Moran, interview d'un grand mammifère québécois

Pigalle et ses cabarets, Pigalle et ses échoppes de musique, Pigalle et ses salles de concert, Pigalle et ses jolies maisonnettes plantées dans la capitale comme les ruines d'une civilisation disparue. Le soleil brille, la nature reprend doucement ses droits au sortir de l'hiver. De son incroyable voix, rocailleuse à souhait, Moran nous salue et nous présente ses deux musiciens : Thomas à la guitare et Sylvain à la batterie. La nuit semble avoir été longue pour ces trois Québécois qui dévorent la vie comme il se doit, avec délectation. Dans une ruelle fleurie cabossée de pavés, Moran nous parle, entre deux cigarettes, de son dernier album Mammifères, de truck et de tournée sans fin, de blues, de rock et de jazz, de richesse culturelle et de couleur musicale... Moran, interview d'un mammifère terrestre comme on les aime.

A lire : chronique du dernier album de Moran, Mammifères

A écouter : Moran en session acoustique

Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Le saviez-vous ? Moran, dans une autre vie, a été videur de boîte de nuit.

Moran, interview d'un mammifère pas si solitaire

« Quand j'ai rencontré Sylvain, il conduisait un truck de tournée (rires) ! »

Comment vous êtes-vous rencontrés tous les trois ?

Moran : Ça date ! Je n'étais pas encore musicien quand j'ai rencontré Sylvain... Ça doit bien faire 12 ans maintenant !... Il conduisait un truck de tournée (rires) !

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Et il y avait une vieille guitare qui traînait ?

Moran : Non, ma première guitare, je l'ai eue pour mes 30 ans. J'ai appris à en jouer, et j'ai rappelé Sylvain pour que l'on travaille ensemble.

Êtes-vous devenu un groupe, avec le temps ?

Moran : De plus en plus, oui.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de changer de vie, de faire de la musique ?

Moran : J'en ai probablement toujours eu envie, mais je n'ai pas grandi dans un contexte très favorable, musicalement parlant. Ça m'a donc pris beaucoup de temps avant de réaliser que oui, c'était possible. C'était tellement abstrait pour moi ! J'aimais beaucoup la musique, mais je n'arrivais pas à chanter. Et un jour, ça s'est débloqué ; j'ai décidé de me lancer. Puis j'ai rencontré Thomas sur un festival où il accompagnait quelque d'autre. Je trouvais qu'il perdait son temps (rires), alors je lui ai dit : « Viens travailler avec moi ! ».
Thomas : Oui, et nous avions des amis en commun. Nous avons joué ensemble à une émission télé, et là, nous nous sommes dit que ce serait une bonne idée de continuer.
Moran : Et ce qui est bien, c'est que nous sommes tous issus de milieux différents. Sylvain vient du blues et du rock ; Thomas vient du jazz ; et moi, à la base, j'écris. Nous avons chacun un style particulier, et à nous trois, nous avons trouvé un son bien à nous. Du coup, c'est vrai que je vis de plus en plus notre aventure comme un groupe. Elle repose sur trois univers, sur des cultures musicales différentes, et c'est très intéressant !

Moran, interview d'un mammifère poète

« Je prends toujours soin de laisser le champ libre à ceux qui écoutent, pour qu'ils puissent comprendre ce qu'ils désirent, au fond, et moi le premier ! »

Comment décririez-vous l'univers musical de votre dernier album Mammifères ?

Moran : Nous avons créé cet album tous les trois ensemble, Sylvain, Thomas et moi. En studio, nous avons joué les chansons en intégrant toutes les idées que nous avions au moment de l'enregistrement. On peut donc voir Mammifères comme une photo, en quelque sorte, de ce que l'on vivait à ce moment-là, et de la façon dont on vivait les choses – on essayait de ne pas trop se poser de questions ! –. Le résultat, c'est un album d'ambiance ; avec ma couleur, évidemment, par mes chansons, mais aussi avec cette autre couleur, que l'on peaufine avec le temps, et que l'on obtient en travaillant ensemble, tout en préservant l'espace de chacun.

Une tournée est-elle prévue après l'album Mammifères ?

Moran : Oui, nous sommes ici jusqu'à début avril, et nous avons des dates un peu partout. Mais l'album Mammifères est sorti en 2010 au Québec – avec la distribution, etc., la sortie en France a demandé pas mal de temps ! –, alors en ce moment, nous refaisons un peu la tournée que nous avons déjà faite au Québec... Là-bas, nous sommes prêts à sortir notre troisième album, qui est prévu en septembre. Mais cette fois-ci, nous le sortirons rapidement en France, a priori en début d'année. Nous reviendrons donc à l'automne ! Surveillez notre site Internet, il y aura une belle tournée fin septembre, début octobre.

Du coup, vous avez préparé le prochain album pendant votre tournée au Québec ?

Moran : Oui, nous nous réunissons chaque semaine pour travailler, composer, répéter. Au bout d'un an, nous nous sommes aperçu que nous avions le matériel nécessaire pour faire un nouveau disque.

Quelles ont été vos sources d'inspiration dans l'écriture des textes de l'album Mammifères ?

Moran : En général mes chansons sont composées de tranches de vie, de portraits, de réflexions sur notre existence. Dans Proverbes, par exemple, il s'agit de questions fondamentales. Mais vous savez, le plus souvent, ces sources d'inspiration restent obscures, je n'en prends conscience que bien plus tard, et elles peuvent changer au fil des spectacles. C'est dans ma façon d'écrire, aussi. Je prends toujours soin de laisser le champ libre à ceux qui écoutent, pour qu'ils puissent comprendre ce qu'ils désirent, au fond, et moi le premier ! J'aime qu'il y ait plusieurs angles d'approche, plusieurs façons d'appréhender les choses, pour le public comme pour moi.

Interview réalisée le 27 mars 2012 par Cécile Duclos

Moran, Mammifères, mars 2012

Retrouvez Moran sur le web : sur son site officiel, sur myspace et sur facebook.

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Le dernier album de Moran : Mammifères, Moran, Ad Litteram / Quart de Lune, mars 2012. Voir tous les produits (CD, mp3, collectors...) autour de Moran

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