jeudi 8 novembre 2012

Interview de Boy, un groupe de filles comme on les aime

Interview de BOY, (c) Benedikt SchnermannC'est dans l'une des très belles salles de l'hôtel Murano que nous retrouvons à Paris les deux jolies jeunes filles du groupe Boy : la Suissesse Valeska Steiner (au chant) et l'Allemande Sonja Glass (à la basse). Rayonnantes, d'une rare complicité, elles nous parlent de la sortie de leur premier album Mutual Friends, de chambre d'enfant, de pâtes et de cuisine maison, d'amitié, de Zurich, d'Hambourg et de Berlin, de rencontre, d'attente d'un nouveau départ et de déménagement, de violoncelle, de flûte et du Lac des cygnes, de Bill Withers et de Suzanne Vega, de L'histoire sans fin et... de voyages. Interview de Boy, un groupe de filles comme on les aime !

A voir : Boy en concert à la Maroquinerie

Pour ouvrir la boîte de Pandore, c'est ici...
Bonus : En images, le clip façon road movie de la chanson Drive Darling extraite du premier album de Boy, Mutual Friends :


Interview de Boy : Mutual Friends, l'album de l'amitié

Quels souvenirs gardez-vous de la période de création de votre premier album Mutual Friends ?
Valeska : Il y a eu plusieurs phases. La première, c'est celle où nous étions à la maison, à Hambourg, à écrire toutes les deux séparément. C'est notre façon à nous de travailler : Sonja commence par composer la partie instrumentale, puis je l'écoute à la maison et j'écris les paroles. Ensuite, nous échangeons par mail, il y a plusieurs allers-retours. D'autres souvenirs sont liés à Berlin, où nous avons enregistré avec notre producteur. C'est dans sa chambre d'enfant – nous étions dans la maison, très ancienne et un peu à l'extérieur de Berlin, de ses parents –, que nous avons fait les arrangements et terminé l'album. La pièce était toute petite – une douzaine de mètres carrés environ – et nous y avons passé des heures, des jours, des semaines ! Parfois, nous y avons même dormi, c'était vraiment une période très intense ! Et les seules fois où nous sortions, c'était pour nous promener un peu, aller manger des pâtes quelque part [rires] ! Parfois aussi, ses parents cuisinaient pour nous [rires] !
Sonja : Je partage les mêmes souvenirs, évidemment [rires] !

Passage obligé pour entrer dans la 3ème dimension : une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan (en carton, ça suffit).
Pour entrer dans la 3ème dimension, une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan suffit (n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'agrandir).

Parlez-nous du titre de l'album Mutual Friends.
Sonja : Il s'appelle Mutual Friends parce que de nombreux amis ont participé à cet album. Ils ont cuisiné pour nous [rires], ils ont pris des photos, d'autres ont joué de la batterie, de la guitare, et nous avons pu enregistrer des passages avec eux.
Valeska : Nous nous sommes également fait de nouveaux amis pendant l'enregistrement, des gens que nous n'avions jamais vus auparavant mais dont nous avons aimé la façon de jouer, et que nous avons appris à connaître.
Sonja : Oui, et puis les chansons sont des amies pour nous, en quelque sorte... C'est comme ça que nous vivons les choses [rires] !

Quelles sont les influences musicales de votre album Mutual Friends ?
Valeska : C'est difficile à dire, nous n'avons pas écrit nos chansons en pensant « nous voulons qu'elles sonnent comme ci ou comme ça ». Nous sommes toutes les deux arrivées avec nos propres bagages musicaux, toute cette musique que nous avions écoutée depuis notre enfance. Il y a donc beaucoup d'influences, très diverses. Les livres que nous avons lus, les films que nous avons vus, n'importe quelle forme d'art, tout ce qui a pu nous toucher.

