c'était pour la bonne cause : je repartirais avec le livret (en plus des deux reliques que je venais de chaparder ni vu ni connu). Le spectacle se poursuivit dans la joie et la mauvaise humeur. Les spectateurs étaient aux anges, quelque part au septième ciel. Amy et Whitney se crêpèrent le chignon pour une sombre histoire de came (ces femmes, alors, toujours à se repoudrer le nez !). L'alcool (comme la péniche, à minuit pile) coula à flots. Je fus le seul survivant, un coup de chance incroyable ! Trempé mais sain et sauf (même si je déplorai la perte d'une nouvelle dent, restée fichée dans la planche qui m'avait ramené à la rive), je rentrai chez moi au beau milieu de la nuit. Au comble de l'excitation, j'examinai mes trophées. Oh surprise ! On avait glissé un CD dans le livret ! Les mains tremblantes, je le glissai dans la platine et fermai les yeux... Et le Bal redémarra ! Au milieu de mon salon ! Horreur et damnation ! Je tournai de l’œil en serrant les mâchoires (et poc, une canine sur le lino).

Le Bal des Trépassés en concert sur la péniche El Alamein, le 6 avril 2012 :


Le Bal des Trépassés ouvre la danse macabre avec Roméo sans Juliette

Acte I - Y a pas mort d'homme !

« Ils écopent les verres juste pour oublier la froideur de l'hiver et leur vie de paumé. » (Les Vapeurs Éthyliques)

Dans la première chanson Roméo sans Juliette, l'amoureux éperdu se balade, confiant (« tous les ch'mins mènent à Roméo »), une « échelle sur le dos », à la recherche de sa Belle. Sauf que Juliette, loin des « balcons de Ménilmontant » et des « petits bistrots de Paris », reluque un large sourire aux lèvres le Maudit Apollon du square de la rue Champollion. Une « attraction lilliputienne » sur un « géant de pierre », c'est tout de même plus excitant qu'un « malade imaginaire » ! Il n'y a guère que « les vieux qui boivent l'apéro (sauf une troupe d'irréductibles grands-mères qui restent à rire comme des baleines dans le square de la rue Champollion) » au son du violoncelle et du piano, qui n'ont que faire de la malheureuse statue. De Juliette et de Roméo aussi. C'est que les vieux, « échoués dans les bars, noient leur foutu cafard dans le fond des ricards ». Balade sans concession, Les Vapeurs Éthyliques retourne les boyaux comme un bon Brel. Même les morts pleurent... Coup de cœur. Et Entracte.

Passage obligé pour entrer dans la 3ème dimension : une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan (en carton, ça suffit).
Pour entrer dans la 3ème dimension, une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan suffit (n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'agrandir).

Acte II - Y'a d'la joie !

« Si Charles Trenet vivait encore, il te chantonnerait « Y'a d'la joie ! ». Oui, mais voilà, comme il est mort... Bah, i' peut pas.... » (On dirait du Hamlet)

Avec On dirait du Hamlet, on quitte Brel pour Trenet, les « cadavres de bouteilles » pour les « ponts de Paris, où de jolies filles, l'âme en peine, viennent s'jeter à la Seine ». La clarinette s'emballe, le tuba martèle, le rythme s'accélère : « Y'a d'la joie », même chez les trépassés ! Et pour fêter ça, rien de tel qu'une petite exécution en série : un hamster, une grand-mère, quelques poulets. Jubilatoire, Hamster est un véritable bijou : merveilleusement ciselé, dégoulinant d'humour noir, ultra-entraînant, il vous dégomme tout ce qui se bouge dans une « éruption volcanique ». Impossible de résister, c'est un nouveau coup de cœur. Qui précède notre troisième coup de cœur (qui se ressemble s'assemble !), Cinéphile, une sombre histoire de films d'Art et d'Essai qui manquent cruellement de « litres de sang ». A mourir de rire (si vous n'avez pas déjà rendu l'âme (et le cœur) avec le gentil hamster), à danser au clair de lune sur la tombe d'un soldat inconnu, à se pâmer de bonheur entre deux TS, tout simplement génial !
Et pour ne pas vous rater cette fois-ci, écoutez donc en boucle la chanson suivante, Les Vieux Amants. « Pas le temps de sortir de l'enfance que quelques rides au coin des yeux viennent rappeler, par leur présence, qu'on est déjà un peu trop vieux, qu'l'amour n'a plus le goût d'avant quand on a peur des lendemains » : Brel revient à la charge, le violoncelle avec, la valse s'emballe, la mort approche, on en pleurerait presque. Entracte.

Le Bal des Trépassés en concert sur la péniche El Alamein, le 6 avril 2012

Acte III – Y'a plus rien, sauf après la mort

« C'était le Bal des Trépassés, les feux follets dansaient gaiement et toute une bande de macchabées jouait aux danseuses du french-cancan. »
(Le Bal des Trépassés)

Avec un humour dévastateur, le trépidant Dénouement Shakespearien saigne à blanc les ruptures amoureuses. « D'un revers mal calculé, voilà que je te décoche ce que l'on pourrait appeler une cinglante taloche... » : l'abus de caféine (comme l'abus d'amour !), ça peut faire mal, très mal ! Intermède musical balancé à la sauce tzigane (avec accordéon, clarinette, tuba, guitare sèche, batterie...), En attendant le train réveillerait une fosse commune. Et il faut bien ça pour ne pas clamser dans de longs sanglots en écoutant le morceau suivant, Le Train de 06h31 : et on ressort les mouchoirs ! Que l'on pourra agiter bien haut sur le titre suivant, Le Bal des trépassés : « je jouais de la trompette toute la nuit durant avec l'idée en tête de faire sauter les morts-vivants. ». Irrésistible et délirante, cette nouvelle pierre au premier album ravageur du Bal des Trépassés, Roméo sans Juliette, ne fait confirmer l'intuition que nous avions à l'écoute du morceau d'ouverture : le Bal des Trépassés déchire à mort !

Auteur : Cécile Duclos.

Le Bal des trépassés, Roméo sans Juliette, sortie digitale le 5 avril 2012

Retrouvez Le Bal des trépassés sur le web (en chair et en os, c'est au Père-Lachaise) : sur myspace et sur facebook.

Le Bal des trépassés sera en concert le 2 mars au Caminito Cabaret (48 rue du dessous des berges, 75013 Paris).

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Le premier album du Bal des trépassés :
Roméo sans Juliette (Téléchargement MP3), Le Bal des trépassés, Con comme la lune, 5 avril 2012.
Voir tous les produits (CD, mp3, collectors...) autour du Bal des trépassés



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