Pouvez-vous nous parler du premier single Little Numbers qui vous a propulsées sur le web (plus de 6 millions de vues à ce jour sur youTube pour le clip de la chanson) ?
Valeska : Little Numbers est la dernière chanson que nous avons écrite pour l'album. Nous pensions que le disque était terminé, j'étais à Zurich, Sonja à Hambourg, et un jour, elle m'a envoyé une trame instrumentale en me disant : « regarde, j'ai écrit ça ! Peut-être auras-tu d'autres idées... ». J'ai immédiatement écrit les paroles – ce qui normalement me demande beaucoup plus de temps [rires], quelques jours, parfois plusieurs semaines – et à peine une heure plus tard, je les lui envoyais ! Je pense que là, pour toutes les deux, ça a été : « oui, c'est ça ! ». Mais il faut savoir qu'au départ, Little Numbers était une chanson plutôt mélancolique, avec une musique plus mélo. C'est quand nous l'avons amenée à notre producteur pour l'enregistrer qu'il a eu cette idée...
Sonja : …et il a tout de suite aimé la chanson, je m'en souviens !
Valeska : oui [rires] ! Un jour où nous n'étions pas là, il a travaillé sur le morceau, et lorsque nous sommes rentrées, il nous a dit : « bon, j'ai fait un essai, quelque chose avec le piano, mais je ne sais pas du tout si vous allez aimer...». Il nous a fait écouter et nous avons adoré ! Tous les trois, nous avons donc apporté quelque chose de fondamental à cette chanson.

En images, le clip de la chanson Little Numbers extraite du premier album de Boy, Mutual Friends :


Votre second single s'appelle Waitress ; pouvez-vous nous raconter son histoire ?
Sonja : Waitress peut être vue comme une histoire vraie. A l'époque, Valeska travaillait dans un café ; ce titre parle d'une situation d'observation et d'attente, l'attente d'un nouveau départ.
Valeska : Et contrairement à Little Numbers, Waitress a été la chanson la plus difficile à écrire [rires] ! Il y a bien eu 20 versions différentes ! Nous n'avions jamais le sentiment qu'elle était terminée alors nous la redécoupions en morceaux pour la reconstruire autrement. Nous étions presque certaines qu'elle ne serait jamais prête pour l'album mais finalement, nous y sommes arrivées et maintenant, nous adorons ce titre [rires]!

En images, le clip de la chanson Waitress extraite du premier album de Boy, Mutual Friends :


Interview de Boy, de la musique à la joie de vivre

Quel a été le déclencheur, pour vous lancer dans une carrière musicale ?
Valeska : J'ai toujours beaucoup aimé écouter de la musique. Toute petite, j'écoutais et je réécoutais morceau sur morceau, assise à côté du lecteur ! Puis j'ai commencé à jouer du piano – j'ai pris des leçons pendant très longtemps, mais je devrais pratiquer un peu plus [rires] ! – et c'est à 12 ans, lors d'une fête, en pleine rue, que j'ai eu ce « déclic »... Un groupe jouait – les musiciens n'étaient pas tellement plus âgés que moi, ils devaient avoir 15 ans environ – et lorsque j'ai vu le chanteur, je me suis dit « wouaou, ça a l'air tellement génial de faire ça ! De jouer avec un groupe, de faire quelque chose ensemble ! ». C'est vraiment à ce moment-là que j'ai su ce que je voulais faire.

Valeska, Boy, Maroquinerie, 27-09-12, (C) La Toile de Pandore

Et pour vous, Sonja, quel a été le déclencheur ?
Sonja : Pour moi, c'était assez clair dès mon plus jeune âge ! Avant de faire de la basse – je m'y suis mise assez tardivement, vers 18 ans, pour jouer dans des groupes –, j'ai joué du violoncelle pendant plusieurs années – j'ai dû commencer à 12 ans environ –, et c'est lors d'un concert de violoncelle que je me suis dit : « c'est ça que je veux faire ! » [rires]. Voilà, très vite, ça a donc été une évidence pour moi : je voulais faire quelque chose dans le domaine de la musique. Aujourd'hui, je ne joue plus de musique classique mais je joue toujours de la musique [rires] !

Et vous jouez toujours du violoncelle ?
Sonja : Oui, parfois ! Comme je peux [rires], mais je joue !

Sonja, Boy, Maroquinerie, 27-09-12, (C) La Toile de Pandore

Jouez-vous d'autres instruments de musique ?
Sonja : Hormis la basse, qui reste mon instrument principal, et le violoncelle, je joue de la guitare, un peu de piano, et... je touche un peu à tout, aussi [rires] !
Valeska : Je fais de la guitare quand nous jouons à deux ou en groupe – même si je ne me vois pas comme une guitariste – et je joue de la flûte [rires], des percussions, du mélodica, du clavier... Quand nous sommes toutes les deux, nous essayons de changer d'instruments assez souvent pour que notre musique soit plus percutante.

Et vous ne jouez pas de batterie, ni l'une ni l'autre ?
Sonja : Non, c'est le seul instrument dont nous ne jouons pas vraiment ! Mais j'adorerais faire de la batterie, c'est tellement important dans un groupe !
Valeska : Peut-être apprendrons-nous à en jouer pour le prochain album [rires] ?
Sonja : Oui [rires], même si cela demande beaucoup de temps pour maîtriser un instrument...

Votre musique semble parfois joyeuse, parfois mélancolique ; est-ce un moyen, pour vous, d'exprimer différentes émotions ?
Sonja : Nous tentons d'écrire des chansons assez légères, nous essayons toujours de voir les choses d'un point de vue positif et de faire en sorte que notre musique reflète cet état d'esprit. Même si nous sommes parfois tristes, parfois heureuses, bien sûr [rires] !
Valeska : Oui, c'est important pour nous de véhiculer différentes formes d'émotions, de sensations, aussi bien dans la musique que dans les paroles.

BOY,(c) Benedikt Schnermann

Quels sont vos derniers coups de foudre musicaux ?
Valeska : L'un de nos plus gros coups de foudre musicaux – je n'en avais pas eu depuis un petit bout de temps ! –, c'est Bon Iver. Il y a 4 ans environ, un producteur nous a parlé de cet artiste et toutes les deux, nous avons tout de suite adoré ! Cet été, nous l'avons vu en live pour la première fois, et c'était super ! C'est un musicien formidable.
Sonja : Mon dernier coup de foudre en date ? Benjamin Francis Leftwich !
Valeska : Ah, et il y a aussi ce très bon groupe australien, Husky ! Comme on nous avait suggéré qu'ils viennent en tournée avec nous en Allemagne, au printemps, nous avions leur CD ; mais nous n'avions jamais le temps de l'écouter. Et puis un jour, on s'est dit : « Ok, maintenant, nous devons vraiment savoir si nous voulons tourner avec eux ». Alors on a écouté leur album et là, on n'en a pas cru nos oreilles : « Wouaou, pourquoi est-ce que l'on ne l'a pas écouté plus tôt ? ». C'est vraiment un groupe génial !

Vos premiers émois musicaux ?
Sonja : Bill Withers est, je pense, l'un de mes premiers émois musicaux. Led Zeppelin aussi, les Doors et Cat Stevens, que ma mère écoutait souvent [rires] ! Et beaucoup de musique classique, aussi.
Valeska : Le Lac des cygnes de Tchaïkovski ! Mon père écoutait beaucoup de musique classique à la maison, et c'est la première composition que j'ai aimée – et que j'adore toujours ! –. Seule, j'ai ensuite découvert Suzanne Vega et Sinéad O'Connor. Je devais avoir 15 ans environ quand un ami m'a offert leurs albums, et ça a été comme une révélation ! Je n'avais jamais entendu ce genre de musique auparavant.

Interview de Boy, sur la route du succès

Votre groupe s'appelle « Boy », pourquoi ?
Valeska : De toute évidence, on ne peut pas dire que ce nom ait un rapport direct avec nous ! Il faut avouer que nous avons mis pas mal de temps pour trouver un nom. Au début, nous cherchions un mot, une expression qui ait un lien avec nous, qui nous décrive d'une certaine façon, mais nous n'avons rien trouvé de satisfaisant. Nous avons donc opté pour le parfait opposé de ce que nous étions ! Nous aimions le mot « Boy » – il sonne bien – et les gens s'en souviennent facilement parce qu'ils ne s'attendent pas à un nom pareil pour un groupe composé de deux filles [rires] !

Interview de Boy, un groupe de filles comme on les aime

Valeska, vous venez de Zurich en Suisse ; Sonja, d'Hambourg en Allemagne. Pouvez-vous nous parler de votre rencontre ?
Valeska : Elle a eu lieu à Hambourg lors d'un atelier musical de 6 semaines, plutôt axé sur la rencontre entre musiciens que sur un apprentissage théorique, atelier auquel nous étions toutes les deux inscrites. Nous avons fait connaissance le deuxième jour et immédiatement, nous nous sommes bien entendues, tant sur un plan personnel que musical. Nous avons tout de suite eu le sentiment que quelque chose pouvait marcher entre nous si nous faisions de la musique ensemble... Et cela fait déjà 7 ans et demi ! [rires]
Sonja : Oh wouaou [rires] !
Valeska : Et deux ans et demi plus tard, je déménageais à Hambourg. Nous avons alors commencé à écrire nos propres chansons. Cela nous a donc pris un petit moment pour devenir Boy [rires]!

Et vous avez emménagé à Hambourg pour le groupe ?
Valeska : Oui, en partie ; je me suis installée à Hambourg pour diverses raisons. Comme je connaissais déjà Sonja, j'avais en effet le sentiment que si j'emménageais là-bas, il se passerait forcément quelque chose avec la musique. Et puis j'adore cette ville !

Vous avez choisi de monter un groupe à deux, ce qui est plutôt rare ; pourquoi n'avoir pas intégré d'autres musiciens à votre formation ?
Sonja : Au début, nous pensions que nous aurions besoin d'autres musiciens, pour jouer et pour composer. Puis nous nous sommes rendu compte que cela fonctionnait très bien toutes les deux. Le processus d'écriture est tellement limpide ! Valeska écrit les paroles et les mélodies, je compose la musique, on s'entend toujours bien. Quand il y a plus de gens, il y a aussi plus d'opinions... Il faut alors tout discuter [rires]...
Valeska : Oui, plus on est nombreux, plus les avis divergent ; il faut faire des compromis pour que tout le monde soit d'accord, et aime les chansons – ce qui est essentiel ! – . Ce que nous écrivons ensemble nous convient parfaitement, à chacune. Après, même si nous pouvons jouer en duo, quatre musiciens nous accompagnent en ce moment en live et nous sommes très heureuses de jouer avec eux, parce que notre musique, à la base, est écrite pour plusieurs instruments.

Passage obligé pour entrer dans la 3ème dimension : une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan (en carton, ça suffit).
Pour entrer dans la 3ème dimension, une paire de lunettes anaglyphes rouge / cyan suffit (n'hésitez pas à cliquer sur l'image pour l'agrandir).

Une petite question littérature à présent : si vous ne pouviez amener qu'un seul livre sur une île déserte, lequel choisiriez-vous ?
Sonja : Un seul livre ? Celui que je suis en train de lire, pour pouvoir le terminer [rires] ? Ou alors... L'histoire sans fin de Michael Ende.
Valeska : J'adore lire, c'est extrêmement difficile de ne choisir qu'un livre !... Récemment, j'ai lu Anna Karénine et j'ai adoré !

Quels sont vos projets ?
Sonja : Par dessus tout, nous aimerions faire un deuxième album ! Et puis jouer, beaucoup...
Valeska : ...dans plein d'endroits différents !
Sonja : Oui, voyager énormément !

Interview réalisée le 26 septembre 2012 par Cécile Duclos

Boy, Mutual Friends, 1er octobre 2012
Crédit photos (hors concert) : Benedikt Schnermann

Retrouvez Boy sur le web : sur wikipedia, sur leur site officiel, sur myspace, sur facebook et sur twitter.

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Le premier album de Boy :
Mutual Friends, Boy, Az, octobre 2012.
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